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Classes Passerelles: de nombreuses initiatives

Paru dans Petite enfance, Scolaire le mardi 21 décembre 2010.

Alors que la scolarisation des 2 ans est aujourd'hui remise en cause, c'est, paradoxalement, dans la Loi d'orientation sur l'Éducation du 10 juillet 1989 qui affirme l'importante de la scolarisation précoce, que les classes passerelles trouvent leur origine. C'est le protocole d'accord du 20 septembre 1990, signé entre les ministères chargés de l'Éducation nationale et de la Famille en 1990, qui en constitue le texte fondateur. Il avait pour principal objectif de faciliter la socialisation et la scolarisation des enfants âgés de 2 à 3 ans.

Aujourd'hui, ces "classes passerelles" destinées à préparer le passage de la famille ou du lieu de garde vers l'école maternelle, n'ont pas disparu. ToutEduc lance l'enquête et donne quelques exemples de communes qui ont maintenu, ou mis en place de tels dispositifs ou expériences similaires. Expériences tout aussi intéressantes car, comme le soulignait déjà en 2000 un rapport d'évaluation de l'IGEN et de l'IGAS, le concept de "classe passerelle" est "réducteur", au vu des "nombreuses expériences ayant approximativement les mêmes vocations" qui coexistent sur le territoire. Cela va en effet de visites découvertes et immersions ponctuelles en fin d'année, à une immersion travaillée sur un semestre, voire durant l'année scolaire qui précède la première scolarisation.

Si vous connaissez d'autres lieux où de semblables initiatives sont prises, vous pouvez intervenir sur ce site ou en mettant un mail à la rédaction de ToutEduc qui a déjà "fait un "zoom" sur le travail mené à Limoges: des classes passerelles ouvertes à l'année depuis la rentrée, notamment pour des enfants dont la langue d'origine n'est pas le français. En voici d'autres, décrits moins précisément.

BELFORT. Dans deux quartiers "prioritaires", à partir du mois de mars, les enfants qui doivent faire le rentrée à l'automne suivant, qu'ils soient accueillis en crèche ou non, sont invités à venir avec leur parents une fois par semaine dans l'une des 5 écoles concernées. Ils sont accompagnés par une EJE (éducatrice de jeunes enfants) et reçus par l'enseignante et l'ATSEM (agent territorial spécialisé). A noter que l'une des écoles ne reçoit que des enfants de 2 ans, dans 2 classes de 20 élèves. Le dispositif fonctionne depuis une dizaine d'années, il nécessite peu de moyens et il est "rentré dans les moeurs", selon les services de la Ville qui souhaiteraient toutefois qu'une évaluation "un peu objective" de ses effets soit réalisée.

TOURS. Le dispositif intéresse un quartier fragilisé où il a été monté avec l'enseignante, l'ATSEM et une EJE. Celle-ci anime dans la classe, à des moments bien choisis,  des ateliers où sont invités, avec leurs parents, des enfants qui ne bénéficient d'aucun mode de garde. Spécialisée en musique, cette éducatrice utilise le chant comme outil de médiation, et de valorisation des familles. Par ailleurs, la ville organise dans les écoles maternelles des ateliers de sensibilisation qui permettent aux tout petits de faire connaissance avec les lieux où ils seront scolarisés à la rentrée suivante.

SENS. Dans un "quartier ZEP", les enfants de la halte-garderie sont accueillis 1/2 journée par semaine pendant les deux mois qui précèdent leur intégration à l'école, en mai-juin, ou en novembre-décembre. Ils s'y rendent avec leurs parents et un personnel de la halte-garderie. La démarche ne peut pas être généralisée, elle suppose en effet un plein accord des enseignants concernés.

GRIGNY. Le dispositif fonctionne depuis février 2002 dans le quartier de Grigny 2 Les Sablons, classé ZEP, pour des enfants dépendant des 5 écoles maternelles du quartier, de 2 à 2 ans et demi et qui n'ont pas fréquenté d'accueil collectif. Structure petite enfance et école maternelle partenaire partagent le même bâtiment, ce qui permet à une enseignante de rejoindre tous les matins les 15 enfants de la passerelle à l'étage, présents pour la durée d'un semestre tous les matins, de septembre à février, puis de février à juin. Une EJE et un agent d'animation complètent l'encadrement. Pour ceux qui intègrent la passerelle en septembre, il est prévu de partager leur temps pour moitié à l'école en janvier: des visites d'intégration sont suivies des matinées en classe avec les parents et l'EJE au départ. Les enfants du 2e semestre effectuent des visites de découverte plutôt que d'intégration, "car ils ne vont pas retrouver la même classe et la même enseignante en septembre", remarque Elvi Boulo, la directrice de la passerelle. Quand ils sont en accueil petite enfance, on cale les enfants sur les mêmes rythmes de l'école "pour que les enfants puissent s'y repérer": activités suivies d'une collation, sortie extérieure au même moment qu'une récréation, ateliers... Les parents sont présents durant la période d'adaptation puis partagent deux fois par semaine des activités avec les enfants, et participent à des échanges sur la parentalité, animés par des personnels de la PMI et une psychologue. La première réunion porte toujours sur la première séparation et la dernière sur la première scolarisation. On constate que "les retours des enseignants sont très positifs" et que "les parents trouvent de leur côté plus facile de parler avec les enseignants, voire de participer, puisque certains sont même devenus délégués de parents d'élèves." Autre marque de satisfaction, sur les 14 familles représentées actuellement, 4 sont des "anciennes" du dispositif et reviennent pour leur 2e, voire leur 3e enfant.

SOTTEVILLE-LES-ROUEN. Le projet a démarré en janvier 2008, dans le cadre du PRE parce que "dans les deux groupes scolaires qui fonctionnent en ZEP et en ZUP, les difficultés d'adaptation des tout petits étaient significatives", rapporte l'élu en charge de la Petite Enfance, Christian Nodet. Deux groupes de 8 enfants intègrent la passerelle pour un an, à raison de deux matinées par semaine auxquelles s'ajoute un accueil des parents une fois par semaine. Des entrées et sorties peuvent se faire dans l'année, en septembre et en janvier. L'Éducation nationale peut orienter des enfants scolarisés au cours du mois de septembre, "quand l'adaptation est jugée difficile", explique Karine Leblond, responsable de la Caisse des écoles et rattachée au PRE. Le dispositif a accueilli l'an passé 22 enfants: 8 enfants y sont restés toute l'année et 6 n'ont fréquenté la structure que 2 à 3 mois. Ici, la priorité n'est pas donnée à ceux qui n'ont jamais fréquenté de structure multi-accueil mais à des enfants, orientés pour la plupart par la PMI, pour lesquels "on pressent une arrivée à l'école difficile: difficultés de séparation avec les parents, de socialisation, de relation à l'autre difficile, etc." Des activités doivent préparer les enfants à la socialisation, à l'autonomie, au respect des règles en collectivité mais aussi au nouveau rythme de l'école (une pause extérieure correspond par exemple à celle de la récréation) même si ce sont celles d'un accueil petite enfance. Ils sont ensuite immergés progressivement dans une classe de leur future école (dans l'une des 6 écoles partenaires sur les 7 que compte la commune), au début accompagnés par l'EJE (en moyenne 4 fois) puis seuls une fois que l'enfant "est bien dans le groupe-classe". La proximité de la passerelle avec un groupe scolaire permet aussi d'avoir des "moments partagés" en salle de motricité, en récréation, lors de spectacles, à l'occasion de fêtes. Les parents participent notamment à des échanges collectifs qui concernent le fonctionnement de l'école et l'éducation (autorité, place de l'enfant dans la fratrie, nutrition, etc.) Le dispositif est financé comme des actions du PRE, donc à hauteur de 40% par l'État. 3 agents à temps plein ont été recrutés: une EJE, une assistante socio-éducative chargée de la partie soutien à la fonction parentale et un agent petite enfance. Le Conseil général finance 40% du salaire de l'éducatrice et met à disposition les lieux passerelles. Le bilan est jugé "globalement positif" au vu des questionnaires remplis par les enseignants et les parents. 85% s'intègrent bien à la classe, tous suivent bien le rythme et participent bien aux ateliers, ils fréquentent régulièrement l'école pour 85% d'entre eux. La passerelle "facilite aussi le lien avec les parents". Ces derniers sont tous satisfaits de l'adaptation de leurs enfants au rythme de l'école et des relations qu'il développe avec les autres. En revanche, 40% n'ont pas surmonté la difficulté de séparation. Si Christian Nodet est critique quant au "désengagement de l'État annoncé pour les 2-4 ans" et déclare que normalement la Ville n'a pas vocation à compenser ce désengagement, il estime nécessaire de "poursuivre l'effort car plus on retarde l'entrée dans le cycle scolaire, plus on risque d'accroître ces difficultés d'adaptation."

DIJON. Depuis 2007, une classe passerelle accueille à l'année 18 enfants de 2 ans, pour majorité n'ayant jamais fréquenté d'accueil collectif, au sein de l'école Buffon du quartier de la Fontaine d'Ouche, non classé ZEP "mais dont les problématiques y ressemblent fortement", explique la responsable du service de la Vie scolaire à la Direction de l'éducation, Chantal Fricot. La plupart des enfants peuvent intégrer leur école de secteur après les vacances d'Hiver. La classe s'appuie sur un fonctionnement bipartite, la Ville mettant à disposition, à temps plein, une EJE et une ATSEM, l'Éducation nationale une enseignante sur un demi-poste. Les enfants sont accueillis tous les matins par les trois personnels, d'abord en accueil échelonné individuel, "ce qui la différencie d'une classe ordinaire, pour donner du sens à la relation entre l'équipe pédagogique et les parents", et y suivent des activités similaires à celles de l'école (motricité, jeux, comptines, collation...). L'après-midi est consacré, par les personnels municipaux, à "prendre en charge individuellement des enfants en plus grande difficulté de socialisation ou autour du langage mais aussi à faire du lien avec les parents". Ces derniers sont fortement impliqués dans les activités. Dans l'évaluation réalisée par l'IREDU deux ans après le lancement de la passerelle, "très positive à tous points de vue", les parents affirmaient d'ailleurs que "le dispositif leur avait permis d'aborder l'école sans appréhension et que les activités avaient amélioré leur rapport à l'école considérée parfois comme étrangère, voire hostile", indique encore Chantal Fricot. La Ville assume les salaires de l'EJE et de l'ATSEM (respectivement 37 000 et 29 000 euros), dont la prise en charge a été refusée dans le cadre du PRE. La classe a bénéficié les deux premières années de subventions de la DDASS, respectivement 3000 et 1500 euros, ainsi que 763 euros que la Ville accorde à chaque ouverture de classe. Comme pour les autres classes dijonnaises, elle bénéficie chaque année d'un crédit élèves de 37 euros par tête.

GONESSE. Depuis 2003, les enfants inscrits en multi-accueil collectif sont accueillis dans 8 des 11 écoles de la commune, lors de "journées découvertes" organisées durant une semaine en mai, par une enseignante, une ATSEM et une animatrice des services Enfance ou Petite Enfance. Parents et enfants sont accueillis ensemble au moins sur une matinée. Ils visitent l'école, les classes, le restaurant scolaire, y ont des explications sur le fonctionnement, l'organisation, le travail des ATSEM... Pendant ce temps les enfants font des activités avec la petite section de maternelle, sous la houlette de 2 ATSEM et d'un personnel d'animation municipal. "L'objectif est qu'ils s'approprient les lieux et les choses davantage que de connaître l'équipe pédagogique qui ne sera pas obligatoirement la même à la rentrée", explique Frédéric Attal, responsable du service petite enfance de la mairie. Destiné au départ à la crèche familiale qui concerne 37 enfants, le dispositif tend à s'ouvrir aux assistantes maternelles ou aux familles qui sont informées de son existence au moment des inscriptions. Ici on observe que le dispositif a permis d'organiser des rentrées "plus sereines", de "démythifier la rentrée" et que "du coup, de perdre moins de temps pour l'adaptation de l'enfant". Frédéric Attal reconnaît néanmoins que le dispositif "s'essouffle". L'accueil doit être repensé avec les principaux partenaires, notamment les directrices d'écoles, dans le cadre du futur PEL. L'avantage du dispositif est qu'il coûte "peu", selon Frédéric Attal qui l'évalue à moins de 2000 euros, l'essentiel de la contribution étant constitué par la mise à disposition de personnels.

STRASBOURG. La ville propose différents dispositifs de transition ou de découverte de l'école. À côté des visites d'établissements associant aussi les parents, fêtes communes et réunions au dernier trimestre scolaire dans certaines écoles (toutes ne sont pas engagées dans ces échanges), coexiste "un dispositif qui n'a pas le 'statut' de passerelle mais qui est dans les interstices du cadre réglementaire", explique Gabriel Willinger, le Chef de service Famille Petite Enfance. Deux classes maternelles sont implantées dans les mêmes locaux qu'une crèche, à la Maison de l'Enfance des Poteries. Des enfants sont scolarisés le matin, vont en classe au premier étage, puis rejoignent, accompagnés par les personnels Petite Enfance, pour les repas et l'après-midi au rez-de-chaussée, la crèche collective où ils ont grandi. Si le dispositif est prévu normalement sur un trimestre, via un "contrat" passé avec les parents, selon les enfants il peut être aussi étendu sur l'année. La Ville projette l'ouverture de 6 nouvelles Maisons de l'Enfance, calquées sur le même fonctionnement d'ici 2013, en favorisant, si ce ne sont des locaux partagés, la contiguïté des cours de récréation et la proximité des bâtiments. Dans cette ville on trouve aussi des jardins d'enfants*, en grand nombre car hérités des Kindergarten allemands. "Ils sont déjà à mi-chemin de l'école, puisqu'ils accueillent des 2-4 ans dans un cadre spécifique à cette tranche d'âge, avec des contenus plus élaborés que les structures classiques d'accueil petite enfance: même si on n'enseigne pas, ce qu'on y fait est plus proche de ce qu'on fait à l'école que dans une crèche car adapté à des 'grands' et sans 'empreinte' des touts petits puisqu'ils accueillent les enfants à partir de 2 ans", explique Gabriel Willinger. Des structures "transitoires" qui sont "bien appréciées des familles parce "plus que la crèche mais pas encore l'école". 300 places sont ouvertes dans les jardins municipaux, auxquelles s'ajoutent 700 places proposées dans des structures associatives, qui accueillent, elles, les enfants jusqu'à 6 ans et donc "se substituent à l'école maternelle qui n'est pas obligatoire". Même si ces dernières structures sont payantes, les parents choisissent d'y mettre leurs enfants pour trois grands types de raisons: elles mènent des projets éducatifs spécifiques (Steiner par exemple), elles proposent des parcours bilingues sachant que la ville, du fait de sa position frontalière, abrite un public qui a des attentes en la matière notamment pour le bilinguisme français-allemand, enfin elles peuvent être à teneur confessionnelle.

Quelles que soient leurs formes, leurs modalités partenariales, et souvent malgré le manque d'évaluations bien formalisées, ces dispositifs trouvent un accueil favorable auprès des enseignants, des responsables petite enfance et des parents, tous impliqués de manière plus ou moins importante dans les dispositifs. Visiblement, les communes souhaitent les pérenniser même si elles en financent la quasi-totalité du fonctionnement. Outre les volontés politiques locales, le HCI (Haut conseil à l'intégration) recommandait encore tout récemment le développement de ces "classes-passerelles" en les intégrant à une politique d'ensemble d'accueil de la petite enfance, parce qu'elles "favorisent l'installation de la confiance et contribuent à mieux faire connaître les modalités d’éducation aux familles".

* les jardins d’enfants – classes passerelles sont des établissements et services d'accueil des enfants de moins de six ans, au sens du décret n° 2000-762 du 1er août 2000, autorisés par les présidents de conseils généraux, après avis du médecin responsable du service départemental de PMI, quel qu'en soit le promoteur (associations, collectivités publiques… )  

 

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