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La fin du "présentiel" ruinerait la possibilité pour les enseignants de "tisser du commun" (GFEN)

Paru dans Scolaire le dimanche 07 février 2021.

"Sa disparition physique hypothèque gravement son existence :  le collectif, s’il veut vivre et combattre, a besoin de reprendre pied dans la réalité de la présence humaine ; tout comme les individus ne sauraient persévérer en eux-mêmes s’ils ne venaient se fortifier au sein du collectif." C'est ainsi que Geneviève Guilpain, philosophe formatrice à l’INSPE de Créteil conclut sa contribution au dossier "Tisser du commun" que vient de publier la revue Dialogue du GFEN. Le Groupe français d’éducation nouvelle s'y interroge sur l’opposition très actuelle entre "présence" et "distance" de l’enseignant d’avec son collectif professionnel et pose les questions : "Peut-on en prolonger l’existence virtuellement, ou la recréer ? Peut-il exister à distance ? Et si oui comment ?"

"A distance, nous dit l’auteure, on vise l’efficacité première, l’activité pédagogique tend à se réduire à n’être qu’une succession de tâches, les appels  aux collègues, où les visio ont un objectif clairement défini". Avec  la disparition du collectif physique dans l’établissement et "des réunions impromptues, des décisions au coin des couloirs, des idées parce que dans ces espaces intersticiels la présence des autres déclenche l’adresse, la parole…,  il y a  "impossibilité de se sortir de soi-même", au risque du solipsisme : "A travers le distanciel, la disparition du collectif nous fait entrer non seulement dans la solitude mais dans le vertige du contrôle (…), je n’ai plus à transiger, négocier, demander, faire avec. Telle est la griserie de la toute puissance et du libre arbitre sans limite."

Le "distanciel" est mis en accusation ici, toutefois l’article est aussi une plaidoirie pour un collectif se construisant de ses histoires à partir de ses diversités et pour qu’il y ait une histoire, "il faut des interventions inopinées". Par conséquent la vie confinée y est décrite comme la fin "de la garantie de soi-même". Quelle force poussera l’enseignant.e à échanger s’il n’y a plus "l’heure- voire les deux heures ou plus de ‘trous’ qu’on n'a pas vu passer parce que s’est poursuivie la conversation commencée autour du café ('dans 10 minutes je me mets à mon paquet de copies'), qu’un autre collègue nous a rejoints ('tiens déjà une heure de passée !') mettant son grain de sel dans la discussion ; c’est ainsi qu’on refait le monde ou révise son plan de cours. Efficience du temps soi-disant perdu, inventivité et plaisir de la collégialité que fait disparaître la fin du présentiel."

"L’espoir aussi se construit", n° 179 de la revue Dialogue (GFEN), prix : 8 euros

Michel Delachair

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