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Chronique ordinaire des jours extraordinaires - 14 avril

Paru dans Scolaire, Périscolaire le mardi 14 avril 2020.

Z-L, chargée de production, chargée de développement « cinéma », au sein d’une association d’éducation populaire.

Avant le confinement, j’ai été envoyée en mission “repérage” au Festival du Court Métrage de Tampere, en Finlande. 3 jours et 120 films. Parmi eux, un film Sud-Coréen, « The end of the world and missed calls ». On y entend tous ces appels manqués, de peine, de deuil, de culpabilité, de remords, de détresse et d’excuses, sur fond de paysages sauvages. Tous les messages qui n’ont pas eu de destinataire. C’est donc le spectateur qui devient ce destinataire, et qui accueille ces paroles, ces mots qui doivent sortir, ces sentiments qui doivent être dits. J’ai envie de les rappeler tous, de leur dire que ça va aller. Que quelqu’un a entendu et écouté.

Je retourne en France, j’écris aux sociétés de production, réalisateurs des films qui, d’après moi, ont leur place dans nos comités de sélection, qui peuvent être vus comme des films d’éducation, et qui donc correspondent à la ligne artistique et politique du festival pour lequel je travail. Et puis, le confinement est déclaré, mais ça n’arrête pas mon élan, au contraire, j’ai besoin de plein de films, j’ai besoin de vivres et de denrées rares, j’ai besoin de nourrir mes comités de sélection, d’autant plus qu’en ce moment … certains ont le temps et ont besoin d’occupations.

La réalisatrice de “Missed calls” m’envoie son film. Ravie, mais elle s’interroge. Pourquoi donc est-ce que je m’intéresse à son film en terme d’éducation ? Qu’est ce que j’y vois d’éducatif ? Qu’est ce que j’ai compris de son intention ? Je veux lui faire une vraie réponse. D’abord parce que son film m’a touchée, et puis parce que, d’après moi, il pourra être un bon outil de débat avec les spectateurs lors du festival. Je me lance dans la rédaction – en anglais – avec cette difficulté d’exprimer dans une langue qui n’est pas ma langue maternelle, la justesse de ma pensée, la précision de mon ressenti. « My heart warmed after reading your mail a while ago. Because I felt thankful that I could hear the message that I wanted to share through my work from someone of other cultures […] I am happy to connect with someone in this world through this movie. » me répond-elle.

Alors, effectivement, le confinement n’est pas facile à vivre. Mais ce message me conforte sur deux points de vue : le rôle fondamental de la culture et nous autres, humains, en tant qu’animaux sociaux. En temps de crise, la culture, l’art, le cinéma font leur boulot, vecteurs de liens et d’émotions - bien que la conférence gesticulée de Franck Lepage, vue récemment, sur La Culture et la démocratisation culturelle m’ait un peu refroidie sur le sens de mon travail. Mais surtout, c’est la détermination et l’imagination que nous déployons pour maintenir - ou créer - les liens qu’on développe avec nos amis, nos collègues, notre famille, qui m’émeut et me renforce.

Si je réchauffe le cœur d’une Sud-Coréenne et que j’apprends à mon père à utiliser un système de visio-conférence, ce confinement n’aura pas servi à rien.

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