"Une politique de la Jeunesse devrait porter l'ensemble des jeunes" (Marie Choquet, Le Monde)
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Justice le dimanche 25 juillet 2010.
"L'erreur fondamentale a été de penser que ceux qui allaient mal étaient les pauvres; à force, on a oublié les jeunes de la classe moyenne. Une politique de la jeunesse devrait porter l'ensemble des jeunes." Marie Choquet, épidémiogogiste, est interviewée dans "Le Monde magazine" (supplément au Monde du 24 juillet). Constatant que les études sur les comportements des adolescents sont récentes, la première date de 1993, la chercheuse évoque sa conviction que "la majorité des jeunes vont bien" et remarque que "ce sont les modérés, et non ceux qui s'interdisent tout, qui vivent bien et longtemps". Mais la modération ne fait pas vendre, et les médias mettent l'accent sur les extrêmes, ou sur des phénomènes marginaux, comme les jeux dangereux, plutôt que sur les 500 morts par suicide.
Elle prend donc partiellement le contre-pied de l'alarmisme actuel: certes, "des comportements comme la consommation de cannabis et la tentative de suicide ont augmenté, [mais] d'autres ont diminué (comme le tabagisme ou la consommation régulière d'alcool)."
Le paysage a pourtant changé, puisque "tout est de plus en plus précoce" et que "les filles ont adopté certains comportements qui étaient auparavant typiquement masculins (tabac, alcool, etc.)", et les cumulent avec les dépressions, les tentatives de suicide et les troubles alimentaires.
Interrogée sur la consommation de drogue, elle note que "tous les produits [illicites] sont actuellement disponibles pour celui qui veut et qui est prêt à les payer", et s'inquiète des politiques de prévention mises en oeuvre: "Est-ce en informant sur les dangers que l'ont va prévenir les comportements? Toutes les études prouvent que la réponse est non." Même chose pour la violence: "on fait peu pour la prévenir, sauf à mettre des caméras de surveillance."
Elle constate aussi que "les parents sont mis en accusation" au moindre problème. "On les traite de démissionnaires." Avec les jeunes, ce sont les "boucs émissaires" des problèmes de notre société.