Etablissements des savoirs fondamentaux, l'analyse et les inquiétudes de J-P Delahaye
Paru dans Scolaire le mardi 23 avril 2019.
Les futurs "établissements publics des savoirs fondamentaux" permettront-ils de mieux organiser la scolarité obligatoire ou au contraire d'organiser le "séparatisme scolaire". Jean-Paul Delahaye se demande en effet, dans une tribune publiée sur le site d'Education & Devenir, s'il ne s'agit pas de "la préfiguration non explicite de la mise en chantier de deux formes de scolarité obligatoire" avec "une scolarité obligatoire avec un socle appauvri simplement qualifié de 'savoirs fondamentaux' préparant de préférence aux formations technologiques et professionnelles pour les enfants des milieux populaires" à côté d' "une organisation scolaire inchangée avec un socle commun ambitieux préparant au seul lycée général".
L'ancien directeur général de l'enseignement scolaire pose l'alternative. "S’il s’agit d’apporter une contribution décisive à la mise en œuvre d’une scolarité obligatoire enfin cohérente", "s’il s’agit de parvenir à la réalisation de 'l’école fondamentale' imaginée depuis longtemps mais jamais réalisée", ce projet "pourrait répondre à une ambition que nous sommes nombreux à partager, depuis longtemps et tous bords politiques confondus". Mais cela suppose que soient levées "quelques réserves car lors de la discussion de la loi à l’Assemblée nationale, nous n’avons pas entendu beaucoup d’arguments pédagogiques (...). Nous avons surtout entendu des arguments de gestion." D'ailleurs, ajoute-t-il, "faut-il vraiment, pour une meilleure articulation école-collège, aller jusqu’à créer un nouvel établissement" et faire disparaître "notre école primaire" sans expérimentations ni consultation préalables, au risque de secondariser l’enseignement élémentaire et de primariser le collège.
Jean-Paul Delahaye se souvient par ailleurs qu'en 2012, "le think tank libéral Fondation pour l’innovation politique (Fondapol)" avait proposé de "créer des 'écoles fondamentales' pour les élèves en difficulté", où certaines disciplines seraient supprimées. "Les partisans d’une scolarité obligatoire différenciée en objectifs de connaissances et de compétences selon les niveaux et origines sociales des élèves pourraient donc trouver un jour dans le code de l’éducation, grâce à ces 'établissements publics locaux des savoirs fondamentaux', un support juridique leur permettant de mener leur funeste projet à exécution."
Le site d'Education & Devenir ici