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Réforme des lycées pros : Les élèves “ne sont pas dupes“ (syndicats à l'Assemblée nationale)

Paru dans Scolaire le vendredi 09 juin 2023.

Les élèves qui vont vouloir s'orienter dans la voie pro, “on va complètement boucher leur horizon“, estime Sigrid Gérardin de la FSU, interrogée par la commission culturelle de l'Assemblée nationale lors d'une table-ronde ayant eu lieu mercredi 7 juin.

Elle explique qu'avec la réforme en cours, seuls quelques métiers vont à terme rester dans les lycées pros, ceux des métiers des secteurs en tension (métiers du nettoyage, métiers du bâtiment). Mais les élèves “ne veulent pas aller sur ces métiers-là, ils ne sont pas stupides, ils sont pas dupes, ils ont des parents qui travaillent dans le nettoyage ou dans le bâtiment, et si ils choississent les métiers ‘commerce‘ ou ‘vente‘, c'est qu'ils ont des hrizons plus larges que dans les métiers auxquels on veut les conduire“. “Ce n'est pas en changeant les cartes de formation qu'on va forcément attirer“ abonde en ce sens Laurent Lapeyre du SE-UNSA, qui souhaite plutôt une revalorisation des métiers avec une amélioration des conditions de travail pour améliorer l'attractivité des formations.

Bien que Carole Grandjean s'en défendait la semaine dernière au Sénat (voir ToutEduc ici), plusieurs représentants syndicaux comme Philippe Dauriac de la CGT Educ'action ont dénoncé l'adéquationnisme qu'implique la réforme en calibrant les filières sur les métiers en tension et en fermant les filières “non insérantes“ d'ici à 2026. Valérie Lejeune-Lambert du SNALC fait remarquer que les outils de mesure de l'insertion comme Inser Jeunes, qui détermine le taux d'insertion par diplôme via une comparaison avec l'apprentissage, sont “faussés“ car ils ne prennent pas en compte l'emploi public ou ne ne mentionnent pas l'âge moyen des lauréats des diplômes.

La question du temps de formation dans un milieu “inclusif“ a également été plusieurs fois reprise par les organisations syndicales, et Sylvain Berthaud (SGEN-CFDT) estime qu'aujourd'hui “le temps scolaire" est insuffisant "pour prendre en charge efficacement les élèves qui fréquentent la voie pro" et "n'est plus compatible avec les enjeux qu'on lui assigne“. Ce dernier considère également que “la gratification proposée aux élèves va sans nul doute semer le trouble dans le choix des jeunes“, certains pouvant préférer être réumnérés que d'aller vers une poursuite d'études. A ce titre, Philippe Dauriac fait remarquer que dans le dossier de presse du ministère, le mot stage a remplacé celui de PFMP alors qu'il contient le mot “formation“. Valérie Lejeune-Lambert ajoute que durant les groupes de travail (destinés à soumettre des propositions pour la réforme), le Medef et la Cgpme n'ont fait aucune proposition pour augmenter l'offre de stage des mineurs infra-bac.

Des annonces “brutales“ pour des équipes “dans le désarroi“.

Les organisations syndicales ont particulièrement insisté sur la menace d'un “plan social“ pour les personnels de l'éducation nationale, sur une réforme “managériale“, qui consiste à faire “basculer les métiers d'enseignement à de l'accompagnement vers l'emploi“, “vers des métiers d'agent de France Travail, voire de VRP multicarte pour l'apprentissage“, assure Sigrid Gérardin, et à “externaliser“ les missions de service public aujourd'hui dévolues aux professeurs de lycée professionnel.

D'ailleurs, concernant le bureau des entreprises, est regretté un manque de financement, et son rôle de “gestion RH à la petite semaine comme sait bien le faire l'EN“, tacle Sylvain Berthaud. “Comme souvent on va y placer des collègues qui sont en difficulté dans leur métier*“, poursuit-il, ce qui se traduira par un différentiel de salaire entre des personnels enseignants en difficulté à 3000 euros et des contractuels payés le SMIC pour faire les mêmes tâches administratives“.

Au final, les syndicats dénoncent la posture idéologique de la réforme, une vision a très court terme de l'économie actuelle qui vise à “offrir une main d'oeuvre gratuite“ aux entreprises, ou encore à “organiser la déscolarisation des élèves les plus fragiles scolairement, ceux-là même qui ont besoin le plus d'école“, alors qu'il faudrait selon augmenter davantage les qualifications des jeunes.

La vidéo ici

* Selon les informations recueillies par ToutEduc, alors que dans certaines académies, des enseignants, éventuellement des DDFTP, pourront être recrutés (voir à ce sujet ToutEduc ici), dans d'autres, notamment Toulouse et la Région académique Grand Est, des annonces ont été passées via Pôle emploi pour des recrutements externes à l'Education nationale.

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