Pour l'école obligatoire jusqu'à 18 ans? (Fondation Terra Nova)
Paru dans Scolaire le jeudi 09 septembre 2010.
"La France a sans doute les moyens de cette ambition, qui permettrait de lutter contre le gâchis des sorties du système de formation avant 18 ans. Reste à en mesurer l’opportunité. Cette note ouvre la réflexion sur un sujet que l’exécutif n’a jamais vraiment affronté". La fondation Terra Nova (think tank progressiste) met en ligne une note rédigée par un haut fonctionnaire de l’Education nationale, dont le nom reste inconnu, et selon lequel les sorties sans diplôme entre 16 et 18 ans constituent "une injustice sociale, un gâchis pour la Nation". Sont entendus, sous le terme formation, la formation initiale sous statut scolaire (générale, technologique, professionnelle) et sous statut d’apprentissage.
Ecoles de la 2ème Chance, missions locales… Si l’institution éducative propose en son sein des solutions de "réparation" pour limiter ces échecs et prendre en charge les jeunes sans diplôme, "sont –ils suffisants pour répondre aux enjeux de qualification pour tous ?", interroge le haut fonctionnaire, qui souligne que ces modalités de remotivation et de rescolarisation, organisées à la marge du système "finissent aussi par dispenser le cœur du système éducatif de l’action d’agir en profondeur contre l’échec lourd qui exclut du système de formation". Ils n’interagisseraient pas fondamentalement sur les causes des sorties sans diplôme et représenteraient une "commodité" pour le système éducatif. Or, "l’accès au diplôme ne relève pas de la réparation ni de la compensation mais fait partie de sa mission première".
Cette mesure, prise au niveau de l'Etat, témoignerait en outre, selon le haut fonctionnaire, "de la volonté de sortir d’une logique de libéralisme qui gagne en force le système éducatif". En particulier l’élève, à qui on aurait donné toutes les chances d’accéder à une formation, "serait entièrement responsable de ses échecs, idem pour les parents". De même, l’établissement scolaire serait "entièrement responsable du manque d’attractivité de son établissement, des effets de la suppression de la carte scolaire…".
"La formation scolaire (au-delà du socle commun) est de plus en plus pensée sur le modèle du contrat individuel, dans lequel la responsabilité du système est progressivement estompée". Le levier juridique qui consisterait à prolonger la durée obligatoire de formation serait "nécessaire aux ambitions renouvelées d'un système éducatif performant" mais "pas à lui seul suffisant". Sont posées pour conditions premières à l'amélioration de la formation des jeunes "l’appui le plus large des forces économiques et sociales", ainsi que "l’amélioration de la formation des équipes enseignantes et de direction".
La totalité de cette note est téléchargeable en pdf ici.