Les Régions rêvent le lycée de demain dans un contexte de baisse démographique
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le dimanche 22 juin 2025.
"Alors que le paysage éducatif se recompose sous l'effet du vieillissement de la population, une autre mutation majeure s'annonce : celle des usages éducatifs liés l’introduction de l’intelligence artificielle et des nouveaux modes d’apprentissage. Ces évolutions soulèvent des questions pour les collectivités territoriales" et Régions de France publie une étude sur l'impact du ralentissement démographique sur les lycées. Les Régions sont invitées à repenser leurs politiques scolaires "au croisement des enjeux d'éducation, de mobilité, d’hébergement et d’aménagement du territoire"
Les proviseurs de Bourgogne-Franche-Comté estiment "à environ 300 élèves" ce qu'ils appellent le "seuil de rentabilité pédagogique" des LGT (lycées généraux et technologiques). Que faire quand un établissement descend en dessous de ce seuil ? Il faut parfois le fermer et le document propose une méthodologie pour organiser une fusion avec un autre établissement. Mais même lorsqu'ils ne sont pas réduits à cette extrémité, leur gestion est impactée par l'évolution démographique, qu'il s'agisse du bâti, de l'organisation des transports scolaires,de la restauration scolaire, des internats, de la carte des formations professionnelles et technologiques, des politiques d'orientation et de formation professionnelle... S'y ajoute la réforme Blanquer : "Tous les proviseurs interrogés s'accordent pour constater qu'elle a considérablement complexifié la gestion des emplois du temps et l'utilisation rationnelle des espaces et des salles" et l'un des chefs d'établissement interrogé ajoute : "La réforme a tué les options" qui sont réduites à une simple "coloration de parcours".
Tous ces facteurs réunis obligent à une "redéfinition des espaces éducatifs", et à une "transformation de la conception du lycée pour "créer du non-scolaire dans le scolaire" et transformer "l'établissement en véritable lieu de vie (...) ouvert sur son territoire, aux publics et usages mixtes".
L'étude liste un certain nombre de domaines pour lesquels elle propose des préconisations, à commencer par la mutualisation des plateaux techniques et, pour l'enseignement professionnel, en développant la mixité des parcours, sous statut scolaire et via l'apprentissage.
Autres pistes de mutualisation, la restauration scolaire, ce qui suppose "des partenariats entre établissements et collectivités territoriales". En ce qui concerne les équipements sportifs et les locaux des établissements scolaires, ils pourraient être utilisés par des tiers, associations communales sportives, culturelles, sociales, colonies de vacances, "en dehors du temps scolaire".
Les Régions trouvent des "avantages significatifs" aux cités scolaires "qui regroupent collège et lycée sur un même site géographique". Elles permettent "une rationalisation de l'utilisation des équipements, notamment des espaces de restauration scolaire, des installations sportives et des CDI (centres de documentation et d'information)".
Le document invite aussi les Régions à repenser l'internat et donnent l'exemple de celui de Hanche (Eure-et-Loir) qui propose un internat à la carte avec "des formules souples permettant l'accueil quelques nuits par semaine, un trimestre ou sur des périodes spécifiques". Mais l'ouverture des établissements sur leur environnement peut aller plus loin, un collège a par exemple "développé un partenariat 'Click and collect' avec la librairie" voisine.
Autre piste "prometteuse" identifiée par une Région, la mutualisation entre le ministère de l’Éducation nationale et le ministère de l'Agriculture (...). La mutualisation, qu'elle soit intra-établissement,inter-établissements ou inter-ministérielle constitue une voie à envisager (...). La complémentarité entre les compétences des Régions, responsables des lycées, et des Départements, en charge des collèges, rend indispensable une coordination renforcée, particulièrement dans les territoires confrontés à une forte déprise démographique. L'implication plus générale des collectivités locales, communes et intercommunalités, apparaît essentielle pour développer des réponses adaptées au ralentissement démographique."
L'étude ici