Voie professionnelle : la formation et la prévention restent “insuffisantes“ malgré des risques forts pour les entrants sur le marché du travail (DARES)
Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 11 janvier 2024.
“Les sortants de la voie professionnelle (scolaire et apprentissage, ndlr) sont, trois ans après leur sortie de formation, fréquemment exposés à des risques professionnels“ constate la DARES dans une note publiée mercredi 10 janvier, estimant à 87 % le pourcentage de ces jeunes exposés à au moins un risque physique ou chimique sur leur poste de travail.
Sont concernés les jeunes sortants de la voie professionnelle, soit 4 sortants de formation initiale sur 10 de la génération 2017, base sur laquelle le service statistique du Ministère du travail produit ses calculs. Élodie Rosankis et Marion Duvas font ainsi valoir que 64 % des sortants de voie professionnelle sont touchés par la répétition de la même série de gestes ou d’opérations, 59 % sont concernés par le port de charges lourdes, 59 % déclarent des risques de blessures et d’accidents, 36 % sont en contact avec des produits dangereux et 33 % respirent des fumées ou des poussières.
Information et prévention “insuffisantes“
Elles ajoutent que 58 % de ces jeunes “sont confrontés à trois risques du travail ou plus“, une exposition qui concerne même 3 jeunes sortants sur 4 dans l’agriculture, l’industrie et la construction. Mais malgré cette forte exposition, 28 % des sortants de la voie professionnelle n’ont pas d’informations sur les risques physiques ou chimiques durant leurs études, à l’arrivée sur le poste de travail 42 % n’ont pas de formation ou d’information sur la santé et la sécurité, 37 % pas de tuteur pour les former et 34 % aucune consigne pour préserver leur santé. Par ailleurs, plus de deux tiers n’ont pas d'équipement individuel de protection mis à disposition par leur employeur.
Cependant, la DARES note que plus les sortants de voie professionnelle sont exposés aux risques physiques et chimiques, plus rare se fait l’absence d’information durant leurs études : 35 % de ceux confrontés à un ou deux risques versus 18 % de ceux confrontés à au moins 5 risques. Et si près de la moitié des non exposés n’ont pas de formation ou d’information sur la santé et la sécurité à l’arrivée sur le poste de travail (49 %), ce n'est plus le cas que de 34 % chez ceux qui sont exposés à 5 risques ou plus. De même, l’absence d’équipement individuel de protection fourni par l’employeur diminue fortement avec le nombre de risques d’exposition.
Commerce, industrie, santé
Les trois secteurs dans lesquels travaillent le plus fréquemment les jeunes sortants de la voie professionnelle exposés à trois risques ou plus sont le commerce (17 % d’entre eux), l’industrie (17 %) et la santé humaine et l’action sociale (16 %). Les jeunes qui évoluent dans le commerce et la réparation d'automobiles et de motocycles indiquent majoritairement “le port de charges lourdes et la répétition de la même série de gestes ou d'opérations“, tandis qu'il s'agit pour le secteur de la santé humaine et de l’action sociale de “contact avec des produits dangereux, (de) port de charges lourdes et (de) risques de blessures ou d’accidents“, et pour l’industrie de “bruit intense, fumées ou poussières“ ainsi que de “contact avec des produits dangereux“.
La note “Quelle prévention des risques physiques et chimiques pour les sortants de la voie professionnelle ?“ ici