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PLOA : au Sénat, les représentants de l'enseignement agricole privé font état de grandes difficultés, notamment financières

Paru dans Scolaire, Orientation le mercredi 22 mai 2024.

Actuellement en discussion au Parlement, le projet de loi d'orientation agricole (voir ToutEduc ici) fixe l'objectif d'accroître le nombre d'installations d'agriculteurs pour assurer le renouvellement des générations. Mais “faut-il pour autant augmenter de 30 % les effectifs de l'enseignement agricole ? C'est une question“, estimait mercredi 22 mai Michel Dantin lors d'une table-ronde consacrée à l'avenir de la filière.

Le président du CNEAP (Conseil national de l’enseignement agricole privé) se dit en effet sceptique en raison de la baisse démographique générale, en particulier dans certains territoires ruraux où sont implantés les lycées, mais il pointe également l'absence de données sur les anciens élèves qui après être sortis des établissements avec un projet d'installation, ne l'ont pas concrétisé, ce qui nécessite de lancer “un vrai chantier pour mieux accompagner les futures cohortes“.

Effectifs

Il est d'ailleurs aussi question de la baisse des effectifs étudiants inscrits en BTSA, due au fait que “beaucoup préfèrent poursuivre directement par des formations de niveau Bac+3 après le bac“, perçues comme plus valorisantes sur le marché du travail, offrant de meilleurs perspectives professionnelles et des salaires potentiellement plus élevés. De même les familles verraient d'un bon œil les formations qui garantissent une insertion professionnelle “rapide et stable“, tandis que les entreprises rechercheraient de plus en plus des profils disposant de ce niveau de qualification.

Le Bachelor agricole, diplôme de niveau bac+3 qui serait créé par la loi en discussion, permettrait encore, selon le directeur général de l’Institut national des sciences et industries du vivant et de l’environnement (AgroParisTech) de “renforcer le lien entre lycées agricoles et le supérieur“ mais aussi “de désinhiber un certain nombre de lycéens qui n'osent pas rejoindre des formations à bac+3“, d'aller plus loin avec un diplôme qui “a une visibilité plus grande que celle de la licence pro“. Laurent Buisson estime qu'il faut aussi “prendre la mesure de l'impact de Parcoursup“ qui “a changé la donne“ et “offre des perspectives intéressante aux jeunes qui peuvent se projeter dans la durée pour leur avenir professionnel“.

Concernant l'article 4, qui institue un contrat territorial de consolidation ou de création de formation, Michel Dantin se dit personnellement dubitatif sur ces documents “peu lus et utilisés après leur rédaction“, mais prône plutôt une étude régulière sur les perspectives d'emploi et les besoins d'amélioration des qualifications, car il semble que “l'organisation qui se dessine“ progressivement dans les départements avec un directeur d'établissement de l'enseignement agricole public qui dirige l'ensemble des sites “permettra le dialogue“ et d'éviter des conflits.

Moyens

Si la question des moyens “n'est pas le sujet d'une loi d'orientation agricole“, des aides seraient désormais nécessaires pour maintenir un “maillage territorial solide de l'appareil de formation et un accès à la formation agricole de qualité partout à travers la France“, au regard de situations économiques “fortement dégradées“ (pour 45 établissements sur 190) qui obligeraient à envisager la fermeture de certains établissements dès la rentrée 2024, sachant que des saisines de tribunaux judiciaires sont déjà engagées. A l'inverse, il déplore que d'autres établissements se voient refuser des ouvertures de formations en septembre prochain alors que la demande répond à des axes de la loi et du plan de développement pour accueillir plus d'élèves en lycée agricole.

Autre difficulté, le turn-over des chefs d'établissements auquel il dit assister depuis plusieurs années (en raison d'arrêts maladies, burn-outs, ruptures de contrat dès le 1er trimestre) avec une problématique de recrutement qui menace la stabilité et la continuité de l'enseignement agricole. La raison, un transfert progressif, avec une réduction des effectifs de l'Etat au niveau central, des charges sur les échelons régionaux qui ensuite les ont transférées sur les établissements, notamment à travers une trentaine de programmes informatiques dont un certain nombre “ne fonctionnent pas correctement“ et ne sont pas compatibles avec ceux de l'Education nationale. Le groupe de travail orgnisé par la DGER doit selon lui aboutir à l'assouplissement des injonctions administratives et à en réduire le nombre, ainsi qu'à la livraison d'outils informatiques réellement opérationnels.

Des “tensions de budget importantes“ sont également signalées au sein de certaines MFR qui seraient en situation de “grande fragilité“, considère également Roland Grimault, et faire travailler plus les personnels pour équilibrer les budgets, demander aux parents de financer de façon plus importante la partie internat, la scolarité, ne serait plus possible car les familles seraient les plus défavorisées et les employés, même “extrêmement motivés pour ces missions“ seraient “très volatiles“ en fonction des conditions de travail proposées.

Orientation

Les moyens “considérables et de plus en plus importants en termes humain“ que demandent l'orientation des élèves de 4ème et de 3ème des Maisons Familiales et Rurales via les stages (le cursus se fait en alternance) ont également été évoqués par le directeur de Union Nationale des MFR. Il fait valoir l'importance de l'image des métiers, mais aussi la soutenabilité de la profession pour les jeunes qui se dirigent vers ces filières. Il considère qu'il est aujourd'hui davantage possible d'attirer des jeunes sur l'ensemble des métiers agricoles “parce qu'il y a un petit changement de regard sur des métiers jugés plus manuels, mécanisés et technologiques“.

La découverte des métiers de l'agriculture à l'école primaire, prévue par la loi, est “quelque chose de très ambitieux, il faudra voir si c'est tenable“, même si “ça va sans doute dans le bon sens de savoir d'où viennent produits qu'ils mangent“.

Localement, les relations entre DRAF et EN ont évolué dans le bon sens depuis le passage de Jean-Michel Blanquer, note-t-il, avec “un regard un peu différent sur le processus d'orientation vers l'enseignement agricole" porté par “des directives très claires pour les chefs d'établissements“ (des collèges), selon lesquelles orienter dans les filières agricoles ne serait pas vu comme un échec, et y conduire des élèves n'entraînerait pas de sanction dans leur notation.

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