“Atatürk renvoyé au second plan“ : en Turquie, inquiétudes face à nouvelle réforme des programmes (Courrier International)
Paru dans Scolaire le vendredi 14 juin 2024.
“Au lieu de consulter les experts ou les syndicats du secteur de l’éducation, c’est avec les confréries religieuses qu’ils ont élaboré ces nouveaux programmes”, dénonçait mardi 11 juin le chef du syndicat d’enseignants et de travailleurs éducatifs turc Egitim-Sen, selon des informations du média en ligne Medyascope rapportées par Courrier International.
A Ankara comme dans de nombreuses villes du pays, professeurs et parents d’élèves ont défilé pour protester contre une nouvelle réforme voulue par le président turc Recep Tayyip Erdogan. Celle-ci aurait pour but, selon l’hebdomadaire Gazete Oksigen, de “mettre l’accent sur les valeurs religieuses et rayer certains pans de l’enseignement de l’histoire consacrés à Mustafa Kemal Atatürk“.
L'article évoque également la question de la nomination des professeurs, avec 350 000 aspirants enseignants “qui, bien qu’ayant passé l’examen pour accéder aux fonctions d’enseignement, patientent dans l’attente d’une hypothétique nomination.“ Une des raisons avancées par le média en ligne Turkey Recap tiendrait à l’entretien oral, second passage obligé pour les candidats reçus, “soupçonné d’être le lieu d’un triage idéologique et politique des impétrants.“
Pour l'hebdomadaire, cette “refonte progressive du système d’enseignement“ s'inscrit dans une volonté du président Recep Tayyip Erdogan de “former une génération pieuse“ depuis 2012. Ainsi, “une première réforme de l’institution scolaire avait ouvert la voie à une multiplication des ‘écoles d’imams‘, des établissements publics axés sur des programmes confessionnels, dont le nombre de lycées a bondi ces dix dernières années, passant de 1 017 à 1 714.“ Cependant, le nombre d’élèves de ces établissements aurait “chuté au cours de la même période, signe que les parents sont peu désireux d’y envoyer leurs enfants“. Puis en 2017, une réforme des programmes décidait de la suppression de l’enseignement de la théorie de l’évolution dans les établissements publics et privés.
Face à une “réforme qui piétine la démocratie“, certains habitants auraient décidé de se convertir au christianisme “afin d’obtenir une dispense pour son enfant de l’enseignement du contenu religieux des nouveaux programmes“, constate le quotidien kémaliste Sözcü, les élèves juifs et chrétiens étant dispensés des cours de religion obligatoires.
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