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Opinions sur l’École et l’éducation, semaine du 10 juin au 16 juin 2024 (P. Watrelot)

Paru dans Scolaire le dimanche 16 juin 2024.

Comme chaque semaine, Philippe Watrelot nous propose une revue des tribunes et débats qui agitent le système éducatif.

D’abord les résultats aux européennes puis l’annonce de la dissolution de l’Assemblée Nationale… Le dimanche 9 juin a été un double choc avec un risque d’une victoire de l’extrême droite qui devient de plus en plus présent. Et cette inquiétude traverse de nombreuses tribunes qui analyse le programme du RN en matière d’éducation. Mais on peut aussi essayer de comprendre (expliquer n’est pas excuser) les raisons du vote. C’est ce que propose le chercheur Felicien Faury dans The Conversation qui montre en s’appuyant sur de nombreux entretiens que le rapport de défiance vis-à-vis de l’école et des "élites" est une variable explicative importante. C’est un texte essentiel qui suscite de nombreuses réflexions.

Bonnes lectures et bons débats !

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Le RN et l’école : le programme actuel, en pire

La dissolution est un séisme pour beaucoup. La perspective d’une cohabitation avec un gouvernement mené par le Rassemblement national (RN) est malheureusement plausible.

Qu’en serait-il pour l’école ? Leur programme est connu depuis 2022 au moins, si ce n’est avant. Mais il est aussi, en partie, déjà appliqué tant les décisions du gouvernement Attal s’inscrivent dans la même filiation, et un climat conservateur et réactionnaire qui domine depuis plusieurs années.

Philippe Watrelot – Alternatives Économiques [€] le 10 juin 2024, ici

L’École : fabrique quotidienne du décrochage ?

1% des décrocheurs sont enfants d’enseignants ou des classes favorisées, presqu’un tiers sont enfants de la classe ouvrière. C’est pour comprendre cette inégale répartition que Julien Garric, maître de conférences à Aix-Marseille Université et chercheur à l’IREMAM, s’est lancé dans une enquête ethnographique dans le quotidien de trois collèges. Et la lecture de l’ouvrage, qui en retrace les résultats, est passionnante. On y apprend que la France, loin d’être un pays laxiste, comme l’affirme Gabriel Attal, est un des pays qui recourt le plus à la punition – punition qui "participe au tri social de notre école". "La banalisation de l’exclusion interroge l’ensemble de notre système. Elle affecte les exclus (…), les enseignants (…) mais aussi les autres élèves" dit-il lors de l’entretien qu’il accorde au Café pédagogique. "Notre système éducatif propose ainsi une éducation citoyenne en contradiction avec les valeurs de solidarité et de fraternité dans laquelle la réussite des uns repose sur l’élimination des autres."

Julien Garric, Le Café Pédagogique du 10 juin 2024 ici

"Fondamentaux" : les faux semblants du "bon sens" au service de l’école injuste

Dans leur dernière livraison, les Carnets rouges éclairent les enjeux démocratiques de la stratégie de focalisation sur les "savoirs fondamentaux" : le "bon sens" comme masque pour la reproduction des élites sociales.

Jean-Pierre Véran – Blog Médiapart le 10 juin 2024, ici

Denis Paget : Repenser l’École

Dans son dernier livre, "Ce que l’École devrait apprendre à tous", Denis Paget, ancien responsable au Snes-FSU et membre du Conseil Supérieur des Programmes (CSP) de 2013 à 2018, estime que les enseignant·es font partie "des victimes d’une école qui va mal" et que les syndicats ont un rôle majeur à jouer pour trouver "collectivement les meilleures issues possibles". Et cela passe par reconnaitre les "deux processus majeurs qui devraient être au cœur des fonctions scolaires : le processus de formation de la personne et le processus de socialisation" selon lui. Des finalités qui imposent de repenser l’École et de former "vraiment les enseignants et les personnels d’éducation et d’orientation". "Ce ne peut être fait qu’en sortant l’école du calendrier politique et en impliquant tous les acteurs sur le long terme, celui des 15 ans de scolarisation d’un élève et pas du quinquennat d’un Président", explique-t-il. Il répond aux questions du Café pédagogique.

Le Café Pédagogique 11 juin 2024, ici

Revisiter l’enseignement professionnel supérieur court (III)

Daniel Bloch, père du bac professionnel et ancien recteur, propose aux lecteurs et lectrices du Café pédagogique une série d’articles sur l’enseignement professionnel. Dans ce troisième épisode, il s’attarde sur la licence professionnelle, "un hub en construction" (Daniel Bloch reprend là l'essentiel des tribunes qu'il a publiées sur ToutEduc).

Daniel Bloch – Le Café pédagogique le 11 juin 2024, ici

La défiance envers l’école, facteur clé du vote RN

"La faiblesse du niveau de diplôme est un des facteurs les plus prédictifs du vote pour le Rassemblement national (RN), et avant lui le Front national (FN). Derrière ce constat statistique, ce que la sociologie de terrain retrouve, ce sont des trajectoires scolaires souvent heurtées, relativement courtes, vécues difficilement. C’est ainsi un certain rapport à l’école, distant voire défiant, qui apparaît comme l’un des facteurs communs à une partie importante de l’électorat lepéniste.

Il ne s’agit pas de suggérer qu’il y aurait un lien direct et nécessaire entre un "manque de culture" et les penchants xénophobes nourrissant le vote RN – après tout, il y a toujours eu des manières très cultivées d’être d’extrême droite, et l’idéologie raciste s’est toujours reposée sur des constructions intellectuelles et savantes.

La faiblesse du diplôme a en revanche des conséquences socioprofessionnelles importantes, du fait de la fragilité sur le marché du travail qu’elle engendre. Dans une société où la possession de capitaux scolaires est devenue si importante, en être dépourvu produit une incertitude et un pessimisme structurant les préférences électorales pour le RN.

Cette situation génère aussi une relation spécifique à l’ordre scolaire, y compris pour les électeurs étant parvenus à une certaine stabilité sociale. C’est sur cette relation à l’école et ses conséquences sociales et politiques que j’aimerais m’attarder ici."

Felicien Faury - The Conversation 11 juin 2024, ici

Les enseignements et les enseignants sous tutelle du RN ?

Si les orientations politiques en matière d’éducation ont toujours été soumises au bord politique de l’occupant de Matignon, ce n’est rien face à ce qui l’attend si le rassemblement national prend le pouvoir alerte Claude Lelièvre. "Il s’agit de transformer les professeurs en simples exécutants d’un enseignement défini pour l’essentiel par des politiques et qu’il s’agira d’appliquer strictement (…) Cette mise sous tutelle directement politique des enseignements et des enseignants serait sans précédent, et cette mise sous surveillance fort inquiétante" écrit l’historien dans cette tribune.

Claude Lelièvre – Le Café Pédagogique du 12 juin 2024, ici

Pour notre école, le pire est possible !

"Ne sous-estimons ni le risque ni le danger : l’extrême droite pourrait bien être majoritaire à l’Assemblée nationale le 7 juillet prochain, dernière marche avant d’accéder à l’Élysée en 2027" alerte Yannick Trigance. "Il y a urgence : nous devons tout faire pour ne pas précipiter nos enfants, nos enseignants et notre école dans les bras d’une extrême droite aux antipodes des valeurs et des principes qui fondent notre service public d’enseignement". Il signe cette tribune.

Yannick Trigance – Le Café Pédagogique du 12 juin 2024 ici

"Pour accompagner la transition écologique, il est urgent de renforcer l’enseignement scientifique et expérientiel à l’école"

Un collectif de chercheurs plaide, dans une tribune au "Monde", pour être davantage impliqué aux côtés des professeurs dans leur mission et pour une découverte de la nature hors des murs de la classe.

Tribune Collective – Le Monde [€] du 12 juin 2024, ici

Les jeunes et le RN

"Comme prévu le RN a remporté les élections européennes. On ne dispose pas encore, au moment où sont écrites ces lignes, de sondages de sortie des urnes sur le vote des jeunes. Mais un sondage pré-électoral de l’IFOP du 16 mai dernier avait fait sensation. Il portait sur les jeunes de 18 à 25 ans et les élections européennes et montrait que, comme pour le reste de la population, le Rassemblement National y faisait largement la course en tête : à la question de savoir pour quelle liste il y aurait le plus de chances qu’ils accordent leurs suffrages, 32% des jeunes choisissent la liste menée par Jordan Bardella, soit un score équivalent à celui de la population générale. Les autres listes sont très loin derrière : 17% pour LFI, 9% pour les Ecologistes, 8% pour le PS-Place publique, 6,5% pour les Républicains et seulement 6% pour la liste Renaissance.[…]

Il faut également nuancer ce résultat puisque la même enquête de l’IFOP nous apprend que 70% des jeunes pensaient s’abstenir ! Si l’on ne tient compte que des votants potentiels, ce ne sont ainsi qu’un peu moins de 10% d’entre eux qui disent faire le choix du RN pour ces élections européennes. Il faut donc raison garder, la jeunesse ne s’est pas livrée toute entière au RN, loin s’en faut. Mais il n’y a pas de quoi trop se réjouir, puisque son premier parti est, de loin, celui de l’abstention. Même durant l’élection présidentielle, plus mobilisatrice, 42% des jeunes s’étaient abstenus en 2022. Dans l’enquête Jeunesse plurielle conduite avec Marc Lazar en 2021, nous parlions d’un vaste mouvement de désaffiliation politique touchant une grande partie de la classe d’âge. Celui-ci se confirme d’élection en élection.

Néanmoins, même s’il doit être relativisé, le résultat prévisible du RN auprès de l’électorat jeune constitue peut-être un fait nouveau. Quelles pistes d’interprétation sont envisageables ? […]"

Olivier Galland - Télos le 12 juin 2024, ici

Liberté d’opinion vs devoir de réserve ?

Depuis lundi 10 juin, au lendemain de l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale et de nouvelles élections législatives, des recteurs, rectrices, directrices et directeurs académiques ont "rappelé" leur devoir de réserve aux fonctionnaires que sont les personnels de l’éducation nationale. Prune Helfter-Noah, porte-parole du collectif Nos Services Publics, rappelle que si les fonctionnaires sont soumis au devoir de réserve, ils et elles jouissent de la liberté d’opinion – au même titre que leurs concitoyens. Elle répond aux questions du Café pédagogique.

Prune Helfter-Noah – Le Café Pédagogique du 13 juin 2024, ici

Marina Tual : la recherche et la classe

Après avoir été professeure des écoles, Marina Tual est aujourd’hui maîtresse de conférence. Cette double casquette lui permet d’avoir un regard nuancé sur la place de la recherche dans les gestes pédagogiques quotidiens des enseignant·es. "Rien ne va de soi quand on cherche à implémenter dans les classes des outils issus de la recherche" nous dit-elle. "Le métier d’enseignant, c’est hyper complexe, parce que c’est un super chef d’orchestre. Mais il faut les aider à ne pas tout réinventer chaque matin, parce que c’est un métier difficile".

Marina Tual – Le Café Pédagogique du 13 juin 2024, ici

"Le programme du RN sur l’école est celui de l’actuelle majorité, en pire"

Alors que l’arrivée du RN au gouvernement n’a jamais semblé aussi plausible, l’historien Claude Lelièvre s’est plongé dans le programme de ce parti en matière d’éducation.

Le Point [€] du 13 juin 2024, ici

Pour une véritable politique publique d'éducation aux médias

Dans toutes les enquêtes sur l’information, les Français plébiscitent l’éducation aux médias et à l’information (EMI). Leur intérêt pour l’actualité, leur attachement à la liberté d’informer et leur demande de formation sont une chance à saisir pour développer une éducation aux médias ambitieuse, efficace et utile à tous.

Marie-Anne Denis, présidente de l’Association pour l’Éducation aux Médias – Notre Temps le 13 juin 2024, ici

"Il est temps de faire de la laïcité à l’école une grande cause nationale !"

Alors que la gauche abandonne le combat pour la laïcité, et que l’extrême droite le travestit, l’heure est au sursaut républicain.

Delphine Girard, porte-parole de Vigilance Collèges Lycées (VCL), vice-présidente du Comité Laïcité République (CLR).

Le Point du 14 juin 22024, ici

Contre l'école fasciste du RN

Chercheurs et enseignants de la CAALAP expliquent pourquoi le projet scolaire du RN est fasciste et appellent à résister en rejoignant le nouveau Front Populaire.

Coordination Antifasciste pour l'Affirmation des Libertés Académiques et Pédagogiques –Blog Médiapart  le 14 juin 2024, ici

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