Baccalauréat : vers un mouvement de désobéissance des professeurs de français ?
Paru dans Scolaire le mardi 04 mai 2021.
"En conscience, nous ne pouvons pas faire passer des examens dans ces conditions, c'est pourquoi nous demandons que les épreuves de fin d’année soient annulées, au profit du contrôle continu." Le collectif d'enseignants de français "Lettres vives" publie sur son site un texte collectif titré "Non à des examens sous pandémie !" qui retrouve le ton d'Alain Refalo. Celui-ci avait initié en novembre 2008 le mouvement des "enseignants désobéisseurs" qui, dans le 1er degré, refusaient de mettre en oeuvre la politique de Xavier Darcos et qui avait publié "En conscience, je refuse d'obéir" (voir ToutEduc ici).
Le collectif décrit "une année scolaire chaotique" marquée par les "absences chroniques d’élèves, infecté·es ou cas contacts" et les "arrêts maladie des enseignant·es, non remplacé·es", des apprentissages "émaillés par l’incertitude et l’angoisse"... Il fait état d'une multiplication "des messages d'élèves en souffrance". Il se demande ce que veut dire le ministre quand il explique que les enseignants sauront "faire preuve de la plus grande bienveillance" lorsqu'ils devront évaluer des candidats qui n'auront pas pu étudier les œuvres au programme. C'est qu'ils n'ont "plus que huit heures en classe pour finir le programme et préparer les élèves de Première à l’Épreuve anticipée de français", "pour calmer les appréhensions des élèves et préparer toutes les questions pratiques". Et ils disent leur "colère devant ce gâchis", leur "sentiment d’impuissance", leur "épuisement".
Le collectif Lettres vives ne représente qu'une petite minorité d'enseignants, mais dont l'expression est sans doute significative de l'état d'esprit de bon nombre de leurs collègues.
La tribune ici