L'enseignement à distance a aussi "des effets bénéfiques" (inspection générale)
Paru dans Scolaire le jeudi 21 janvier 2021.
"Si le système scolaire n’était pas, à proprement parler, prêt pour affronter une telle crise, il était néanmoins capable d’y faire face avec des ressources insoupçonnées, notamment humaines." C’est la conclusion du rapport de l’IGÉSR, publié le 15 janvier, sur "Les usages pédagogiques du numérique en situation pandémique durant la période de mars à juin 2020". "La priorité numéro un a été pour les enseignants de maintenir le contact social et pédagogique avec l’ensemble de leurs élèves", insiste le rapport. Un contact qui a été maintenu par tous les moyens même si le décrochage a été plus important dans la voie professionnelle que dans la voie générale et particulièrement en CAP.
Les enseignants se sont vite rendu compte que l’enseignement à distance n’était pas une simple reproduction de l’enseignement en présence et qu’il fallait donc s’adapter. Ces usages du numérique, contraints, ont conduit de nombreux enseignants à mener une réflexion didactique et pédagogique sur l’ensemble de leurs pratiques. "Pour autant, il est notable que les enseignants de collège en enseignement prioritaire se sont montrés systématiquement moins enclins à évoluer par rapport aux enseignants hors enseignement prioritaire alors que l’inverse est observé à l’école élémentaire." Malgré tout, les enseignants déclarent avoir "revu à la baisse leurs objectifs d’enseignement", auraient renoncé à enseigner des notions nouvelles et se sont cantonnés à des révisions ou à des approfondissements.
Une confiance mutuelle
De nombreux enseignants reconnaissent les effets bénéfiques de l’enseignement à distance. Ils constatent que l’autonomie de certains élèves a progressé, particulièrement dans la voie professionnelle ainsi que la capacité à s’autoévaluer et la maîtrise des compétences numériques. Autre constat : cette période de confinement a permis aux enseignants de tous niveaux de "personnaliser et d’intensifier les relations qu’ils entretiennent avec les parents d’élève, particulièrement en éducation prioritaire. Ils sont nombreux à désirer poursuivre le renforcement de cette confiance mutuelle".
Si l’institution a fourni "des efforts remarquables" pour apporter un soutien aux enseignants, notamment grâce à EDUSCOL, au réseau Canopé, à la classe virtuelle du CNED ou aux séquences de télévision scolaire comme Lumni, le rapport déplore que "les ressources documentaires institutionnelles n’aient été utilisées que par une minorité de professeurs, qui ont souvent fait appel à l’offre privée". Par ailleurs, la mission regrette que "les corps d’inspection aient effectué peu d’observations en direct de classes virtuelles" et note également "une grande hétérogénéité territoriale" en la matière.
Un besoin de soutien
Les enseignants interrogés estiment avoir trouvé le soutien dont ils avaient besoin auprès des directeurs d’école et des professeurs principaux, même si certains regrettent un manque d’organisation et d’harmonisation au sein des équipes pédagogiques, particulièrement en éducation prioritaire. Si "le numérique ne peut, en tant que tel, constituer une solution miracle", l’IG préconise une série de mesures à prendre au niveau de l’école ou de l’établissement pour organiser la coordination et la concertation, systématiser un état des lieux régulier ou encore un entraînement en vrai grandeur. Au niveau de l’institution, il s’agit de former les enseignants à l’enseignement à distance, d’adapter l’offre de ressources éducatives et de former les corps d’inspection pour les rendre plus aptes à conseiller les enseignants.
Colette Pâris