Le système scolaire tient sur la résilience, voire la résignation des personnels (UNSA-Education)
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le mardi 17 septembre 2024.
Seuls 7 % des personnels de l'Education nationale sont "en accord avec les choix politiques faits dans leur secteur d'activité", un pourcentage qui était de 26 % en 2016, indique l'UNSA Education qui présentait, ce 17 septembre, la 12ème édition de son "baromètre des métiers de l'éducation".
L'organisation syndicale a reçu, à la fin de l'année scolaire dernière, près de 50 000 réponses à son questionnaire, un tiers émanant d'adhérent.e.s ou de sympathisant.e.s, un quart d'adhérent.e.s ou de sympathisant.e.s d'autres organisations syndicales, 42 % n'étant proches d'aucune OS. 95 % des répondants sont de l'Education nationale, 3,5 % de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, 1 % de Jeunesse et Sports, 0,4 % de l'Agriculture.
Se sentent-ils reconnus et respectés dans leur pratique professionnelle ? Seuls un tiers répond positivement à cette question, un léger mieux par rapport à 2022 (27 %) mais moins qu'en 2016 (46 %).
Ces personnels aiment, à plus de 90 %, leur métier, un pourcentage qui reste stable depuis des années et qui monte à près de 98 % pour les médecins et les directeurs de SEGPA, ils sont encore plus de trois sur quatre à être heureux de l'exercer (ils étaient 83 % en 2016) et deux sur trois à estimer que leurs missions ont du sens (81 % en 2016), un pourcentage qui frôle les 50 % chez les IEN (inspecteurs de l'Education nationale).
Plus de 80 % des personnels de direction, presque autant de psychologues, d'IEN, de directeurs d'école, considèrent que leurs conditions de travail ne sont pas satisfaisantes, huit sur 10 tous métiers et ministères confondus (56 % en 2016). Près de 40 % des répondants souhaiteraient changer de métier en restant dans le secteur public, 26 % en passant dans le secteur privé.
Si la question du pouvoir d'achat reste prioritaire pour quelque 60 % des personnels (un pourcentage assez stable, avec un pic à 68 % en 2022), la question de la charge de travail vient en second (et est passée de 40 à 50 %, 80 % pour les personnels d'inspection) suivie de l'absence de perspectives de carrière (34 %), en baisse de 10 points tandis que la question de la santé au travail est passée de 15 à 25 %. Un tiers des personnels en poste depuis moins de trois ans "disent qu'ils ne pourront pas faire ce métier encore longtemps car c'est trop dur physiquement ou mentalement". Si 42 % des "nouveaux" se sentent respectés, ce n'est plus le cas que den30 % des personnels après 10 ans d'exercice.
Pour la fédération syndicale, au vu de ces résultats, "on arrive au bout d'un système" et il faut "repenser lemanagement", la gestion des ressources humaines qui ne fonctionne pas, des formations qui ne répondent pas aux attentes, seuls 20 % des personnels conseilleraient à un jeune de faire le métier qu'ils exercent... "Quel employeur peut se satisfaire de ce bilan ? Nous interpellons le ministère. L'attractivité de nos métiers repose sur une augmentation des salaires, mais il faudrait aussi s'occuper de ceux qui les exercent, de leurs conditions de travail, du sens qu'ils donnent à leurs missions, de façon qu'ils en parlent en bien", estime Morgane Verviers, la nouvelle secrétaire générale de l'UNSA Education pour qui notre système éducatif ne fonctionne plus que grâce à la résilience, voire la résignation de ses personnels.
Sur le baromètre de 2016, voir ToutEduc ici (une dépêche pour chaque édition du baromètre depuis 2013), le site de l'UNSA ici