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Politiques jeunesse : Comment agir dans un contexte fragmenté ? (Université d'été de Prisme)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le vendredi 20 juillet 2018.

L'association Prisme a tenu, en partenariat avec l'Éducation nationale, la ville de Cluses, la communauté de commune Arve et Montagne, le Conseil départemental de Haute Savoie, sa seconde université d'été du 10 au 12 juillet à Cluses (Haute-Savoie), autour du thème "Politiques jeunesse et apprentissage tout au long de la vie : quelle nouvelle donne dans les territoires ?" Les travaux, qui feront l'objet d'actes publiés à l'automne, se sont inscrits dans la lignée de ceux menés un an auparavant, lors de l'université d'été qui s'est déroulée à Toulouse en juillet 2017 (lire ici, et ici). Si la question de la mobilisation des acteurs reste essentielle, les intervenants et participants se sont notamment inquiétés du cadre désormais offert pour poursuivre une dynamique de politiques éducatives concertées, enclenchée par la loi de refondation de l'école. Le président de l'association, Étienne Butzbach, dresse pour ToutEduc un bilan de cette rencontre.

ToutEduc : Quel bilan dressez-vous de ce second rendez-vous ?

Étienne Butzbach : 280 personnes, intervenants et participants, sont passés à l'université d'été durant ces trois jours, au sein du collège Geneviève Anthonioz de Gaulle qui scolarise plus de 900 élèves. Collège qui présentait pour nous un intérêt multiple : de par son ancrage, car il est classé REP et situé dans un quartier de la politique de la ville, et parce qu'il porte aujourd'hui un projet, initié il y a une dizaine d'années par la Ligue de l'enseignement et l'association Éducation et Devenir, de Maison des savoirs et de la formation, modèle de collège conçu pour être ouvert sur le territoire. Aux deux conférences introductives, données d'une part par Éric Favey, le président de la Ligue de l'enseignement, et d'autre part par Frédérique Weixler, IGEN (Inspectrice générale de l'éducation nationale), qui est intervenue sur l'accrochage scolaire, se sont ajoutés 16 ateliers qui ont mobilisés 60 intervenants, et 4 tables rondes conclusives qui ont permis de mettre en perspective les thèmes et réflexions soulevés auparavant.

ToutEduc : Sur quoi ont porté les principaux échanges ?

Étienne Butzbach : L'idée était de poursuivre les travaux menés à Toulouse l'année précédente, notamment sur ce qui peut nourrir les politiques jeunesse. À Toulouse, nos réflexions avaient notamment porté sur l'implication des parents, l'évaluation des projets éducatifs de territoire (PEDT), les conditions de mise en place d'une école du socle. Nous avons poursuivi nos échanges en nous focalisant sur les 10-16 ans et en nous appuyant sur la Maison des savoirs et de la formation, projet dans lequel le collège est pensé non pas comme un établissement clos et seulement dédié à l'apprentissage scolaire mais comme un équipement extrêmement structurant du territoire, dédié à l'éducation tout au long de la vie. Par exemple, le CDI et la salle polyvalente peuvent être ouverts sur le quartier. Et, le PEDT, qui pourrait être mieux utilisé comme élément fédérateur des politiques jeunesse, a fait également l'objet de nombreux échanges.

ToutEduc : Les politiques jeunesse étaient au cœur de vos travaux, pourquoi ?

Étienne Butzbach : La question principale était "qui doit porter la politique jeunesse ?", alors qu'aujourd'hui elle est extrêmement segmentée. Il y a une politique de l'Éducation nationale, une politique de la ville, une politique de la famille, etc. Comment peut-on penser davantage ces politiques en synergie ? Ainsi, la politique de la ville aborde les questions jeunesse mais elles sont très centrées sur la délinquance. Comment davantage la centrer autour de l'éducation ? Il faut à ce titre, selon nous, s'attacher aux décrocheurs mais aussi aux accrocheurs qui peuvent être des leaders, notamment les filles. En effet, a été évoque le fait que ce sont souvent des publics très masculins qui sont visés.

ToutEduc : Qu'est-il ressorti de ces échanges ?

Étienne Butzbach : Nous avons eu des discussions sur la façon dont on peut coproduire les savoirs et les mobiliser : avec et pour les parents, les habitants, les enfants... Autour d'exemples de pratiques : des ateliers linguistiques qui mobilisent des compétences très diverses au sein de territoires qui offrent une grande diversité culturelle ; un atelier vélo organisé par l'université populaire dans un cadre intergénérationnel, qui a permis de faire travailler des enfants sur la mécanique, de les sensibiliser aux mobilités douces, etc. Nous avons aussi travaillé autour du concept d'alliance éducative. Si nous soulignons qu'il est important que l'Éducation nationale joue son rôle et n'externalise pas les difficultés qu'elle rencontre, nous estimons essentiel qu'elle puisse aussi s'appuyer sur le territoire, parents, collectivités, etc., pour développer des dynamiques. Et sur un cadrage national.

ToutEduc : Vous évoquez des inquiétudes concernant ce cadrage...

Étienne Butzbach : L'éducation est malmenée et nous nous inquiétons notamment de la remise en cause des PEDT avec le retour à la semaine de 4 jours qui laisse ce dispositif davantage dépendant de la bonne volonté des élus, à un moment où les financements publics se raréfient. Certes, nous pensons que l'on ne peut pas revenir en arrière car une dynamique a été enclenchée, mais elle reste fragile et nous regrettons ce grave coup d'arrêt. Pour nous, il est nécessaire de penser l'éducation de façon systémique, articulant les différents temps éducatifs scolaires, non formels et familiaux. Et à ce titre, le PEDT constitue une démarche d'avenir. C'est le problème du rapport entre le système et les acteurs. Oui, la mobilisation des acteurs est fondamentale, mais dans un contexte facilitant. Pour nous l'action publique, c'est penser et défendre des valeurs, identifier des acteurs mais aussi promouvoir des dispositifs et configurations qui permettent d'agir.

Propos recueillis par Camille Pons

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