Pourquoi le niveau baisse-t-il?
Paru dans Scolaire, Orientation le dimanche 15 février 2009.
Le Café pédagogique (voir Le niveau baissedu 28 janvier) avait révélé une étude du service statistique du ministère indiquant une baisse du niveau des élèves de CM2, étude que le ministère avait fini par rendre publique, et qui a fait couler moins d'encre qu'on aurait pu le penser. Peut-être les habituels contempteurs de l'école moderne ont-ils pris en considération un biais que les auteurs signalent mais sur lequel ils ne s'attardent pas: "Le taux d’élèves en retard [ayant redoublé au moins une fois] en fin de CM2 a fortement diminué de 1987 à 1997 : il est passé de 33% à 19%; il s’est ensuite stabilisé autour de 16 % en 2007." Les élèves qui n'ont pas redoublé auraient-ils des lacunes que leurs aînés comblaient en redoublant? Cette explication irait à l'encontre du dogme de l'inefficacité du redoublement. En tout état de cause, cette étude ne porte pas sur des élèves d'un même âge mais d'une même classe.
Le Café pédagogique publie l'analyse de Denis Meuret (Université de Bourgogne - CNRS) qui propose trois hypothèses. "Une partie des meilleurs élèves du public serait passée dans le privé", mais nous manquons de moyens pour comparer enseignement public et privé. Deuxième hypothèse, qui a manifestement la préférence du chercheur, "les formes traditionnelles de régulation de l’enseignement, comme l’inspection des enseignants, se sont affaiblies (...) d’où une plus grande latitude laissée aux enseignants de poursuivre d’autres objectifs que ceux que mesurent les évaluations dans les disciplines fondamentales". Enfin l'incohérence des politiques menées depuis 2002: "un gouvernement moderniste de l’école, qui datait de l’après guerre, a été remplacé par un improbable mélange d’appels nostalgiques à l’autorité et au respect des professeurs (...) et de politiques, plus souvent formulées que véritablement implantées, qui vont au contraire dans le sens d’une plus grande responsabilité des enseignants et des établissements."