Gens du voyage : une étude en Nouvelle-Aquitaine souligne une forte prévalence en termes de surpoids et d'obésité chez les enfants (Santé Publique France)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le jeudi 29 février 2024.
Suite à une épidémie de rougeole survenue en France en 2017, ayant touché des populations éloignées du système de santé dont des familles de Gens du voyage, Santé publique France a mené une étude avec des associations et l’Agence régionale de santé Nouvelle-Aquitaine pour décrire leur état de santé, leur recours aux soins et à la prévention.
Selon la dernière estimation remontant à 2012, entre 250 000 et 350 000 personnes constitueraient la population des “gens du voyages“. Les familles qu'ils composent sont “quasi-exclusivement de nationalité française, historiquement rattachées à la culture tsigane, et dont les profils socio-économiques et culturels sont très divers“. Ils vivent habituellement en caravane sur le territoire français, depuis plusieurs générations, avec une mobilité pouvant être régulière ou ponctuelle, volontaire ou subie.
Ils subissent pour certains “un cumul et une combinaison de déterminants socio-économiques et environnementaux défavorables qui accroissent leur vulnérabilité face aux problèmes de santé et/ou d’accès au système de santé“, comme le mal logement, des lieux de vie isolés et proches de sites pollués, des difficultés d’accès et de maintien dans l’emploi ou dans le parcours scolaire.
L'enquête, menée entre 2019 et 2020, a concerné 1 030 adultes et 337 enfants âgés de 7 à 13 ans sur 475 lieux de vie, pour un taux de participation de près de 74 %. Si seulement 7,5 % des adultes ont déclaré avoir poursuivi leur scolarité jusqu’au lycée, la proportion actuelle d’enfants scolarisés est de 76,2 %, mais concerne beaucoup moins de filles (73,6 %) que de garçons (84,4 %).
Les Gens du voyage interrogés par l'agence nationale “font face à des conditions de vie et des expositions environnementales pouvant affecter leur santé et leur recours aux soins“. En effet, l’insécurité du logement concernait 74,5 % des ménages, 22,2 % des familles n'avaient pas accès à l’eau courante, 41 % n'étaient pas équipées de sanitaires (WC et douche) et 24 % d'entre elles n'étaient pas raccordées à un compteur électrique.
Parmi les enfants, la prévalence du surpoids (17,8 % vs 13,1 %) et de l’obésité (17,9 % vs 3,9 %) était “beaucoup plus élevée“ qu’en population générale. En termes de santé mentale, 7,6 % présentaient des troubles comportementaux et émotionnels, comme en population générale (8 %). Au cours de l’année précédente, 10,2 % des enfants avaient eu des symptômes évocateurs d’asthme (sifflements et toux sèche nocturne).
Grâce à l'étude des photographies de 460 carnets de santé des enfants de 2 à 17 ans, Santé Publique France estime que 75,6 % d'entre eux avaient une couverture vaccinale rougeole-oreillon-rubéole à une dose, contre 92 % en population générale. Pire, seulement 45,3 % de ces enfants avaient une couverte complète à 24 mois (deux doses) alors que cette proportion est de 90 % en population générale. De quoi souligner “le retard de l’administration de la seconde dose de ROR“, mais surtout une couverture vaccinale “bien inférieure à l’objectif national de vaccination de 95 % nécessaire à l’éradication de la maladie“.
Toutefois, est précisé que la couverture vaccinale ROR complète était “significativement plus élevée chez les enfants vivant en habitat adéquat, par rapport aux enfants vivant en habitat précaire et illégal (85,1 % vs 79,3 %)“, et qu'un “rattrapage progressif de la couverture vaccinale ROR complète jusqu’à l’âge de 12 ans était observé“.
L'étude ici