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PISA : pas de bouleversements, mais des leçons à tirer...

Paru dans Scolaire le mardi 03 décembre 2019.

Les résultats de PISA 2018 sont publiés ce mardi 3 décembre. Quelque 600 000 élèves âgés de 15 ans, dans 79 pays ou régions du monde (dont beaucoup ne sont pas membres de l'OCDE),  ont subi ce test qui avait pour "majeure" cette année la compréhension de l'écrit, les deux mineures étant mathématiques et culture scientifique. Les données sont rassemblées dans trois forts volumes de plus de 350 pages chacun et autant de notices pour chacun des pays.

Pour ce qui est de la "compréhension de l'écrit" (ou "lecture"), le score moyen des élèves français est de 493 points, "légèrement au dessus de la moyenne OCDE". Les quatre régions chinoises (Beijing, Shanghai, Jiangsu et Zhejiang) qui ont particpipé au test et Singapour ont des résultats largement supérieurs à ceux des autres pays. Si on ne prend en compte que les pays membres de l'OCDE, viennent en tête du classement l'Estonie, le Canada, la Finlande et l'Irlande. 

En moyenne des pays de l'OCDE, un peu plus de trois élèves sur quatre (77 %, 79 % en France) ont atteint au moins le niveau 2, c'est à dire qu'ils peuvent identifier, dans un texte de longueur moyenne, l'idée essentielle et trouver des informations explicites, ce que font 85 % des élèves des pays en tête de classement, auxquels il faut ajouter la Pologne. Et 8,7 % des élèves atteignent les niveaux 5 ou 6 (9,2 % en France), ils ne sont pas gênés par la longueur des textes et manient des notions abstraites, voire contre-intuitives, distinguent les faits et les commentaires, en fonction d'indices implicites sur le contenu ou l'origine de l'information. 

A noter que la proportion d'élèves qui lisent par plaisir baisse, elle passe, dans les pays de l'OCDE de 63 à 58 % en 9 ans, la baisse est plus sensible en France, de 61 à 55 %.

En mathématiques et culture scientifique, les jeunes Français sont également "légèrement au-dessus de la moyenne OCDE".

En mathématiques, dans les pays de l'OCDE, les trois quarts des élèves atteignent au moins le niveau 2 (76 %, 79 % en France, 2 % en Zambie), mais un peu moins de 2 % des élèves français atteignent le niveau 6, alors que la moyenne OCDE est à 2,4 %, que ce taux grimpe à plus de 13 % à Singapour et plus de 15 % dans les quatre régions chinoises. L'OCDE note que certains pays ont beaucoup amélioré leurs résultats en mathématiques (c'est notamment le cas, pour ne citer que les pays européens, de l'Albanie, de l'Islande, de la Litun mathématiques et sciences.anie, du Montenegro, de la Pologne, de la Macédoine du Nord, de la Slovaquie et du Royaume-Uni) tandis que d'autres voyaient leurs résultats baisser (à Malte, en Roumanie ou à Taipei).

Près de 8 élèves sur 10 (78 %) ont au moins le niveau 2 en "culture scientifique", mais ils sont près 98 % dans ce cas dans les quatre provinces chinoises, et plus de 9 sur 10 en Estonie et à Singapour.

Equité et niveau

L'OCDE souligne encore que certains pays ont amélioré les taux de scolarisation des élèves de 15 ans sans sacrifier la qualité de leurs systèmes scolaires. L'organisation internationale relève aussi que des pays comme le Canada, le Danemark, l'Estonie, la Finlande, l'Irlande, le Japon, la Corée, la Norvège et le Royaume-uni ont des résultats supérieurs à la moyenne OCDE tandis que le facteur socio-économique y pèse moins lourd sur les destins scolaires. En France, l'écart entre les 25 % les plus favorisés et les 25 % les plus défavorisés est de 107 points en moyenne pour la compréhension de l'écrit, à peine moins qu'il y a 9 ans (110 points), moins qu'en Israël ou au Luxembourg (122 points), mais plus que la moyenne OCDE (87 points). Si le poids du milieu socio-économique ne s'est pas accru en France, il reste important. Un élève favorisé sur cinq et un élève défavorisé sur cinquante atteignent les niveaux 5 et 6 en compréhension de l'écrit.

PISA s'est aussi intéressé à l'environnement des élèves. Les élèves défavorisés sont-ils scolarisés dans des établissements où se trouvent de très bons élèves ? Dans certains pays, ils n'ont qu'une chance sur 8 d'être dans ce cas, dans d'autres, une chance sur cinq, en France, une chance sur six. Autre question, les élèves défavorisés ont-ils moins d'ambitions que leurs camarades plus favorisés ? En France, un élève défavorisé sur cinq ne prévoit pas de faire des études supérieures bien qu'il ait de bons résultats.

Les inégalités de genre

Dans tous les pays participant à PISA, les filles font mieux que les garçons en lecture, avec 30 points de plus en moyenne OCDE, et parmi les pays où l'écart est le plus faible figurent les quatre régions chinoises, et plusieurs pays d'Amérique latine. En France, l'écart est de 25 points, il est inférieur à ce qu'il était en 2009 (40 points). Les garçons ont un taux de réussite supérieur à celui des filles de 6 points en France, 5 en moyenne OCDE, et en culture scientifique, filles et garçons sont à égalité alors que les filles font très légèrement mieux en moyenne OCDE. 

La différence se traduit surtout en termes d'ambitions. En France, un garçon sur trois qui a de bons résultats en mathématiques souhaite exercer un métier scientifique, contre une fille sur six. 6 % des garçons envisagent un métier de l'informatique, presqu'aucune fille.

L'OCDE s'est également interrogée sur les différences liées aux origines. La proportion d'élèves issus de l'immigration a augmenté de 3 points en 9 ans dans les pays de l'OCDE et atteint 13 %, 14 % en France. Ceux-ci réussissent moins bien en lecture (- 52 points) que leurs camarades autochtones, mais "l'écart se réduit à 13 poins après prise en compte du profil socio-économique des élèves".

Mauvais climat

En ce qui concerne le climat scolaire, les résultats sont mauvais pour la France : "Il n'y a qu'en Argentine et au Brésil où l'indice du climat de discipline est inférieur à la moyenne observée en France" : un élève sur deux déclare qu'il y a du bruit et du désordre "dans la plupart ou dans tous les cours" contre un sur trois en moyenne OCDE. La France figure aussi parmi les pays où les élèves déclarent percevoir le moins "le soutien de la plupart de leurs enseignants". "Moins de deux élèves sur cinq en France (un sur deux en moyenne OCDE) déclarent qu'ils pensent que leur professeur leur indique souvent ou toujours comment améliorer leurs résultats."

Interrogés sur les recommandations que peut adresser l'OCDE à la France, les deux analystes qui ont présenté les résultats à la presse, Pauline Givord et Eric Charbonnier ont attiré l'attention des journalistes sur l'exemple de l'Angleterre de Tony Blair et les efforts faits pour rendre le métier d'enseignant attractif, mais aussi pour développer les formations à la gestion de la diversité et à inscrire dans les emplois du temps des moments dédiés à la lecture plaisir. Le Portugal, du fait d'une démographie très faible, a vu augmenter ses taux d'encadrement, mais a aussi mis l'accent sur les partenariats entre les écoles et le périscolaire, les éducateurs intervenant dans la vie des écoles et donc renforçant la cohérence du système éducatif. Ce souci de cohérence se retrouve en Estonie, mais sur les 0-6 ans. En Corée, les métiers de l'enseignement attirent les meilleurs étudiants, du fait de salaires plus élevés que dans le privé. Attention au "Asia bashing" ! Les cours privés n'augmentent pas les inégalités, et, soucieuse du bien-être des élèves, la Corée développe les enseignements artistiques et la créativité.

Ils insistent également sur la mixité sociale, et l'importance d'éviter les écarts trop forts entre établissements. La Suède a donné aux parents le choix de l'école, la ségrégation s'est beaucoup accentué, et le niveau a baissé. "Ils sont en train de revenir en arrière."

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