Le site d'information des professionnels de l'éducation

Editorial. Sans surprise, la réduction du nombre des postes d'enseignants, le seul élément notable du projet de loi de finances pour l'Education nationale, provoque les discours habituels, chacun est dans son rôle : Pour les organisations syndicales, la baisse démographique est l'occasion de réduire les effectifs, encore supérieurs à la moyenne des pays de l'OCDE, pour le ministre, la réduction est déjà sensible et elle se poursuit puisque le nombre de postes supprimés est inférieur à ce que voudrait la démographie... Edouard Geffray ajoute un argument original, s'il ne prenait pas en compte, pour partie au moins, la démographie, la génération suivante serait brutalement rappelée à la réalité, et obligée de ne plus recruter du tout. On ne voit pas très bien pourquoi un ministre qui se félicite des effets, pourtant largement contestables, et jamais réellement évalués, des dédoublements en GS, CP, CE1, n'imagine pas que les effectifs puissent être encore fortement réduits dans les autres classes. 

Quelle est d'ailleurs la limite ? Xavier Darcos raconte que, quand il était ministre, il avait reçu une consigne très claire du Premier ministre, réduire le nombre de postes, une étude avait d'ailleurs prouvé l'échec des "CP à 10" expérimentés par Luc Ferry. Mais il avait aussi reçu de François Fillon la demande que soit préservée l'école d'un certain village, demande qu'il avait fait suivre au DASEN concerné. Quelques temps plus tard, il s'était informé du nombre d'élèves que comptait cette école. Un seul ! Il y a une limite à la réduction de la taille des classes et la situation actuelle serait l'occasion de s'interroger. Quel est le bon nombre d'élèves par classe ?

L'étude souvent citée de Thomas Piketty et Mathieu Valdenaire (ici) quantifie l'effet positif de la réduction des effectifs en se fondant sur "les seuils implicites ou explicites d’ouverture et fermeture de classes", mais jusqu'à quel point peut-on en extrapoler les résultats ? Passer de 28 à 27 élèves ou passer de 12 à 11 a-t-il le même impact sur les résultats des élèves ? Le nombre idéal se situe-t-il aux environs de 18 élèves ? On aimerait que le débat budgétaire soit l'occasion de telles interrogations. On sait déjà qu'il n'en sera rien. 

Ce pourrait être aussi l'occasion d'un débat sur l'administration de l'Education nationale, dont le ministre fait lui-même remarquer qu'elle est largement sous-encadrée. Les rectorats et les directions départementales manquent cruellement de personnels. La baisse démographique pourrait permettre de récupérer quelques postes d'attachés, d'augmenter aussi le nombre des IEN et des IA-IPR, des enseignants spécialisés des RASED..., d'améliorer les effectifs par classe, mais aussi tout ce qui soutient le travail des enseignants, permet d'organiser leur formation continue, de penser avec eux leurs évolutions de carrière, etc., etc. Les besoins sont largement supérieurs au nombre de postes que permet de récupérer la baisse démographique.

Les dépêches

L'enseignement catholique donne une leçon de laïcité à certains députés (la dépêche)

Nette augmentation du nombre d'élèves en situation de handicap scolarisés dans le 2nd degré (DEPP) (la dépêche)

Harcèlement : quelque 6 000 cas signalés à la justice en 2024, un peu plus de 300 renvois devant un juge (la dépêche)

Au JO, au BO, du 6 au 9 novembre. L'enseignement agricole, le harcèlement... (la dépêche)

Opinions sur l’École et l’éducation, semaine du 2 au 8 novembre 2025 (P. Watrelot) (la dépêche)

L'agenda

Du 22 au 24 juin - Rouen - Du secondaire au supérieur : égalité pour toutes et tous ? (colloque)

Du 1er au 3 juillet - Poitiers - 99ème congrès de l'AGEEM