Comment sauver l'enseignement professionnel (D. Bloch, ouvrage)
Paru dans Scolaire, Orientation le mardi 13 février 2024.
La toute première des mesures que prendrait Daniel Bloch s'il était ministre de l'Education nationale serait de "développer les classes de 3ème dites prépa-métiers" afin de "donner une seconde chance à des élèves en danger" de décrochage au collège. C'est ce qu'il répond à Pascal Vivier qui dialogue avec lui dans la dernière partie d'un ouvrage que viennent de publier les Presses universitaires de Grenoble en partenariat avec le SNETAA (le syndicat FO de l'enseignement professionnel), sur le thème "Quel avenir pour l'enseignement professionnel ?"
Les lecteurs de ToutEduc y retrouveront, pour l'essentiel, des thèmes chers à l'ancien recteur et développés sous forme de tribunes publiées sur notre site. Le "père du baccalauréat professionnel", dont il a été le maître d'oeuvre lorsque Jean-Pierre Chevènement était ministre, prendrait plusieurs autres mesures. Il développerait "des formations d'une année post-CAP, post-bac-pro et post-BTS, et il renforcerait les formations avec un CAP en 3 ans, un baccalauréat professionnel en 4 ans et en transformant les BTS en Bachelor en 3 ans. Il donnerait encore "un second souffle aux campus des métiers et des qualifications, "aujourd'hui en roue libre".
Il part en effet de deux constats. Les professeurs de lycée professionnel arrivent, "par une pédagogie différenciée", "par leur polyvalence" à redonner l'envie d'apprendre à des élèves qui sont en échec du collège. Les cursus qui mènent aux CAP et bac pro ont été raccourcis, les redoublements quasiment interdits : résultat, les employeurs rechignent à recruter des jeunes dont le niveau laisse à désirer et qui arrivent trop jeunes sur le marché du travail, qui manquent de maturité.
Le secrétaire général du SNETAA abonde dans son sens, il est favorable à "la multivalence" des enseignants. Il ajoute qu' "il faut trouver un lieu concret, qui aujourd'hui n'existe pas, où les PLP (en formation initiale et en formation continue, ndlr) pourraient se retrouver, échanger autour de leur pédagogie, bien différente de celle mise en oeuvre en collège et en lycée (d'enseignement général, ndlr)". Il s'inquiète par ailleurs de voir que 93 % des jeunes bacheliers professionnels qui s'inscrivent en licence à l'université "sont en échec dès la première année" et il note que plus personne ne parle d'un continuum "bac-3 - bac+3" ni ne s'inquiète de ce dont ces jeunes auraient besoin pour réussir.
A noter également dans cet ouvrage la réflexion de la député (Modem) Estelle Folest qui voit que "les réflexions actuelles ne portent que sur l'emploi immédiat ou presque, dans une vision finalement assez court termiste" et que le député (LR) Alexandre Portier voudrait que soient inversés les ratios, un tiers des jeunes en voie professionnelle, deux tiers en voie générale et technologique, mais qu'il plaide aussi pour davantage d'enseignement général dans la voie pro : "Je ne vois pas pourquoi on priverait les lycéens du professionnel de la philosophie et de la culture générale qui l'accompagne."
Quel avenir pour l'enseignement professionnel ? Daniel Bloch, PUG, 130 pages, 20€