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Carole Grandjean détaille son projet pour “adapter“ les formations pros aux besoins de l'économie, aux évolutions sociétales et du marché du travail (Sénat)

Paru dans Scolaire le mercredi 07 juin 2023.

Jeudi 1er juin, Carole Grandjean était interrogée par les sénateurs de la délégation aux entreprises dans le cadre d'un rapport sur la formation, les compétences et l’attractivité. Elle évoque notamment le déficit de France Compétences et la répartition des tâches entre les Régions et l'Etat quand il s'agit de l'information sur les métiers pour les collégiens.

Voie professionnelle

Elle considère en effet que l'enjeu de l'orientation est essentiel“ mais alors que cette compétence est dévolue aux régions depuis 2018, la réalité de l'information sur l'orientation et de l'orientation en elle-même, “n'a pas beaucoup évolué ces dernières années“, d'où l'idée de se faire partenaire “parce qu'à l'EN nous avons cette capacité de passer à l'échelle, de massification de l'information“, et donc d'organiser au sein des établissements et de chaque classe une organisation de la découverte des métiers. Et d'ajouter par la suite que “c'est là aussi où l'école sait faire, elle sait aller accompagner chacun sur tous les territoires et au-delà des convictions de tel ou tel professeur ou de l'éloignement de tel ou tel collège“. Seront ainsi organisés des visites d'entreprises, des visites de professionnels dans les établissements scolaires, des déplacements dans des lycées pros, des PLP qui viendront dans les collèges...

Aussi, alors qu'un certain nombre de jeunes “n'exercent pas le métier pour lequel il a été formé“, la découverte des métiers a pour enjeu, “non pas d'orienter bien sûr dès la 5ème, mais au moment où on se pose la question de l'orientation (donc de l'anticiper dès la 4ème, ndlr)", d' “avoir une meilleure visibilité de ce que sont les métiers et de pouvoir faire un choix accompagné, plus éclairé, sur la transparence, sur les taux d'insertion et de poursuite d'étude. Des outils de pilotage seront d'ailleurs déployés pour mesurer, dans un souci de “transparence“, les taux d'insertion et de poursuite d'études. Est aussi citée la plateforme Diagoriente, un outil “assez exceptionnel“ qui comporte “des questions posées aux jeunes pour les aider à dégrossir le projet d'orientation“.

“Le lycée pro doit pouvoir avoir une image qui soit redorée, il le mérite parce qu'il est stratégique pour les compétences de la nation“ estime la ministre qui explique qu'il est trop souvent une voie d'orientation subie, que des élèves sont orientés de fait dans la voie pro en raison d'un niveau scolaire trop fragile. Mais il s'agit en même temps de faire un travail de fond pour qu'il soit positionné comme un acteur stratégique, estime-t-elle, avec des formations sur les métiers de la transition énergétique, de l'écologie, du numérique, “sur des filières qui sont porteuses et reconnues par la société“. Le travail de fond évoqué s'appuie également sur les dispositifs déjà mis en place (dédoublement au 1er degré, travail sur les fondamentaux) afin, tout au long du parcours d'essayer de “lisser“ les fragilités scolaires “qui viendront prendre leurs effets au lycée pro dans quelques années“.

Mais comme aujourd'hui ces fragilités scolaires “existent objectivement“ (7/20 de moyenne au brevet pour les lycéens en voie pro pour une moyenne de 11,7 sur 20 pour ceux qui sont orientés vers l'enseignement GT) il faut les accompagner, fait valoir la ministre, “il faut lutter contre le décrochage, à tous niveaux et dans le cursus, dès lors qu'on commence à voir de l'absentéisme, on va mettre en place tous les partenaires arrimés, les E2C, les Epide, les missions locales, tous ces acteurs qui savent faire avec ces jeunes qui sont en décrochage pour aller retravailler le projet, et construire avec eux le sens qu'ils ont envie de donner à leur parcours“. Cela sera également le cas en post diplôme, car “il s'agit de ne pas les laisser en septembre sans solution, et donc ils seront toujours sous statut scolaire l'année qui suit l'obtention de leur bac pro, avec un engagement de l'établissement et des partenaires pour aller l'aider à faire une MC (mention complémentaire), aller rechercher un emploi, faire un stage“ et, au final, “ne pas rester sans solution et être dans une dynamique active d'insertion professionnelle“.

Est encore évoquée la création de formations de spécialisation post bac (appelée FCIL, formation complémentaire d'Initiative locale), “une modalité très attendue des entreprises“ grâce à laquelle on observerait “20 points de plus d'employabilité“ chez les jeunes qui en sont issus. Le nombre de places consacrées devrait passer de 4 500 à 20 000 d'ici à 2026.

Mais “au fond, est-ce que tout ça est suffisant ?“ se demande à un moment Carole Grandjean. Elle veut travailler sur les contenus, et créer de nouvelles formations car il s'agit qu'elles “soient plus adaptés aux métiers d'aujourd'hui : les métiers évoluent, les contenus doivent le faire aussi“. Elle dit “assumer de fermer des formations qui n'insèrent pas et qui ne permettent pas des poursuites d'études réussies“, c'est à dire “arrêter d'envoyer des jeunes dont on sait pertinemment que les taux d'insertion sont à 10 % et les taux de poursuites d'études réussies à 10 %, (..) c'est à nous en responsabilité de se dire que la formation ne correspond plus ni à la réalité économique du pays, ni à la réussite de ces jeunes“.

D'où le rôle du bureau des entreprises, qui permettra de “travailler sur les partenariats locaux, d'être le réseau de ceux qui n'en ont pas“, ou de travailler sur la qualité des stages (à ce titre les entreprises sont invitées à se mobiliser) pour des jeunes“ qui ont besoin qu'on les aide à mettre le pied à l'étrier“. Le but est donc d'avoir “quelqu'un a plein temps, disponible toute la semaine, identifié par les acteurs entreprise et donc la porte d'entrée de l'entreprise dans le lycée“. En plus des acteurs déjà en place (DDFTP, DRAFPIC), la personne en charge du bureau aura le rôle de travailler sur l'évolution des contenus, “en échangeant avec une entreprise on fait savoir que tel ou tel sujet n'est plus à l'ordre du jour du métier“.

Apprentissage

Concernant l'apprentissage, elle a rappelé l'objectif du gouvernement d'atteindre 1 million apprentis par an d'ici à la fin du quinquennat, qui sera notamment soutenu par le prolongement de l'aide au recrutement d'un apprenti (6 000 euros) jusqu'à la fin du quinquennat. La ministre déléguée chargée de l'enseignement et de la formation professionnels considère comme “un succès“ le développement de cette politique, car “l'apprentissage permet à 7 jeunes sur 10 de rentrer dans l'emploi“.

Subsistent cependant des questions concernant le déficit de France Compétences et le coût des contrats. En effet, indique-t-elle, la cotisation des entreprises (la CUFPA) ne couvre pas l'entièreté des dépenses, c'est pourquoi l'Etat offre “un accompagnement pour garantir les dynamiques qui ont été enclenchées par des décisions politiques“ (4,7 Mds € par exemple en 2022). Mais elle ajoute qu' “il ne s'agit pas pour le gouvernement de rééquilibrer les comptes de France compétences, mais bien d'envoyer “un signal puissant de soutien de l'état dans le financement de la formation initiale par la voie de l'apprentissage“.

De plus, ce soutien aux politiques de formation “s'accompagne de mesures concrètes de régulation qui visent à mieux maîtriser la trajectoire financière de France Compétences“. Il est donc question de “viser le juste prix de chaque certification“ dans la prise en charge des contrats. Après une première baisse des coûts-contrats en septembre 2022, une autre est prévue mais elle a été décalée à la rentrée prochaine “pour ne pas mettre en difficulté les CFA et se laisser le temps de documenter l'impact de l'inflation sur le modèle économique des CFA“. Il est également question de la qualité dans la partie mise en œuvre de leur contenus de formation, ainsi que des évolutions sur la transition écologique, numérique et démographique.

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