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Pour la FCPE Paris, “Le bilan est plutôt positif dans l'ensemble“ après la réforme d'Affelnet dans la capitale (interview)

Paru dans Scolaire le mercredi 20 octobre 2021.

En 2021, Paris comptait 177 collèges, 108 lycées d’enseignement général et technologique, 58 lycées professionnels et polyvalents et 3 EREA (établissements régionaux d'enseignement adapté) pour 160 948 élèves. Ghislaine Morvan-Dubois, présidente de la FCPE Paris, a répondu aux questions de ToutEduc pour faire un bilan d'Affelnet (pour “Affectation des élèves par le net“), le système d'affiliation des collégiens de 3ème dans les lycées de la capitale. Celui-ci a été réajusté l'année dernière, avec la mise en place d'un indice de positionnement social et une révision des secteurs d’affectation des lycées.

ToutEduc : Quel est votre bilan de la réforme d'Affelnet ?

Ghislaine Morvan-Dubois : “Le bilan est plutôt positif dans l'ensemble. La mixité sociale s'était déjà vraiment beaucoup améliorée en 2013 (année d'une étude sur l'impact des procédures de sectorisation et d'affiliation de la mixité sociale et scolaire) , à Paris nous sommes maintenant bien au-dessus de Versailles ou de Créteil en terme de mixité sociale. Beaucoup de parents on eu surtout peur, peur du changement. Nous sommes sur une expérimentation. L’académie a mis en place un changement radical de méthode d’affectation, et malgré l’impossibilité initiale de projeter un résultat, très dépendant des choix des élèves, le résultat est globalement respectueux des élèves. Il y a des endroit où les cartes seront à rectifier, essentiellement en termes d’accessibilité des collèges à tous les lycées de secteur. Il y a des mixités qu'il va falloir analyser. A la FCPE Paris, on présente des objectifs de mixité sociale, scolaire et interquartier, et je pense qu'on arrive à faire réaliser à certains parents l'importance sociétale d'une telle réforme. Il reste cependant beaucoup d’entre soi, dans le 16e arrondissement par exemple. Nous avons une vigilance là-dessus. Dans le 13ème arrondissement, il n'y a presque plus d'affectation d'élèves vers le 5ème (les deux arrondissements sont limitrophes, ndlr). La mixité inter-quartier est le seul hic, un des problèmes majeurs à résoudre.

ToutEduc : L'objectif de préserver la mixité sociale est-il atteint ?

Ghislaine Morvan-Dubois : Selon plusieurs collèges avec qui nous sommes en contact, elle a été préservée. La partie d'Affelnet réservée aux boursiers fait en sorte qu'il y ait plus de mixité sociale. Il y a en moyenne 23 à 24 % de boursiers dans les collèges parisiens. Dans le centre de Paris, dans les lycées les plus en tension, 28 % de boursiers sont admis. A contrario, dans des lycées comme Lavoisier ou Fénelon des places sont réservées aux boursiers mais les quotas ne sont pas remplis. Il y a une autocensure très forte, et un de nos enjeux est de lutter contre cela, de montrer que les boursiers sont biens accueillis dans des établissements qui sont perçus comme très sélectifs.

ToutEduc : La mixité est-elle uniquement sociale ?

Ghislaine Morvan-Dubois : Il y a la mixité sociale et nous allons l'atteindre. Affelnet a aussi un effet sur la mixité scolaire et géographique. Certains voudraient un Affelnet pour tout Paris, où tous les lycées sont en compétition. Mais le problème de départ c'était justement ces lycées de niveaux, avec d'année en année une “pyramide“ qui se renforçait. C'est ce qui se passait dans les quatre arrondissements du centre de Paris. Il y a deux types d’établissements où on sent que ça ne changera pas beaucoup, ceux les plus demandés (comme par exemple Charlemagne) qui vont rester extrêmement élitistes, et ceux les moins demandés. Paradoxalement, certains collégiens qui ont été mal conseillés n'ont pas été pris dans la liste de lycées qu'ils avaient établie, et se retrouvent affectés dans des lycées moins attractifs, qui vont du coup augmenter leurs taux de réussite. Il y a aussi quelques établissements qui changent de physionomie, ils ont un niveau constant mais pas la même population, notamment grâce au bonus IPS.

ToutEduc : L'indice de positionnement social, bonus lié à la catégorie sociale d'un établissement, a fait son apparition 2021. Qu'en pensez-vous ?

Ghislaine Morvan-Dubois : Sur l'IPS beaucoup de parents aimeraient que ça bouge. Nous on aimerait que ça reste un bonus, pas un sésame. La première chose à considérer, c'est que l'IPS utilisé par Affelnet n'est pas l'IPS tel qu'il est défini originellement. Normalement il devrait intégrer dans son calcul la catégorie socioprofessionnelle, le revenu et la structure familiale. En réalité c'est uniquement la catégorie socioprofessionnelle qui est utilisée, donc la notion est dévoyée. Si l'on prenait en compte les revenus, la structure familiale, cela pourrait changer pas mal de choses. Du coup l'IPS défavorise les classes moyennes par rapport aux classes favorisées. On devrait revenir à l'idée de PCS (catégories socioprofessionnelles, ndlr) si les paramètres pris en compte pour le calcul du bonus n’évoluent pas. Pour un bonus IPS qui ait un sens, il faudrait être honnête et prendre en compte les revenus.

A la réflexion, l'IPS a vraiment un sens. Il est important de donner un coup de pouce à des collèges qui ont une réelle mixité sociale ou sont défavorisés. Il est important que ce bonus reste à l’échelle du collège, pour valoriser les familles qui n’ont pas fait de contournement scolaire. Il doit rester un bonus, et ne pas faire une différence telle que des collèges sans ce bonus ne puissent pas accéder à certains lycées. C’est pour la FCPE plus une question à résoudre dans l’équilibre des cartes, en réduisant le nombre de collèges affiliés à certains lycées.

ToutEduc : Quels modifications demandez-vous pour améliorer le système ?

Ghislaine Morvan-Dubois : Il y en a plusieurs. Nous demandons en premier lieu au rectorat de revoir la carte d'accès à certains lycées. Il faudrait que pour 30 collèges environ la carte soit revue, mais c'est un équilibre que nous ne maitrisons pas, c'est vraiment du ressort du rectorat. Certains collèges périphériques demandent à avoir accès au centre. L’idée serait que les collèges moins favorisés aient tous un lycée très attractifs, ça permettrait d'équilibrer les cartes. Il faudrait également augmenter le temps de référence pris en compte pour calculer la distance entre le collège d'un élève et le lycée qui pourrait l'accueillir. Il est aujourd'hui fixé à 25 minutes, ce n'est pas suffisant, nous pensons plutôt à 30 minutes. Nous souhaitons également une meilleure diffusion de l'information sur le sujet. Pour certains professeurs qui connaissent mal le système, et pour les élèves boursiers qui ont besoin de savoir à quels endroits ils peuvent aller. Enfin, nous pensons que l'IPS pourrait être bien plus progressif (il y a actuellement trois niveaux de bonus : 0, 600 ou 1200 points, ndlr).

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