Sport à l'école : Après les (nouvelles) annonces du président, le SNEP-FSU dénonce un affaiblissement de l’EPS dans le système scolaire
Paru dans Scolaire le mardi 05 septembre 2023.
“Du sport, du sport, du sport“. Après “l'ordre“ souhaité par le chef de l'état pour les jeunes suite aux violences urbaines du mois de juillet, l'Elysée a mis en exergue une autre anaphore mardi 5 septembre après-midi sur twitter.
Selon nos confrères de Ouest-France, Emmanuel Macron a en effet annoncé, lors d'un déplacement au collège Daniel Argote d'Orthez pour la rentrée scolaire, la construction de 5 000 nouveaux terrains de sport, ce qui “fera 10 000 fin 2026“ (voir ToutEduc ici), a assuré le président de la République, ajoutant que “c'est l’héritage des Jeux Olympiques. Vous êtes la génération 2024“.
Emmanuel Macron a également indiqué la mise en place de “tests d’aptitudes physiques en 6ème pour mieux évaluer l’évolution de la condition physique des jeunes“. Selon le chef de l'Etat, il s'agit du “meilleur instrument de prévention en termes de santé“, car “un des fléaux, c’est l’obésité. Qui gagne du terrain. Le sport lutte contre ça. Et ça donne de la confiance“.
Enfin, pour “préparer les champions de demain“ les places en sport-étude augmenteront, de manière progressive, de 10 000 à 25 000 d’ici 2026, a enfin promis Emmanuel Macron.
Mais pour le SNEP-FSU, ces annonces sont surtout “beaucoup d'affichage et de communication“, estime la co-secrétaire générale de l'organisation syndicale. Pour Coralie Benech en effet, le président fait des annonces à quelques mois des Jeux Olympiques de Paris, or “ça n'est pas aujourd'hui que les choses vont se jouer, c'était avant“.
Surtout que les 2 dispositifs mis en avant par le gouvernement pour montrer son ambition en matière de sport à l'école “ne sont pas de l’EPS“, témoignant d'un “certain mépris pour la discipline“. La mesure des 30 minutes d’APQ (activités physiques quotidiennes) est considérée comme du “gigotage“ qui méconnait toutes références culturelles, tandis que les deux heures de sport supplémentaires au collège, étendues à 700 collèges en cette rentrée, rend le syndicat FSU de l'éducation physique “très interrogatif sur la volonté de faire entrer un autre dispositif par des professeurs autres que ceux d'EPS“ (hors Education nationale, ndlr) car ceux-ci “n'ont pas le même type de public, pas le même enseignement et la même finalité“, considère Coralie Benech. Elle constate de plus un “brouillage des pistes“ entre un dispositif au départ financé par le ministère des sports et qui ne devait donc pas prendre de moyens de l'Education nationale, “or le pacte ce sont des moyens de l'EN“.
Quant à l'’annonce de “tests de forme“, qui auraient été expérimentés dans l'académie de Créteil sans pour autant faire l'objet d'un bilan, ils ne sont “pas à la hauteur pour répondre aux enjeux de société“ car, même si “elle n'est pas inintéressante“, l'initiative se veut uniquement axée sur la condition physique des jeunes : “Pour nous ça rentre dans le cadre du tout évaluation, et ça n'aborde que des choses fonctionnelles sur la santé, alors que l'EPS a aussi une fonction culturelle et émancipatrice“, regrette Coralie Benech.
Autres points soulignés, la disparition de l'EPS pour l'obtention du brevet (DNB), ainsi que l'augmentation au baccalauréat de la place des compétences méthodologiques et sociales (savoir chronométrer, savoir arbitrer, savoir coacher...) au détriment de la dimension sportive de l'EPS, que l'on retrouve à travers la motricité et dans la pratique elle-même.
“Si on veut investir et avoir des ambitions, il faut investir sur l'EPS“. Le SNEP-FSU considère négatif le bilan du dernier quinquennat, évoquant un “affaiblissement de l’EPS dans le système scolaire“, citant notamment la baisse des horaires pour la matière en lycée professionnel et la hausse du nombre d'élèves par classe. “Seul lieu de pratique physique obligatoire pour tous les enfants de 3 ans à 18 ans“, l'EPS “a besoin d’enseignants en nombre suffisant, d’installations sportives, de moyens pour la formation“. Et afin de réaliser l'ambition vantée par le gouvernement,le SNEP-FSU considère comme urgent et “nécessaire “d’augmenter immédiatement les horaires de l’EPS à 4h hebdomadaires“.