Ecole inclusive : du local à l'international (colloque)
Paru dans Scolaire le jeudi 18 octobre 2018.
"Pour construire une véritable école inclusive et répondre aux besoins des élèves et des familles, il est indispensable de nous rassembler autour d’une politique à la fois ambitieuse et constante qui ne souffre ni de simplisme ni déni des contraintes", souligne Jean-Michel Blanquer, ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse, ce 18 octobre, dès le début de son discours d’introduction au colloque ENSEMBLE ! qui consacre deux jours à l’amélioration de l’accueil des élèves en situation d’handicap.
Des représentants de 14 pays sont présents à la Cité des sciences et de l’industrie qui selon Bruno Maquart, président d’Universcience, est un lieu qui depuis sa création a toujours associé "culture et éducation inclusives". Ce format européen et international semble répondre à la volonté gouvernementale de mettre en place une politique interministérielle pour cette cause nationale qu’est le handicap. Pour Jean-Michel Blanquer, "cette rencontre va nous permettre d’échanger sur les bonnes pratiques et de créer l’intelligence collective indispensable pour fonder une école véritablement inclusive". Le ministre ajoute que "réussir l’école inclusive signifie réussir l’école de la confiance". Cet échange de bonnes pratiques a déjà commencé avec une étude de terrain des réalisations canadiennes, danoises, espagnoles, italiennes et suédoises.
Tout en disant que depuis vingt ans, des progrès existent dans notre pays et que c’est un sujet qui "a transcendé les clivages politiques", le ministre estime qu' "un changement de paradigme est nécessaire. Nous ne pouvons nous contenter des chiffres certes satisfaisants que nous avons, c’est au niveau qualitatif qu’il faut agir." Cette phrase lui permet de mettre en avant l’augmentation du nombre d’AESH (accompagnants des élèves en situation de handicap), la formation des personnels, la diversification des modes de scolarisation avec la création prérvue de 250 ULIS (unités d’inclusion scolaire) sur le quinquennat, dont 38 à cette rentrée 2018, l’accessibilité numérique aux savoirs... C’est dans ce cadre que les PIAL (pôles inclusifs d’accompagnement localisé) agiront grâce à une approche territoriale coordonnée entre aides humaines, pédagogiques, éducatives et thérapeutiques. Ils évalueront les besoins éducatifs particuliers. Ils diversifieront l’offre de formation en fonction des besoins ...
Pour démontrer que le handicap est au premier rang des préoccupations du gouvernement, Sophie Cluzel, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargée des Personnes handicapées, insiste sur le fait que tous les membres du gouvernement travaillent main dans la main. "Le handicap est l’affaire de tous. Comment vivre ensemble ? Quel modèle de société ? Seule la société inclusive peut prendre en compte les spécificités de chacun." Elle annonce la création d’un comité interministériel sur le handicap ainsi que le lancement d’un travail, au niveau international, pour la mise en œuvre d’un statut reconnu de l’étudiant handicapé, puisque "l’élève handicapé doit avoir l’opportunité de devenir étudiant." Elle n’oublie pas pour autant les dispositifs nationaux comme l’instruction obligatoire à trois ans pour tous les enfants, handicapés ou non. Elle souhaite également que les initiatives locales réussies soient répertoriées et essaimées en tant que bonnes pratiques.
La secrétaire d’Etat à l’éducation du Portugal va d'ailleurs plus loin : "l’approche multidisciplinaire n’est plus seulement centrée sur le handicap mais sur toutes les barrières à l’apprentissage existantes. Tous les élèves sont spéciaux."
Voir le site du ministère de l'Education nationale ici et le rapport au Premier ministre ("Plus simple la vie : 113 propositions pour améliorer le quotidien des personnes en situation de handicap") ici
Hélène Cénat