Chez les adolescents, l'e-cigarette va-t-elle supplanter la cigarette ? (enquête Enclass, OFDT)
Paru dans Scolaire le jeudi 25 janvier 2024.
“L’usage de la cigarette électronique poursuit sa progression chez les élèves du secondaire. Pour la première fois, son usage devance celui de la cigarette“, constate l'Observatoire français des drogues et tendances addictives au regard des résultats de l'enquête Enclass.
Cette donnée est peut-être la nouveauté de ces dernières années : au collège, l'expérimentation de la e-cigarette est passée de 19,4 à 20,2 % entre 2018 et 2022, tandis que son usage quotidien concerne désormais 1,4 % des collégiens, une prévalence “équivalente à celle du tabagisme quotidien“. Au lycée, l’usage quotidien cigarette éléctronique continue lui aussi de progresser, passant de 2,8 % à 3,8 % en quatre ans.
Plus généralement, à quels niveaux scolaires se diffusent les substances psychoactives chez les élèves du second degré ? Combien de ces jeunes passent de l'expérimentation à un usage plus régulier, et quelle évolution des comportements observe-t-on sur le long terme ? Réalisée sur 9 566 élèves du secondaire interrogés entre mars et juin 2022, l'enquête nationale en collèges et en lycées chez les adolescents sur la santé et les substances (Enclass) montre une baisse de l’ensemble des niveaux d’usages (par mois, régulièrement et quotidiennement) et d'expérimentation par rapport à 2018, poursuivant la tendance observée depuis 2010.
Au collège, le taux d’expérimentation de l’alcool a diminué entre 2018 et 2022, passant de 60 % à 43,3 %, l'usage dans le mois est passé de 23 % à 21,9 %, et l'usage régulier de 2,2 à 2,1 %. Concernant le tabac, le niveau d’expérimentation a été divisée par trois en douze ans, passant de 30,2 % en 2010 à 21,2 % en 2018, et seulement 11,4 % en 2022.
Mais si on observe “un recul de l’âge des premières expérimentations“ depuis plus d'une décennie, il reste que “les consommations d’alcool, de tabac, et dans une moindre mesure de cannabis, continuent de s’amorcer dès les premières années du collège“. Ainsi en classe de 6ème, 26,9 % des élèves déclarent avoir déjà consommé de l’alcool, “une augmentation continuelle au cours de la scolarité qui va jusqu’à concerner près des trois quarts des élèves de terminale“ (73,9 %).
Chez les lycéens justement, l'alcool reste également le produit le plus diffusé, même si on observe une réduction sensible des niveaux de consommation d’alcool entre 2018 et 2022 : l'expérimentation et l’usage dans le mois sont passés respectivement de 85,0 % à 68,3 % et de 62,1 % à 49,3 %. Concernant le tabac, le niveau d’expérimentation a perdu près de 20 points (34 % en 2022 vs 53 % en 2018), l’usage récent a chuté de 8 points, passant (de 27,3 % à 19,6 %), la consommation quotidienne a été divisée par trois (6,2 % vs 17,5 %).
L'étude indique en outre que l’expérimentation de l’ivresse a baissé, de même que “tous les indicateurs d’usage de cannabis“. En 2022, 6,6 % des lycéens ont déjà expérimenté au moins une substance illicite (autre que le cannabis), contre 8,1 % en 2018. Les niveaux d’expérimentation de toutes les drogues sont “globalement“ en diminution par rapport à 2018, “à l’exception de l’ecstasy, du GHB et de l’héroïne, qui maintiennent des niveaux stables.“ 8,1 % des lycéens ont déclaré avoir déjà consommé du poppers, 5,4 % avoir expérimenté le protoxyde d’azote.
L'étude ici