L'éducation "inclusive" pour résoudre la contradiction entre la performance et l'équité (Québec)
Paru dans Scolaire le vendredi 19 novembre 2010.
"Le rehaussement de la scolarisation de la population est un défi incontournable dans une société ouverte sur le monde qui mise sur le savoir, la créativité et l’innovation." Ce constat du Conseil supérieur de l'éducation québécois pourrait s'appliquer à bien d'autres pays, y compris la France. Voici des éléments du raisonnement qu'il fait sur les rapports entre éducation et société (téléchargeable sur son site).
La mondialisation et les évolutions actuelles exigent que "chaque élève et chaque étudiant [puisse] bénéficier d’une formation qualifiante qui lui permettra d’assumer ses divers rôles dans la société et de s’intégrer au marché du travail (...) Le système éducatif est appelé à répondre à une demande accrue de formation et de perfectionnement des jeunes et des adultes (...)"
Le CSE pointe la prégnance des thèses libérales, par le biais desquelles "le 'new public management' pénètre le monde scolaire" avec ses leitmotive, "l’efficacité, l’efficience, l’obligation de résultat et le contrôle à partir d’indicateurs quantitatifs, le libre choix de l’école, la concurrence entre les établissements, les projets particuliers, l’approche client, etc.". Mais il ajoute que cela "entre en tension avec les préoccupations d’égalité des chances et de réussite éducative pour tous". Le CSE pointe en particulier la difficulté, à l'école primaire comme dans le second degré, "de prendre en compte la diversité des rythmes et des besoins d’apprentissage des élèves."
Il met donc en avant un concept, "l'éducation inclusive", qu'il décrit "comme un processus continu susceptible de permettre de concilier à la fois des exigences maintes fois réitérées, soit celle de l’équité entre les personnes, de leur bien-être et de leur capacité à vivre pleinement leur rôle de citoyen et celle de performance et d’excellence qui font que la société québécoise puisse maintenir sa position sur l’échiquier mondial."
Cette éducation inclusive dépasse de beaucoup la question de l’intégration des élèves handicapés, puisque "un système d’éducation inclusif :
• sait s’adapter à l’ensemble des besoins des élèves et des étudiants ;
• tire profit de la diversité culturelle, sociale et individuelle et la conçoit comme une richesse (culture inclusive) ;
• offre un accès équitable à tous à l’éducation, y compris à la formation tout au long de la vie;
• s’intéresse au développement d’une société plus juste."
Il cite d'ailleurs l’OCDE : "Éducation et valeurs sont intrinsèquement liées: l’école est en effet l’un des lieux où s’effectue l’apprentissage des valeurs sociales. Toute évolution des valeurs au sein de la société au sens large a donc un impact majeur, bien que diffus, sur les activités et la mission des écoles (...)"
Le rapport est téléchargeable sur le site du gouvernement du Québec, qui se montre soucieux de faire "un pas de plus pour que [la province] puisse continuer à figurer parmi les sociétés les plus avancées sur le plan de la performance de son système d’éducation".