Elèves fichés S, majorité pénale, stages de 2nde.. Les réponses de N. Belloubet à Sud Radio
Paru dans Scolaire, Justice le vendredi 31 mai 2024.
Nicole Belloubet était l'invitée de Sud Radio vendredi 31 mai. Plusieurs points sont à retenir de son intervention.
Laïcité. “C'est un vecteur d'égalité dans les établissements, de neutralité absolue, ce qui permet à toutes les différences de s'exprimer profondément en dehors de l'école, et je crois qu'elle doit être absolument préservée“, estime la ministre qui ajoute : “les élèves ne comprennent pas toujours ce qu'est la laïcité. Nous avons à expliquer ce qu'est la laïcité telle que nous la concevons, c'est à dire de bien dire que c'est une loi d'égalité et de liberté.“
Elle compte ainsi “mettre en place un conseil des jeunes de la laïcité (..) pour que l'on puisse comprendre quelles sont les difficultés que les jeunes rencontrent dans la conception de la laïcité telle que nous la proposons.“ Il sera composé “de jeunes lycéens qui nous aiguillerons sur une meilleure compréhension de ce qu'est la laïcité et sur une meilleure application“.
Violences dans les établissements scolaires. A Carcassonne une élève de 16 ans a été placée en garde à vue pour des menaces de mort envers son enseignante suite à des remarques sur sa tenue vestimentaire. Elle était fichée S. “Nous ne savons pas toujours“ si les élèves sont fichés S ou pas, indique l'ancienne Garde des sceaux pour qui “c'est un point qui mérite d'être éclairci. (..) Il faut que je mesure les conséquences. Je crois qu'il est important qu'un chef d'établissement sache à quels élèves il doit répondre. Le placement ensuite dans les classes c'est une affaire d'équipe éducative.“ Elle a précisé “avoir la volonté de traiter de manière particulière les élèves qui sont susceptibles ou en voie de radicalisation. Je dois présenter dans les jours qui viennent un projet de prise en charge de ces élèves“.
Majorité pénale à 16 ans. Pour Nicole Belloubet, quand la question de l'abaissement de la majorité pénale s'est posée (elle était alors ministre de la Justice) elle “n'y étai(s) pas favorable“, et n'a pas changé d'avis. Mais elle estime que “si on peut être responsable pénalement, on doit pouvoir l'être civilement aussi“, et donc que “si on abaisse la majorité pénale, alors abaissons la majorité civile“.
A titre personnel Nicole Belloubet se dit plutôt favorable à la majorité civile à 16 ans : “le permis de conduire est à 16 ans, on peut faire un tas de choses à 16 ans civilement, à ce moment donnons la majorité civile à 16 ans“, ainsi les majorités civiles et pénales à 16 ans iraient de pair. Si “le caractère éducatif doit toujours primer sur le répressif, (..) on ne peut pas laisser impuni un acte criminel ou délictuel, quel que soit l'âge il faut répondre.“
Stages de seconde. Ils doivent concerner 550 000 élèves courant juin mais 50 à 70 % d'entre eux n'auraient pas encore trouvé d'entreprise pour les accueillir. Nicole Belloubet a indiqué que les conventions n'étaient pas encore toutes remontées. Pour la ministre, qui se dit “très confiante sur cette initiative“, s'agissant de la 1ère année “il faut une montée en puissance“, d'ailleurs elle relancera la mobilisation des entreprises dès lundi en compagnie du président du Medef. Pour les élèves qui ne trouveront de lieu de stage, elle évoque “des dispositifs proposés par l'Onisep pour connaître les métiers“.
Téléphones. L'expérimentation de la “pause numérique“ concernera “un collège par département, et plus si possible“ du fait “des conséquences parfois dramatiques“ des portables au collège. Si la loi interdit déjà les téléphones, le problème “c'est de passer de ce que dit la loi à la réalité, à l'effectivité“, mais “cela suppose soit de trouver un lieu où les élèves peuvent déposer leur portable à l'entrée au collège, soit avoir des systèmes de blocage ou de verrouillage, où ils garderaient le portable.“
SNU et uniforme. Passé de 40 000 participants au séjour de cohésion l'an dernier à 60 000 jeunes cette année, le Service nationale universel “va continuer“. Quant à l'uniforme, expérimenté dans une centaine de collèges, il est question d'un délai d'un an “pour voir ce que cela produit comme effets“, avec une évaluation de cette mise en place.
Europe. Une partie des programmes des établissements scolaires (écoles, collèges) sont en train d'être réécrits, et dans les cours d'Enseignement moral et civique (EMC) sera repris ce qu'est l'Europe, “non pas seulement les instituions (..) mais aussi ce que cela signifie concrètement. (..) Nous sommes des citoyens de l'Europe et c'est cela dont il faut prendre conscience aussi.“
L'interview ici