Archives » Actualité

ToutEduc met à la disposition de tous les internautes certains articles récents, les tribunes, et tous les articles publiés depuis plus d'un an...

Projet de programmes de cycle 1 et 2 : des syndicats vent debout contre un “véritable danger“

Paru dans Scolaire le mercredi 05 juin 2024.

Les projets de programmes en français et en mathématiques pour les cycles 1 et 2 (de la maternelle jusqu'en CE2), publiés par le Conseil supérieur des programmes “portent une vision mécaniciste, simpliste et, au final, dangereuse pour les apprentissages des élèves“ dénoncent cinq organisations syndicales dans une tribune publiée mardi 4 juin.

La FSU-SNUIPP, le SE-UNSA, la CFDT Éducation, le CGT Educ’action et Sud Éducation dénoncent “une stratégie éducative en rupture totale avec les valeurs historiques d’un enseignement émancipateur fondé sur le refus des inégalités scolaires et sociales“ au travers de programmes qui “balaient d’un revers de manche des décennies de travaux en sciences de l’éducation et traduisent une méconnaissance à la fois des processus d’apprentissage des élèves mais également une méconnaissance du travail expert des enseignantes et des enseignants".

Leur conception, poursuivent-ils, “nie la réalité des différents processus et rythmes d’apprentissages“ du fait que les nouveaux programmes, “en visant principalement l’objectif d’améliorer les ‘scores‘ des jeunes élèves lors des évaluations nationales et internationales, brident à la fois les choix didactiques et pédagogiques des équipes enseignantes et transforment les professeurs des écoles en de simples exécutant.es de programmes livrés clés en main“. Ainsi, “la capacité de l’élève à réfléchir, à comprendre, à imaginer et à apprendre avec les autres, selon un rythme et des chemins qui lui sont propres est supprimée“ par des programmes qui “rompent complètement avec la notion de cycle où les savoirs à acquérir se font progressivement et différemment d’un.e élève à l’autre, et où les attendus de fin cycle valident les apprentissages".

L'inquiétude porte plus précisément sur la “volonté d'élémentariser l'école maternelle en vue de la préparation aux évaluations nationales de CP“, ou sur l'enseignement du français qui se rapprocherait “plus d'une langue à travailler que d’un langage pour construire une culture et une pensée“, le tout formant en définitive un “cumul d’apprentissages juxtaposés, mécaniques et répétitifs“ pour lequel “l’élève sera chargé d’élaborer seul les compétences complexes.“

Pour les professeurs des écoles, “plus d’attendus clairs de fin de cycle ni d’objectifs de culture commune à mettre en œuvre par des choix didactiques et pédagogiques“, mais un feuille de route quotidienne remplie d' “exemples de connaissances et de savoir-faire attendus des élèves, mais aussi des repères d’acquisition“.

Il est donc question d'une “nouvelle conception de la fonction enseignante“ , composées d' “exécutantes et exécutants“ enseignant “des contenus précis jour par jour, semaine par semaine, et s’appuyant sur ces programmes comme sur un manuel livré clé en main“, ce qui “renvoie à l’idée que tout le monde est capable d’enseigner sans formation ni savoir-faire, juste en suivant un pas-à-pas.“ Le pouvoir politique serait donc “en quête de piloter le système en mesurant les performances et en maintenant la tension sur les élèves et les enseignant.es quitte à laisser sur le bord du chemin les élèves les plus fragiles incapables de rentrer dans ce moule“, entraînant à la fois “perte de sens“ des métiers et “caporalisation“ de la profession.

“Outil de contrôle des pratiques enseignantes“, les évaluations nationales standardisées en sont l'exemple, expliquent les signataires de la tribune. En effet, celles-ci “doivent être utilisées pour ‘identifier les élèves dont les acquis précédents sont fragile‘ dès le début du CP “ et par ce fait “deviennent l’objectif même de ces programmes conçus davantage comme une base de bachotage permettant la réussite aux évaluations qu’une base de construction des connaissances“. Dès lors la pédagogie différenciée nécessaire à la remédiation aux difficultés de ces élèves “se fera en dehors de la classe, dans le cadre de l’accompagnement pédagogique complémentaire“, ce qui signifie que l’hétérogénéité de la classe “n’est plus utilisée comme un moteur favorable à l’ensemble de la classe, et surtout l’élève est rendu responsable de son échec“.

La tribune ici

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →