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Une reprise chaotique : paroles saisies sur le vif

Paru dans Scolaire le mercredi 05 janvier 2022.

Notre confrère Le Parisien publie le 2 janvier 2022, à la veille du retour des vacances scolaires, une interview du ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer. Il déclare : "Dès ce lundi (...) nous renforçons notre politique de "contact-tracing". Elle passera par la multiplication des tests et la participation des familles à ce dispositif fondé sur la responsabilisation." Le mot est lâché, la responsabilisation, "comme d'habitude, dit Fabien, Proviseur adjoint dans un lycée général, et c'est à nous de faire le reste". Les syndicats dénoncent ce nouveau protocole sanitaire (ici) qui s'ajoute aux autres, depuis le début de la pandémie de la Covid-19. L'accès à l'interview est payant, ce qui fait également réagir, à travers les réseaux sociaux, entre autres, enseignants et parents. Le ministère apporte des réponses aux indignations syndicales ou parentales (ici). Et l'interview devient accessible...

Le 3 janvier, "tout le monde est à son poste", remarque encore Fabien. Et "tout est presque normal, commente Julien, CPE dans un lycée professionnel, hormis l'imprévu, ce qui nous arrive subitement, après le rien, après "tu fais et tu te tais", comme semble le penser la hiérarchie, à commencer par le ministre". Les mails abondent. Une seule et même consigne : respecter le nouveau protocole sanitaire. Sabine, proviseure dans un lycée général avoue : "Ce n'est pas de gaieté de cœur que je me retrouve porte-parole d'une institution qui a oublié qui nous sommes. Je me sens juste comme un pont sur lequel passent les injonctions. Parfois, j'ai honte de croiser le personnel que j'administre, normalement." Sandrine, proviseure dans un lycée professionnel, opine : "J'exécute. J'ai des informations que je transmets aux collègues et aux parents. Rien n'est dans le concret. Je sais, mon travail existe car les personnes avec qui je le partage tentent de le respecter."

Le lundi, au moment de la reprise, Alain, élu syndical, remarque : "Tout est comme avant. Les élèves, à 30, et plus, dans une salle exiguë, le concierge, tout sourire, porte encore son masque à moitié, les élèves, les collègues aussi... tout le monde finalement. Les collègues sont fatigué(e)s, résigné(e)s ; ils font la moue mais en même temps le dos rond, avec une tasse de café à la main. Ils s'embrassent et se souhaitent bonne année. Et quand tu leur parles de la réalité, qu'il faudrait bouger, ils tentent l'esquive." Gilles, enseignant dans un lycée professionnel, de renchérir : "Nous avions eu une heure syndicale. Le lundi à 11 heures. Avant les vacances, nous étions nombreux et avions prévu de foutre la pagaille. A mon sens, tout avait été beau, si je puis dire. Et à ma grande stupeur, ce lundi de la rentrée, il n'y avait que peu de collègues. Et de quoi ils parlaient ? Des PFMP, du proviseur qu'ils n'aimaient pas, des élèves qui n'avaient pas de stage..."

La reprise fut donc. Et Lila, enseignante, mère de famille, se lève pour aller au travail. Elle réveille sa fille. Avant de prendre le petit déjeuner, elle jette un coup d’œil sur son téléphone portable. Un mail vient juste de tomber, à six heures : la maîtresse est malade et non remplacée. "La journée tourne autrement, dit-elle. J'appelle le lycée. On ne répond pas. Il était tôt, peut-être. J'ai oublié l'heure. Je rappelle à huit heures, je tombe sur le concierge que je connais bien. Il me dit que depuis ce matin, son téléphone n'arrête pas de sonner : élèves, profs, agents de services, AED, CPE... tout le monde est malade. D'ailleurs, le dimanche à vingt heures, veille de la rentrée, la proviseure nous demandait d'être conciliants au regard du nombre de personnels déclarés absents. Tout en nous souhaitant une bonne année..." Céline, elle, agente de service dans un collège, mère de deux enfants, n'arrive pas à trouver une place pour faire tester toute sa famille. "Les pharmacies, les laboratoires du coin, remarque-t-elle, sont débordés. Avec mon mari et mes enfants, nous avions fait la queue. Trois-quarts d'heure après, nous sommes testés. Tous positifs. A la maison, vous imaginez le souk... Et je n'ose même pas imaginer la charge de travail qui revient aux remplaçants...".

Dans une grosse commune d'Ile-de-France, on a vu une famille qui venait d'apprendre que les classes de ses enfants étaient fermées, faute d'enseignants, les faire passer par-dessus le grillage : "de toutes façons, ils seront bien obligés de s'occuper de vous..."

Propos recueillis par Rabah Aït-Oufella

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