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UPE2A, CIO.. Pour les enfants de bidonvilles, des dispositifs “saturés“ (Romeurope)

Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire, Culture, Orientation le mardi 24 mai 2022.

- “C’est Ana-Maria qui entre en dépression quand la mairie de la ville d’Antony lui refuse l’inscription scolaire, au prétexte qu’elle habite dans un bidonville.“

- “C’est Seydina, ‘mineur non accompagné‘, arrivé seul en France à l’âge de 15 ans. Resté un an sans école dans l’attente de l’intervention de la protection de l’enfance, il a pris un retard irréversible dans son parcours d’instruction.

- “C’est Jassem, profondément humilié par un refus d’inscription au lycée essuyé parce que né aux Comores.“

- “Pour scolariser Ritchy, ses parents ont dû renoncer à leur mode de vie itinérant, car l’enseignement est très mal adapté aux dizaines de milliers d’enfants dits ‘Gens du voyage‘.“

Ces témoignages, qui montrent la “réalité lointaine“ que peut être l'école pour certains, renvoient au vécu de plus de 25 000 personnes en 2022 dans des bidonvilles sur le territoire métropolitain, mis en lumière par le collectif national droits de l'homme “Romeurope“ dans son rapport bisannuel publié jeudi 19 mai.

Les quelques avancées constatées sur certains territoires, estime sa présidente “sont presque invisibles au regard des échecs et du laisser-faire“. “Nous avons besoin d’une loi contraignante et ambitieuse, demande ainsi Claire Sabah, la présidente de Romeurope, pour que la résorption de ces lieux de vie s’ancre dans des politiques publiques plus larges“.

Car la stratégie de la France, élaborée suite à une recommandation du Conseil de l’Union européenne (UE), est “incomplète et sans ambition“ et au final, “les objectifs ne sont pas atteints“ en raison d' un “manque de volonté politique“. Même si elle utilise pour la première fois le terme “antitsiganisme“, la France “se contente trop souvent de déclarations d’intentions et ne détaille pas les moyens opérationnels nécessaires, évoqués de manière évasive“.

En outre, “les personnes Roms ne vivant pas en bidonville ne sont pas considérées par cette stratégie, invisibilisées : comme si le fait qu’elles habitent dans un logement résolvait l’ensemble des problèmes dont elles peuvent faire l’objet“, comme la discrimination à l’école. Ainsi, 70 % des enfants vivant en bidonvilles et en squats n’ont jamais été scolarisés, ou bien de manière discontinue, ou sont en décrochage scolaire, selon une estimation de la Dihal (délégation interministérielle à l'hébergement et à l'accès au logement) fin 2021.

Selon Romeurope, qui regroupe 50 associations et collectifs locaux, il y a actuellement 100 000 enfants et jeunes qui seraient privés d’école en France, notamment en raison de refus illégaux d’inscription, alors que l’instruction est obligatoire pour tout enfant de 3 à 16 ans et que les maires ont l’obligation légale de leur en donner accès, en recensant au préalable tous les enfants vivant sur leur commune.

En réponse à une demande des associations qui déploraient des blocages réguliers devant des guichets exigeant une liste variable et abusive de documents, un décret de 2020 a circonscrit la liste des pièces justificatives à fournir pour les inscriptions. Néanmoins, “des mairies persistent à dresser des obstacles illégaux devant les familles en situation de précarité, les contraignant à saisir la justice pour faire valoir leurs droits".

Sont également décrits des dispositifs saturés, comme les unités pédagogiques pour élèves allophones arrivant (UPE2A) déployées par l’Éducation nationale pour dispenser un enseignement renforcé en français langue seconde en appui à une inscription dans une classe ordinaire.

Conséquence, “alors même que ces élèves devraient être prioritaires, au vu des difficultés qu’ils rencontrent au quotidien“, en découlent “des absences de scolarisation, des affectations dans des établissements lointains, etc.“

Les associations de terrain ont ainsi “dégagé la nécessité de travailler à l’interface entre les lieux de vie des familles et l’institution scolaire, pour établir des passerelles facilitatrices, en créant des postes de médiatrices et médiateurs scolaires.“

Romeurope indique que l’État finance près d’une quarantaine de postes de médiation scolaire dans toute la France depuis 2020, “ce qui constitue une véritable avancée pour les enfants et adolescent·es vivant dans les bidonvilles et autres lieux de vie informels“. 30 postes de médiatrices et médiateurs scolaires ont également été créés en 2020 par la Dihal “pour aider les enfants à aller à l’école et à y rester“.

Le collectif ajoute que le nombre de ces postes, répartis dans une quinzaine de départements (Seine-Saint-Denis, Nord, Loire-Atlantique, Bouches-du-Rhône..) “augmente, depuis deux ans, signe de la reconnaissance de l’utilité de cette fonction passerelle“.

Malgré tout, regrette-t-il, ces postes “ne s’adressent malheureusement pour l’instant qu’aux seul·es citoyen·nes européen·nes“ alors que l’invisibilité des populations vivant en bidonvilles, l’extrême précarité de leur situation, l’instabilité des familles, le défaut d’accompagnement des parents “sont autant de facteurs très pénalisants qui entravent durablement l’accès à une scolarité pour les enfants.“ Romeurope souhaiterait notamment que soit renforcée la médiation scolaire sur tout le territoire métropolitain et dans les Outre-mer.

Le rapport 2022 de Romeurope ici

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