Rythmes scolaires : 4,5 ou 4 jours ? L'exemple de Figeac
Paru dans Scolaire le lundi 27 mai 2024.
Nicole Belloubet a, rapidement, évoqué devant le Sénat (voir ToutEduc ici) la nécessité de procéder à une évaluation des effets du retour à la semaine de 4 jours, mais les communes qui sont restées à 4,5 jours sont soumises à de fortes pressions, notamment de la part des enseignants. Le code de l'éducation prévoit que lorsque le DASEN a validé une décision concernant les rythmes scolaires, sa décision "ne peut porter sur une durée supérieure à trois ans. A l'issue de cette période, cette décision peut être renouvelée tous les trois ans après un nouvel examen" (ici). Exemple avec la commune de Figeac (Lot) qui a prévu de réinterroger son conseil municipal le 3 juin et dont ToutEduc a interrogé le maire.
ToutEduc : Quelle est la situation dans votre commune ?
André Mellinger : : Comme prévu par le décret du 24 janvier 2013, les heures d'enseignement sont réparties sur neuf demi-journées. Nous avons mis en place des activités pédagogiques complémentaires sur le temps périscolaire avec l'association "La Fédération Partir" qui, en plus de mobiliser ses animateurs, fait appel à plusieurs associations locales fédérées autour des valeurs de l'éducation populaire. Cette association s'occupe également du centre de loisirs et met en place des colonies de vacances. En 2017, quand Jean-Michel Blanquer a permis de revenir aux quatre jours, nous avons choisi de conserver le rythme scolaire des 4,5 jours, mais tous les trois ans, nous réinterrogeons les conseils d'école et le conseil municipal. En 2021, nous avons fait procéder à une évaluation de notre organisation, nous nous sommes aussi appuyés sur les prises de position du Conseil municipal des jeunes (CMJ). Mais certains se posaient toujours des questions, nous avons donc fait procéder à une nouvelle évaluation par l'URQR, l'Université rurale Quercy-Rouergue...
ToutEduc : Pourquoi faire intervenir une association sise à Villefranche-de-Rouergue, donc dans un autre département ?
André Mellinger : Nous voulions un tiers neutre, sans liens avec la commune, et qui soit habitué à organiser des ateliers participatifs avec toutes les personnes concernées. Quand nous avons fait le bilan, nous avons senti deux tendances, une grosse satisfaction du côté des parents et des animateurs, et une grande frustration de la part des enseignants. Nous avons donc décidé de procéder à une double consultation des familles et des conseils d'école.
ToutEduc : Que leur avez-vous proposé ?
André Mellinger : Nous voulions leur donner le choix entre trois possibilités, le statu quo, le retour à 4 jours sans activités, ou 4 jours en conservant des activités périscolaires mais sur la pause méridienne. Quand nous avons essayé de construire une grille horaire pour cette dernière solution, nous nous sommes aperçu que, sauf à allonger les journées, le temps de la cantine, avec ses deux services, ne permettait pas l'organisation de ces activités. Nous avons donc donné le choix entre deux décisions. La commune compte 536 élèves (dont 185 en maternelle), 931 enveloppes ont été distribuées à leurs deux parents, 540 ont été retournées et 63 % de ceux qui ont répondu sont favorables au statu quo.
ToutEduc : Pour quelles raisons ?
André Mellinger : Certains, comme l'a montré le travail mené avec l'Université rurale, sont très satisfaits des activités périscolaires qui sont proposées. "Jamais je n'aurais pu offrir à mon enfant de faire du poney, de tirer à l'arc, de jouer une pièce de théâtre...". D'autres font surtout valoir qu'ils travaillent le mercredi, qu'ils doivent déjà payer le centre aéré l'après-midi, et qu'ils ne pourront pas financer en plus le centre aéré le matin...
ToutEduc : Et les conseils d'école ?
André Mellinger : Ils se sont prononcés pour les 4 jours, avec des pourcentages de 55 à 80 %, selon que les parents membres du conseil ont voté ou non. Mais si on avait interrogé les enseignants seuls, on serait sans-doute aux environs de 90 %. Ils font valoir que l'immense majorité des communes est revenue aux 4 jours. De mon point de vue, ils oublient que ce n'est pas le cas de grosses communes, Paris, Toulouse, Brest, et dans le Lot, de Cahors, de Cajarc et donc de Figeac. Beaucoup des celles qui sont passées aux 4 jours sont de petites communes rurales qui n'avaient pas les moyens financiers ni les ressources humaines pour mettre en place de façon satisfaisantes des activités complémentaires.
ToutEduc : Et maintenant ?
André Mellinger : J'ai de bonnes raisons de penser que le Conseil renouvellera les 4,5 jours pour les trois ans à venir, mais nous ne sommes pas à l'abri d'une évolution législative, ni d'une diminution du Fonds de développement des activités périscolaire (voir ToutEduc ici). On verra bien, nous agissons dans l'intérêt des enfants. Nous sommes de fervents défenseurs d'une approche globale des questions d'éducation, nous avons d'ailleurs adhéré au RFVE (Réseau français des villes éducatrices, ndlr).