Chronique ordinaire des jours extraordinaires - 6 mai
Paru dans Scolaire, Périscolaire le mercredi 06 mai 2020.
F., proviseure d'une cité scolaire
Où on en vient à se demander si le néologisme déconfinement n’est pas pire (et plus anxiogène) que le mot même de confinement.
Enfin, surtout si on est dans l’Educ Nat…
Après donc la lecture des n documents à x pages, la notion commençant à prendre sens dans les cerveaux des uns et des autres, c’est sous le nombre d’arrêts de travail que j’ai ployé aujourd’hui. Différents pour la plupart dans la terminologie utilisée, aucun ne mentionne une quelconque liste de « cas à risques ». Tous sont très prudents (je crois que ce sera le mot de la journée) dans leur formulation. Un médecin que j’ai appelé m’a expliqué que nulle liste n’avait été éditée par le conseil supérieur de la santé, par prudence certainement, peur d’en oublier. A l’inverse chaque ministère ou institution a publié la sienne ! par prudence certainement aussi ! Le médecin a rajouté qu’il avait passé sa journée à en donner et à en refuser (dans la même proportion environ). Comme si, après tout le martèlement étatique et médiatique, la prise de conscience longue et complexe de la gravité du covid-19, beaucoup étaient restés tétanisés par une peur désormais irrationnelle. Alors un tel met un masque alors qu’il travaille seul dans son bureau de l’intendance sans voir âme qui vive, un autre met masque et visière de protection pour passer la tondeuse…
Et moi je suis partagée entre tendresse et agacement, entre tentative de rationalisation et fatalisme…
Demain on aura les réponses des parents pour savoir combien d’élèves reviendront au collège quand il ouvrira !