Maternelle : le détail des modifications au projet de programme
Paru dans Petite enfance, Scolaire le jeudi 20 mai 2021.
ToutEduc s'était procuré le projet d'arrêté qui modifiait le programme de 2015 pour l'école maternelle. Celui-ci prenait en compte la note d'analyse et de propositions qu'avait publiée au mois de décembre la présidente du Conseil supérieur des programmes, mais il avait déjà été modifié en fonction des observations de syndicats et d'associations qui avaient réagi vigoureusement, et très négativement à ces "aménagements". Soumis le 10 mai à l'examen de la commission spécialisée du CSE, le texte a fait l'objet de nouvelles critiques et c'est un projet encore modifié qui sera soumis jeudi prochain 27 mai au Conseil supérieur de l'éducation et que ToutEduc a publié hier 19 mai (voir ToutEduc ici).
Voici les principales modifications apportées pour tenir compte des critiques émises lors de la réunion du 10 mai
- L'enfant ne répond plus à "des défis", il apprend "dans toutes sortes de situations". On ne lui "enseigne" plus, on lui "apprend".
- Il est précisé que le respect entre école, enfants et parents est "mutuel".
- A propos de la place du jeu est ajouté entre parenthèses "y compris le jeu libre"
- En ce qui concerne l'évaluation, "elle repose sur une observation attentive de ce que dit et fait l’enfant" (et non plus seulement sur "l'observation attentive de l'enfant"). Elle ne repose plus sur un cadre raisonné des compétences à évaluer à chaque âge, mais se contente de "la prise en compte des étapes du développement du jeune enfant". D'ailleurs elle "tient compte des différences d’âge au sein d’une même classe et permet à chaque élève d’identifier ses réussites".
- L'oral contribue à l’apprentissage de la lecture, mais il est bien précisé que celui-ci n'intervient qu' "à partir du cycle 2"
- Il est précisé à propos des acquis langagiers des enfants que "certains élèves s’expriment souvent par des moyens non verbaux".
- Alors que l'enseignant devait, pour initier les enfants à la syntaxe, "modéliser la forme négative et les types de phrase interrogatif et impératif", il devra simplement employer des phrases de différents types et veiller à les faire "réutiliser en situation par ses élèves".
- En grande section, l’enseignant "donne à voir", mais n'explique plus la correspondance des trois écritures (cursive, script, capitales).
- Les attendus dans le domaine du langage ne changent pas sauf sur un point, il ne s'agit plus de supprimer, ajouter, inverser les syllabes constitutives d'un mot, mais de "comprendre" qu'on peut le faire.
En mathématiques, les modifications sont plus importantes. Il ne s'agit plus d' "introduire les enfants au plaisir des mathématiques", mais "du raisonnement mathématique", de "qualifier précisément" les formes, les dessins, les puzzles, les séries, la logique, mais d' "enrichir leur langage pour (en) parler avec précision"
- A plusieurs reprises est ajouté le terme de "construction". Alors que l'enseignant devait "stabiliser la connaissance des petits nombres", il est précisé qu'il doit d'abord la constuire et que "cette construction ne saurait se confondre avec celle de la numération et des opérations qui relèvent des apprentissages de l’école élémentaire". Cette construction se fait d'ailleurs "progressivement".
- Les situations d'apprentissage ne sont plus "répétées" mais "travaillées" autant que nécessaire.
- S'il continue d'être attendu que les enfants lisent "les nombres écrits en chiffres jusqu’à 10", ils ne font que "commencer" à les écrire, ils ne font que "commencer à comparer deux nombres", que "commencer" à les positionner les uns par rapport aux autres, et pas forcément "jusqu’à 10", que "commencer" à résoudre des problèmes...