Chronique ordinaire des jours extraordinaires - 27 mars
Paru dans Scolaire, Périscolaire le vendredi 27 mars 2020.
ToutEduc tient chronique des petits gestes et des petits faits des jours du confinement, des bonnes et des mauvaises surprises des acteurs de l'éducation, des situations qu'on n'imaginait pas, des outils auxquels on ne pensait pas... Vous pouvez nous adresser vos textes, de 3 à 25 lignes, du positif ou du négatif, mais ancré dans la singularité de votre expérience (redaction@touteduc.fr)
F. proviseure d'une cité scolaire
Nous nous sommes, semble-t-il, désormais presque habitués à une certaine routine. Routine qui commence, se poursuit et finit … dans le silence.
Ce qui caractérise habituellement un établissement scolaire, ce sont ses bruits qui rythment la journée : enlevés le matin, tonitruants aux récréations, estompés par les portes et les murs des salles de classes entre deux sonneries, inversement proportionnels à l’âge des élèves accueillis.
Désormais depuis une dizaine de jours …plus rien. Au vide sonore des bâtiments répond le silence de la rue. Bien peu de voitures passent aujourd’hui sur le boulevard, presque plus de piétons. Cela, dès qu’on s’y arrête, confère une certaine étrangeté au décor. Une cité scolaire, collège et lycée de plus de 1500 enfants et adolescents en plein Paris, le long d’un boulevard passant et qui résonne désormais comme un vaisseau fantôme. Et, puis surgi des arbres de la cour, un chant d’oiseau qui remplit ce silence le temps d’un instant et nous ravit, la mère venue chercher un ordinateur pour ses deux enfants et moi.
J-B, directeur national d’un réseau associatif
J’ai donc pris du temps cet après-midi pour terminer la construction de la voiture en bois de mon fils de 10 ans. Il m’a dit « elle roule ». Il était content et a couru la montrer à ses frères. Nous avons donc comme projet commun demain de construire une remorque, avec des roues de secours ainsi qu’un système d’ouverture de la benne.
Avec un autre de mes fils, nous avons accroché un punching ball sur une poutre, je pense que ça lui fait du bien de se défouler. C’est le « sportif » de la famille. Nous n’avons pas pu faire notre séance de sport dehors, nous allons donc devoir la vivre en intérieur, je pense que nous allons faire des abdos… J’ai déjà mal au ventre.
L’accompagnement des devoirs de mon fils dyslexique m’éclaire sur l’importance de l’accompagnement des élèves, des stagiaires en formation à distance. Il n’est pas possible de laisser un enfant, un stagiaire seul face à son écran, sans accompagnement sans possibilité d’interpellation avec uniquement comme lien "PRONOTE" ou une plateforme. Le processus de formation, d’enseignement se passe également dans l’interaction, dans l’interaction entre élèves, entre stagiaires, avec le professeur, avec le formateur ou la formatrice.
Les discussions, les réunions avec les militant.es de mon réseau sur la construction de séquences pédagogiques en FOAD sont passionnantes. Elles nous permettent d’identifier des processus, de marquer des étapes, de créer des phases mais dans un tout cohérent et progressif. Ce travail nous permet tout de même de confirmer que l’alternance présentielle/distantielle est importante. Nous sommes obligés, dans le contexte, de créer des séquences uniquement à distance, nous avons déjà convenu qu’il faudrait, une fois le confinement terminé, revenir sur ces séquences pour modifier ou intégrer de nouvelles phases en présentielle.
Je me suis réveillé tôt, trop tôt, et je me suis mis à rêver à une nouvelle société, celle d’après le confinement, une société où les questions d’éducation, de soin, de culture seraient de vraies missions de service public. Nous verrons bien…
Je vous laisse, c’est bientôt l’heure de l’apéro philo de mon dernier fils, il doit nous parler de Max Stirner, je n’en avais jamais entendu parler !