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Les jeunes Français sont moyennement créatifs (PISA - OCDE)

Paru dans Scolaire le mardi 18 juin 2024.

Les enseignants des établissements défavorisés "ont tendance à se concentrer sur les matières et compétences de base et à avoir recours aux évaluations standardisées pour améliorer les résultats des élèves, délaissant ainsi involontairement les activités et pratiques créatives", note Andreas Schleicher, chargé de la politique de l’éducation à l'OCDE alors que l'organisation internationale publie le 3ème volume des résultats du test PISA de 2022, sous-titré "Creative Minds, Creative Schools" (ou "La pensée créative en milieu scolaire"). C'est la première fois que le "Programme international pour le suivi des acquis des élève" a évalué "leur capacité à s’engager de manière productive dans la génération d’idées, à les évaluer et à les enrichir". Le directeur de l'éducation ajoute que "face aux changements environnementaux, sociaux et économiques complexes du XXIe siècle, il est crucial que les élèves soient innovants, entreprenants et qu’ils fassent preuve de créativité et d’esprit critique".

Les données recueillies en 2022 montrent notamment que "si la performance scolaire et la performance créative peuvent se renforcer mutuellement, l’une ne requiert pas forcément l’autre". Si les élèves de Singapour, de Corée et du Canada "sont parmi les plus performants en termes de créativité" en même temps qu'en mathématiques, compréhension de l’écrit et sciences, ce n'est pas le cas de leurs homologues de Hong Kong, Macao, Taipei et Tchéquie qui ont de très bons résultats en mathématiques, sciences ou lecture, mais médiocres quand il s'agit de mesurer leur "pensée créative". A l'inverse, au Chili, au Mexique, en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Costa Rica, au Canada et à El Salvador, "les élèves ont obtenu un score de 4.5 points plus élevé qu’escompté en pensée créative, après contrôle des résultats obtenus en mathématiques".

Toutefois, "la plupart des pays et économies affichant un score supérieur à la moyenne de l’OCDE en pensée créative ont également des résultats supérieurs à la moyenne en mathématiques, en compréhension de l’écrit et en sciences", et "très peu d’élèves se plaçant en deçà du niveau de base en mathématiques affichent une performance élevée en pensée créative : un niveau scolaire minimal semble nécessaire pour faire preuve de créativité."

Autre enseignement, dans aucun pays "les garçons ne se sont montrés plus créatifs que les filles", les jeunes françaises ont d'ailleurs des résultats supérieurs à ceux des garçons de 3 points, ce qui correspond à la moyenne de l'OCDE. "Les réponses des filles indiquent également que leurs attitudes sont nettement plus favorables à la pensée créative, notamment en ce qui concerne l’intérêt pour les arts et les expériences (...), de même que pour l’imagination et l’audace." A noter que la Finlande a l'un des écarts les plus importants, 6 points (mais avec un score moyen de 36, soit le 7ème meilleur résultat).

Sans surprise, le test montre que "les élèves issus d’un milieu socio-économique plus favorisé se sont aussi montrés plus créatifs, obtenant en moyenne 9,5 points de plus que leurs pairs défavorisés", mais le poids du statut socio-économique des élèves est plus faible que dans les autres domaines évalués par PISA, mathématiques, compréhension de l’écrit et sciences. Certes "les établissements favorisés proposent une offre plus importante et diversifiée d’activités scolaires" mais "les élèves des établissements défavorisés participent plus souvent aux activités que leurs camarades plus favorisés, en moyenne dans les pays de l’OCDE. Cette association contre-intuitive entre la participation à des activités scolaires et le milieu socio-économique des élèves s’explique notamment par le fait que les élèves plus aisés ou qui fréquentent des établissements plus favorisés ont tendance à choisir des spécialisations et à se consacrer à des matières scolaires 'classiques' qui offrent de meilleures chances d’accéder à des études supérieures et, à terme, à des emplois de haut niveau."

En France, le score moyen des élèves favorisés est de 38, il est de 27 pour les élèves défavorisés. "L'intensité du gradient socio-économique" est de 16,1 quand il est de 11,6 en moyenne de l'OCDE. Les jeunes Français figurent aussi parmi ceux qui ne pensent pas que leur créativité peut changer et qui ne redoublent pas d'efforts lorsque le travail devient difficile.

"Les pratiques pédagogiques à l’école peuvent jouer un rôle déterminant en faveur de la créativité des élèves. Dans les pays de l’OCDE, entre 60 et 70 % des élèves ont déclaré que leur enseignant valorise leur créativité, les encourage à proposer des réponses originales et leur donne l’occasion d’exprimer leurs idées à l’école." Ce n'est le cas que de 50,7 % des élèves français (à peine mieux qu'en Allemagne, Tchéquie, Pologne, Autriche contre 82 % au Salvador, au Pérou, en Albanie).

L'OCDE reconnaît que "l'intégration de la créativité ou de la pensée créative dans l’ensemble du programme scolaire" est délicate : "Les références à la pensée créative sont souvent, au mieux, superficielles et n’offrent que peu d’orientations sur les modalités d’enseignement de ces compétences" même si "des pays comme l’Australie, le Canada, la Corée, le Danemark et Singapour ont choisi de placer la pensée créative au cœur de leurs réformes du système d’éducation ces dernières années (...). À Singapour, les élèves du secondaire peuvent choisir de suivre des modules interdisciplinaires qui leur donnent l’occasion de concevoir des projets concrets dans divers secteurs de la société et de l’économie. En Nouvelle-Zélande, l’initiative 'Créatifs à l’école' offre des financements aux établissements pour qu’ils nouent des partenariats avec des professionnels créatifs et proposent à leurs élèves de participer à des projets visant à développer leur créativité et leur capacité à collaborer (...). L’État de Victoria en Australie (...) a mené des évaluations annuelles de la pensée critique et créative dans une sélection d’établissements."

Au total, quand la moyenne de l'OCDE est de 33, la France a un score moyen de 32  un score supérieur à ce que permettaient d'envisager ses scores en mathématiques et en lecture.

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