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Limoges: des classes passerelles ouvertes à l'année depuis la rentrée, notamment pour des enfants dont la langue d'origine n'est pas le français

Paru dans Petite enfance, Scolaire, Orientation le samedi 18 décembre 2010.

Deux classes-passerelles viennent d'ouvrir à la rentrée 2010, à Limoges dans un quartier "ambition réussite". Ce dispositif est dédié aux enfants de 2-3 ans qui n'ont pas fréquenté d'accueil collectif et pour lesquels est repérée la nécessité de travailler le langage oral, la socialisation et la séparation avec la mère, qui "peut s'avérer aussi très difficile dans certaines cultures", explique Élisabeth Varachaud, la directrice adjointe à la Jeunesse sur le secteur "Actions en faveur de l'enfance et des jeunes et coordination des politiques éducatives". Elle cible principalement les enfants nouvellement arrivés sur le territoire non francophones, ceux dont les familles parlent essentiellement la langue d'origine, car "plus tôt ils sont dans un bain de socialisation, mieux ils acquièrent la langue et ensuite s'adaptent à l'école".

Limoges n'en est néanmoins pas à son coup d'essai. Cette passerelle fait suite à des expériences précédentes qui s'étaient révélées "infructueuses", notamment, reconnaît Élisabeth Varachaud, du fait de l'absence de projet commun entre EJE (éducatrice jeunes enfants) mise à disposition par la Ville et l'enseignant qu'elle devait seconder. Travail commun et lien d'autant plus nécessaire selon elle, que ces professionnels "ont des regards un peu différents sur les enfants: l'Éducation nationale a des objectifs scolaires, d'évaluation alors que l'EJE travaille davantage sur une progression en tenant compte des capacités individuelles". La passerelle reprend le "terrain" précédent mais "s'appuie désormais sur un véritable partenariat avec l'inspection d'académie". 7 réunions ont été organisées l'an passé entre représentants de la Mairie, de l'IA, de la CAF et les directeurs d'écoles.

Empêcher le fossé entre parents et écoles de se creuser encore

Deux "espaces d'accueil et de préscolarisation" ont été constitués dans les 2 écoles partenaires. Deux groupes de 16 enfants sont accueillis toute l'année scolaire, les matins, par un binôme enseignante-EJE . Le choix de la terminologie a de son côté pesé dans les débats. Même si le dispositif répond aux exigences statutaires d'une "classe passerelle", on a choisi ici de l'appeler "espace" et non "classe", car, souligne Élisabeth Varachaud, cette dernière "renvoie à la notion d'apprentissage et d'évaluation" alors que les moins de trois ans, "très centrés sur eux-mêmes, apprennent surtout à s'insérer dans un groupe". L'espace, par ces activités, essentiellement autour du jeu, mais aussi par le taux d'encadrement, ressemble d'ailleurs davantage à du multi-accueil petite enfance qu'à une classe (1 adulte pour 8 enfants contre 1 enseignant et 1 ATSEM pour 22 élèves en ZEP).

L'implication des parents est une condition d'entrée. Ils participent à des activités l'après-midi, avec leurs enfants ou seuls, travail exclusivement animé par les EJE: mises en situation éducatives par le jeu, groupes de parole, visites de structures, cours de français, actions de sensibilisation. La Ville cherche par ailleurs à réinstaurer un lien qu'elle voit s'amenuiser entre les familles de ces quartiers et l'école. "Les familles issues de cultures différentes sont de plus en plus éloignées de l'école", constate Élisabeth Varachaud. "Celle-ci leur est difficile d'accès, soit parce qu'ils ne connaissent pas la langue, soit la structure. On sentait vraiment le fossé se creuser de plus en plus. Si on veut travailler ce lien, il faut commencer dès la maternelle car c'est là où ça se joue. Les parents sont plus 'captifs' car ils viennent à l'école pour amener et rechercher leurs enfants. C'est le moment où le dialogue peut s'engager le plus facilement." Un dispositif important selon Élisabeth Varachaud qui regrette que "les enseignants manquent ou ne prennent pas le temps de dialoguer avec les familles. Ce dialogue ne s'instaure que sur l'échec ou quand l'enfant a des difficultés."

Le dispositif, jugé prioritaire, est financé par la Ville. Aux 43 000 euros par an affectés aux salaires des EJE s'ajoute le coût de l'aménagement et de l'équipement des espaces, soit environ 9000 euros, "dépenses plus lourdes qu'une classe normale parce qu'il faut aménager des lieux d'activités spécifiques, un coin repos, etc." La Ville a sollicité une subvention de la CAF qui permettrait de couvrir 40% des frais. Une évaluation est prévue tous les ans, sur deux ans d'expérimentation, objectif étant aussi de pousser le suivi des enfants jusqu'au CP pour "évaluer s'ils rentrent dans l'apprentissage de la lecture sans trop de difficultés et avec du vocabulaire".

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