Comment les inégalités sociales de compétences se creusent tout au long de la scolarité (DEPP)
Paru dans Scolaire le mardi 11 juin 2024.
Les inégalités sociales de compétence entre élèves “apparaissent déjà très fortes à l’entrée du CP, (...) augmentent au cours de l’école primaire et restent assez stables au cours du collège“ constate la DEPP dans une note publiée mardi 11 juin.
Début CP, calcule en effet la direction statistique du ministère de l'Education nationale, 7 % des enfants de cadres supérieurs sont parmi les moins performants en français, un taux qui baisse de 1 point à l’entrée en 6ème. Sur la même période leur part dans le groupe des plus performants passe de 34 % à 39 % : ils améliorent donc leur position au primaire. À l’inverse, les enfants d’ouvriers voient leurs résultats diminuer : leur part parmi les plus performants est de 10 % à l’entrée en 6ème contre 13 % à l’entrée en CP.
C'est en mathématiques que l’accroissement des écarts sociaux au cours de l’école primaire est “plus net“ : d'un coté, la proportion d’enfants de cadres dans les deux groupes les moins compétents diminue de 8 points (de 26 % à 18 %) alors qu’elle augmente de 5 points pour les enfants d’ouvriers (de 47 % à 52 %) ; de l'autre la part des meilleurs progresse de 8 points (de 30 % à 38 %) entre le CP et la sixième pour les enfants de cadres supérieurs, alors qu’elle diminue de 4 points pour les enfants d’ouvriers (de 15 % à 11 %).
Au collège, les inégalités sociales en mathématiques “restent identiques“ mais diminuent un peu en français : le taux des enfants de cadres supérieurs dans le groupe des meilleurs baisse entre la sixième et la troisième de 3 points (de 39 % à 36 %), alors que pour les enfants d’ouvriers, il augmente de 1 point (de 10 % à 11 %). Malgré un effet collège apparaissant “minime“ sur les inégalités sociales, la DEPP précise que l'amélioration des compétences est “différente selon le niveau initial des élèves“, à savoir que les plus performants progressent davantage et que l’écart entre les meilleurs et les moins bons se creuse.
Analysées sur la durée, les inégalités sociales à l’entrée en sixième apparaissent également très stables“ entre 1989 et 2022. Cependant à la fin du collège, aux épreuves écrites du DNB une “légère augmentation des inégalités sociales“ est constatée entre 2002 et 2022. En mathématiques, la proportion d’enfants de cadres supérieurs dans le groupe des plus compétents augmente de 37 à 42 %, alors qu’elle baisse de 3 points parmi les enfants d’ouvriers (de 12 % à 9 %), une évolution que l'on retrouve en français, mais de façon plus faible.
À l’entrée en seconde, les inégalités sociales retrouvent leur niveau de sixième : tant en français qu’en mathématiques, 39 % des enfants de cadres supérieurs font partie des plus performants à l’entrée de seconde, contre 10 % des enfants d’ouvriers.
PISA
Enfin, les données fournies par le dispositif d'évaluation international PISA rappellent que l’écart “est plus élevé en France que dans l’ensemble des pays de l’OCDE“ : parmi les élèves les plus compétents, en moyenne dans les pays de l'OCDE 8 % font partie des plus défavorisés, un taux qui n'est que de 6 % en France. De même 43 % des élèves favorisés de l'hexagone se trouvent dans ce groupe, quand c'est seulement le cas pour 34 % des élèves en moyenne dans les pays de l'OCDE.
La DEPP ajoute que depuis 2000, les inégalités sociales de compétences “ont plutôt augmenté en France, avec une légère réduction en fin de période“. Par exemple pour les élèves défavorisés les résultats en culture mathématiques “se sont un peu dégradés“, tandis que les élèves favorisés ont surtout consolidé leur avantage entre 2000 et 2006.
La note ici