Nanterre se donne le temps de rêver l'éducation de demain
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le jeudi 19 juin 2025.
La Ville de Nanterre organisait, hier 18 juin, la restitution des "Etats généraux de l'Education" qu'elle avait lancés il y a "quelques semaines" pour recueillir dans un premier temps les demandes des familles. Il s'agissait, pour J-P Bellier, l'adjoint à l'éducation, de les confronter à celles des enfants, des jeunes et des représentants des institutions adultes... En voici des échos.
Les parents aimeraient que leurs enfants fassent plus de sport. Mais deux petites filles de CM2 font remarquer qu'il faut trouver du temps dans des emplois du temps déjà bien remplis; elles ne demandent pas tant à faire plus de sport qu'à en découvrir de nouveaux. Se greffe rapidement sur ce thème celui des rythmes scolaires, des journées trop longues, l'installation d'une routine qui fait qu'on s'y laisse aller, qu'on n'a plus envie d'aller découvrir d'autres horizons, d'enchaîner heures de classe et activités périscolaires... Gabriel Fraga, vice-président de l'ANDEV (l'association des responsables des services éducation des collectivités), fait remarquer pour souligner l'importance du propos des enfants, qu'ils ont 24h par semaine de classe, et jusqu'à 40h de temps périscolaires.
Un grand jeune homme, qui se dit autiste, propose d'alterner, un jour école, un jour activités, ou une semaine l'un, une semaine l'autre, une proposition qui surprend et dont l'ancienne ministre de l'Education, Najat Vallaud-Belkacem souligne l'intérêt avant d'ouvrir une autre perspective, il faudrait se demander "quelles sont les expériences qu'un jeune devrait avoir faites, peut-être une seule fois, avant d'avoir 18 ans", aller dans un endroit inconnu, "vivre la vie des autres"... Emilie Kuchel, adjointe à Brest et présidente du réseau des villes éducatrices évoque alors son souci de mettre la ville "à hauteur d'enfants" pour que ceux-ci puissent s'y risquer, explorer leur territoire, qu'ils y soient des citoyens, libres, mais en sécurité.
Autre thème qui suscite l'intérêt des enfants, la défense de leurs droits dont ils ont appris en classe qu'ils faisaient l'objet d'un ODD (objectif de développement durable) et d'une convention signée par la France. "Il faut protéger les enfants sinon ils vont grandir mal", commente une fillette, et les jeunes soulignent alors l'importance de la socialisation, avec un exemple. Il y a quelques années, si on demandait à des adolescents pourquoi ils avaient choisi une activité "théâtre", ils répondaient "monter sur scène, vaincre sa timidité, s'exprimer", ils disent maintenant, tous, "être ensemble". Ils rêvent de bulles déconnectées, sans téléphone ni Internet, et l'un d'eux l'affirme, il est "fier d'être banlieusard" après avoir travaillé un rôle dans une pièce inspirée de la mort de Nahel et des évènements qui s'en sont suivis, pièce qui sera jouée pour l'inauguration du nouveau "Théâtre des amandiers".
Enfin vient l'orientation. Les jeunes qui ont mis au point un programme d'intelligence artificielle pour aider leurs camarades à surmonter le stress que génère la nécessité de faire des choix, ne sont pas là, mais on sait qu'ils espèrent bien convaincre l'ONISEP d'intégrer leur outil à ses programmes. Car ce qui ressort de cette fin de journée à Nanterre, c'est le sérieux de ces enfants et de ces jeunes qui prennent toute leur place aux côtés des adultes.