La fondation Break Poverty et la lutte contre le déterminisme social (une initiative présentée par Bleu Blanc Zèbre)
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le vendredi 28 mai 2021.
Dans le cadre d'un partenariat avec le réseau associatif Bleu Blanc Zèbre, mouvement citoyen qui fédère les porteurs de solutions sociales et environnementales, ToutEduc publie des présentations d'initiatives pouvant intéresser les acteurs de l'éducation. Cette semaine, Bleu Blanc Zèbre a choisi la Break Poverty Foundation.
En 2018, le test PISA révélait, une fois de plus le poids du déterminisme social sur les résultats scolaires et il est particulièrement important en France (voir ToutEduc ici), 20ème sur 21 des pays de l'OCDE. C’est en partant de ce constat que Denis Metzger (sa notice wikipédia ici) a créé la fondation Break Poverty. Considérant que le déterminisme social se crée dès la prime jeunesse, l’objectif de la fondation est de soutenir des projets associatifs qui travaillent sur trois domaines d’intervention : le soutien à la petite enfance, la lutte contre le décrochage scolaire et l’insertion professionnelle.
Le soutien à la petite enfance, car dès le plus jeune âge, les premiers écarts entre enfants issus de familles pauvres et enfants issus de familles aisées se creusent : dès 3 ans, on compte une différence de 500 mots maîtrisés entre les deux (1000 contre 500 mots, selon une étude américaine, ici et ici).
La lutte contre le décrochage scolaire, car ce déterminisme social se poursuit à l’école : un enfant d’ouvrier a quatre fois plus de risques de sortir sans diplôme qu’un enfant de cadre.
Ainsi, la fondation Break Poverty se donne pour mission de briser le cercle de la pauvreté et du déterminisme social, à travers la mise en place de plusieurs programmes.
Elle a mis en place un dispositif nommé “la dotation d’action territoriale”. Ce programme est né du constat qu’aujourd’hui, le mécénat social est très peu développé en France. En effet, 9% des entreprises françaises font du mécénat, et dans ces 9%, seulement 20% d’entre elles donnent à des causes sociales. Le problème ne vient pas uniquement du manque d’envie ou de moyens de la part des entreprises, mais traduit plutôt un manque de connaissances et de compétences dans ce domaine. Avec cette dotation d’action territoriale, l’idée est de créer des alliances réunissant entreprises, pouvoirs publics et associations pour lutter contre les problèmes que rencontrent les jeunes. Il s’agit d'abord d’établir un diagnostic des fragilités et des besoins des jeunes sur un territoire donné en partant de l’expertise des collectivités, d’identifier et sélectionner des acteurs associatifs locaux qui travaillent sur ce sujet. Des projets concrets sont alors définis avec des objectifs précis pour répondre à ces problématiques. L’idée est ensuite de démarcher des entreprises locales afin de financer ces projets. Dès lors, un suivi sur trois ans est assuré par la fondation.
L'expérience de Romans-Sur-Isère, dans la Drôme, en donne un bon exemple. La ville souffre d’un taux de décrochage scolaire post bac anormalement élevé, dû notamment à l’absence d’établissement d’études supérieures sur place. En regroupant le secteur public (la mairie et la région), les entreprises locales et l’association ACCES, qui pilote le dispositif, la fondation Break Poverty a permis l’ouverture du “Campus connecté Romans”, un lieu équipé de postes de travail et qui permet aux jeunes de poursuivre leurs études à travers des formations à distance.
A fin 2020, ce dispositif a permis de soutenir 21 projets associatifs, soit une moyenne de 7 projets par territoire. Pour le moment, 15 territoires sont couverts et l’objectif est d’en toucher 50 d’ici 2022.
Deuxième programme de la fondation, "réussite connectée" est né au début du premier confinement, en mars 2020, à la suite du constat qu’il y avait en France un réel sujet d’accès au numérique. cette crise sanitaire a démontré que la fracture numérique avait un impact sur la réussite scolaire. Dès lors, Break Poverty s’est donné pour objectif de fournir un équipement total aux jeunes qui en ont besoin : cela passe par un ordinateur, une connexion internet mais aussi du mentorat pendant un an. Ce dernier élément comprend la prise en main de l’outil et un accompagnement du jeune dans son projet professionnel. Le programme s’adresse aux collégiens, lycéens, ou jeunes en insertion professionnelle. En travaillant en collaboration avec des rectorats, des CFA (centres de formation d’apprentis), des acteurs du tissu associatif, des établissements scolaires et des missions locales, le programme a pu bénéficier à quelque 5 000 jeunes.
La fondation envisage à présent de développer un troisième programme de lutte contre le décrochage scolaire et ses conséquences. Elle considère que les données qui permettent de quantifier ce phénomène ne donnent pas une représentation exacte de la réalité car, malgré sa baisse au cours des dernières années, elles ne prennent pas considération les conséquences de ce phénomène. Pourtant, cela a un réel impact : on constate qu’il y 20 ans, un décrocheur scolaire avait entre 20 et 30% de chances d’être dans une situation d’inactivité, contre 65% de chances aujourd’hui. Il y a donc un véritable enjeu à ce sujet, pour lequel la fondation Break Poverty propose une prise en charge préventive : cela doit passer par un suivi extrascolaire dès la primaire, en passant par du soutien scolaire, par le placement de l’élève dans une posture d’apprentissage à travers des ateliers, mais aussi par le travail avec les parents.
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