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La préfecture du Pas-de-Calais empêche-t-elle les enfants d'exilés d'inscription à l'école ? (Streetpress)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le lundi 04 juillet 2022.

“Vous n’avez pas le droit d’inscrire vos enfants à l’école, vous êtes demandeur d’asile“, peut-on lire dans un article de Streetpress à propos de la menace qu'aurait émise une référente sociale du centre d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) féminin de Béthune (62) envers une mère de trois enfants. Le site d'informations révèle, extraits audios à l'appui, de possibles interdictions de scolarisation d'enfants de personnes en situation illégale dans le Nord de la France.

L'alerte aurait été donnée dès 2018 par une femme de ménage de 52 ans travaillant pour l’association la Vie active dans un Centre d’accueil et d’examen des situation (CAES) pour exilés : “Quand je suis arrivée, certaines familles étaient là depuis un an. Les enfants n’avaient jamais été scolarisés. Quand j’ai posé la question, on m’a répondu que c’était une demande de la préfecture.“

Par la suite, “plusieurs associations enquêteront collectivement sur les conditions de vie en CAES“, indique le site internet pour qui “les constats sont accablants, il est notamment question de malnutrition et d’entraves volontaires à la scolarisation des enfants.“ La préfecture aurait ainsi donné la consigne (illégale) d'interdire aux exilés d’inscrire leurs enfants à l’école, pourtant obligatoire.

Entraves

Sont relatés des faits qui “se seraient déroulés dans au moins trois centres d’hébergement gérés par l’association“ La vie Active, les CAES de Nedonchel et Saint-Venant, ainsi que le CHRS de Béthune. Les CAES ont été créés en 2017 à titre expérimental et sont financés en partie par le gouvernement britannique, en collaboration avec la France dans le cadre de la lutte contre l’immigration clandestine. Ces structures ont donc une double fonction, répressive et humanitaire. Toutes les 48 heures, les campements situés autour de Calais sont expulsés et leurs habitants fortement encouragés par les forces de l’ordre à prendre des bus en direction des CAES sous menace d’être interpellés par la Police aux frontières. Les personnes exilées sont censées avoir la possibilité de préparer leurs demandes d’asile en quinze jours avant un transfert dans une autre structure, mais des familles y restent plusieurs mois, voire des années.

“Si vous inscrivez vos enfants à l’école, vous n’aurez pas de logement par l’Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII), vous n’aurez pas les papiers de la part de la préfecture." Après les menaces, la mère de famille susmentionnée aurait tout de même tenté d'inscrire ses enfants à l'école en se rendant à la mairie et subi des représailles.

Un “système punitif“ également en vigueur au CAES de Nédonchel, où “les salariés de la Vie active auraient ‘catégoriquement‘ refusé d’aider“ des parents à inscrire leurs enfants à l’école“ et où se trouveraient des “familles hébergées depuis plusieurs mois dont les enfants ne sont pas scolarisés.“

Système punitif

Co-fondatrice de Réseau éducation sans frontières (RESF) Arras-Lens et représentante du syndicat FSU 59-62, professeure d’allemand, Catherine Piecuch témoigne de la situation d'un élève de 14 ans hébergé au CAES de Saint-Venant avec sa famille : “ses petits frères et sœurs relevant de la maternelle et de l’élémentaire n’étaient pas scolarisés, ils sont restés des mois enfermés dans une pièce sans accès à une vie sociale et à une scolarisation.“

Le directeur de l’établissement de Saint-Venant explique à un père de famille : “Je suis très déçu car vous êtes allé à la mairie pour demander l’inscription de vos enfants à l’école. Vous savez que ce n’est pas possible, je vous l’ai dit plusieurs fois." Selon les extraits audio dévoilés par le média d'investigation, le directeur ajoute : “Je comprends que vous voulez une bonne vie pour vos enfants. Je peux comprendre ça.“ Mais conclut : “personne ne va à l’école avant un transfert“.

Consigne

Est ensuite détaillée l'action de la Vie active “connue pour le lien étroit qu’elle entretient avec la préfecture du Pas-de-Calais“ et qui depuis 2014 “rafle toutes les subventions publiques dédiées aux actions humanitaires que l’État a mises en place à la frontière franco-britannique. Des containers du bidonville à la distribution des repas, de l’accès aux douches à l’ouverture de trois CAES, la Vie active est partout et suit les politiques de l’État sans remise en question éthique.“

Pour le maire de Saint-Venant, “la consigne a été donnée“ par les services de l’État : “La question d’une scolarisation à l’école ne se pose pas selon les services de l’État puisque les ‘étrangers‘ ne résident pas dans le sens juridique, mais sont hébergés de façon temporaire.“

De son côté, la préfecture du Pas-de-Calais “assume les difficultés de scolarisation des enfants“, qu’elle justifierait “par la courte durée de leur séjour“. Selon cette dernière, “aucune pression ni aucune instruction émanant des services de l’État n’est venue entraver la scolarisation de ces enfants.“

L'article de Streetpress ici

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