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Halte au "privé bashing" ! (les chefs d'établissement du privé sous contrat)

Paru dans Scolaire le mercredi 16 octobre 2024.

Les délégués académiques du SNCEEL, l'organisation qui réunit les chefs d'établissement de "l'enseignement libre", se retrouvent à Paris pour deux journées d'échange et ils n'en peuvent plus du "privé bashing". D'ailleurs, hier 15 octobre, Paul Vannier et les députés du groupe LFI ont déposé une nouvelle proposition de loi conditionnant les financements publics à l'IPS (indice de position sociale) des établissements (voir ToutEduc ici). Le Sénat venait de repousser une proposition de loi portée par la socialiste Colombe Brossel dans le même sens... La présidente de l'APEL (les parents d'élèves) se demande s'il ne faudra pas "retourner dans la rue", "comme en 1984" (la grande manifestation pour la "liberté d'enseignement" avait réuni, selon les estimations de l'époque, un million de personnes et avait entraîné la chute du Gouvernement Mauroy, ndlr) et en attendant, elle appelle les défenseurs de la liberté d'enseignement à "se bouger".

Le sentiment général, bien résumé par la sénatrice Annick Billon (Union centriste) est que l'enseignement public cherche dans le privé "l'origine de certains de ses problèmes". Jérémy Torrosan, président de l'organisation professionnelle parle de "chasse au sorcière" alors que "l'Education nationale ne remplit plus son rôle d'ascenseur social". Les divers orateurs qui se succèdent font valoir que 1 229 écoles, 302 collèges, 284 lycées ont des indices de position sociale inférieurs à l'IPS moyen.

Ils font l'éloge de la laïcité, un sujet qui leur est "cher". Leur projet pédagogique est certes nourri des "valeurs chrétiennes", mais cela ne leur interdit pas, bien au contraire, d'accueillir des enfants d'autres horizons religieux, d'apprécier la diversité, ce qui participe de l'éducation aux compétences sociales et émotionnelles. Ils ne défendront jamais un établissement qui y dérogerait. Aucun nom n'est prononcé mais, en privé, plusieurs chefs d'établissement disent en avoir assez d'être assimilés à quelques établissements, comme Stanislas à Paris ou "l'Immaculée conception" à Pau, qui font les gros titres de la presse et dans lesquels ils ne se reconnaissent pas.

Ces établissements, du fait de leur autonomie, ont pu "s'approprier de façon originale" toutes les réformes qui se sont succédé. Au départ, les enseignants n'y étaient pas forcément favorables, mais ils ont adopté les EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires, créés par la "réforme Vallaud-Belkacem" des collèges, ndlr) pour lesquels le cadre réglementaire s'est assoupli et "finalement, ce n'est pas mal". Même chose pour les enseignements de spécialité au lycée, même si des établissements de plus petite taille que leurs homologues du public peuvent moins facilement offrir certains enseignements artistiques ou informatiques. "Le Pacte, on s'en est emparé, on a utilisé les trois-quarts de la dotation et on nous retire cette année 40 %." Les inspections se passent très bien, les inspecteurs "se nourrissent de nos initiatives", par exemple des cours d'une heure et demie, la suppression des conseils de classe remplacés par des "entretiens conseil", l'installation d'un cabinet d'orthophoniste dans les murs de l'établissement...

Et ils sont favorables à la mixité sociale, même si Philippe Delorme, le secrétaire général de l'enseignement catholique justifie la signature de la convention avec Pap Ndiaye devant des chefs d'établissement qui n'étaient sans doute pas tous convaincus en expliquant que "si on ne le signait pas, c'était pire". Il constate que, de son côté, "l'Etat n'a pas trop bougé" pour ce qui est de sa part du contrat tandis que l'enseignement privé remplit ses obligations, plus de la moitié des établissements ont mis en place une modulation des frais de scolarité en fonction des revenus des parents, mais pour ce qui est de recevoir des boursiers, ils ne pourront pas en augmenter significativement la proportion si les familles ne bénéficient pas d'aides sociales pour la cantine et pour les transports. Il évoque d'ailleurs "un département de l'Est" qui vient de supprimer 700 000€ de subventions aux transports.

Au-delà, le SGEC rappelle que l'enseignement catholique a une double mission, une mission de service public et une mission ecclésiale, que toutes deux doivent être remplies pleinement : "tous nos projets sont référés à l'Evangile", "tous nos jeunes" doivent avoir la possibilité de "rencontrer le Christ" et choisir ensuite de le suivre ou pas. Il estime par ailleurs que les ennemis de l'enseignement privé "ne parlent plus d'abrogation", les attaques sont "plus subtiles", il s'agit "d'augmenter les contraintes de façon que finalement nous fassions tout comme le public". Sans "caractère propre", le contrat d'association n'a pas de sens. "Si on abandonne ça, on n'a plus de raison d'exister. Il encourage les chefs d'établissement à ne pas se décourager, à "ne pas baisser les bras".

 

 

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