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École du socle : deux exemples pour le continuum école-collège (Prisme, université d'été)

Paru dans Scolaire le dimanche 16 juillet 2017.

Instaurer une autre organisation du temps scolaire dans une cité scolaire où cohabitent 1er et 2nd degrés, en mélangeant tous les cycles 3 (CM, 6e) d'une part, et tous les cycles 4 (5e, 4e et 3e) d'autre part ; privilégier des entrées non dans une logique disciplinaire mais dans des logiques scientifiques, littéraires, d'éducation artistique et culturelle..., telles sont les pistes envisagées par l'IA-DASEN de l'Ardèche, Christophe Mauny, pour inciter des enseignants qui partagent déjà des locaux, à partager aussi des pratiques et créer ainsi un véritable continuum école-collège. L'inspecteur d'académie est venu présenter cette cité scolaire originale à l'occasion d'une table-ronde, "Quelle école du socle pour demain ?", organisée dans le cadre de l'université d'été de l'association-réseau Prisme (Promotion des initiatives sociales en milieux éducatifs), qui s'est tenue à Toulouse du 10 au 12 juillet 2017.

Cette cité scolaire, inaugurée en 2014, a été créée pour sauver l'enseignement public dans le petit village de Saint-Cirgues-en-Montagne (voir ToutEduc ici). Au début des années 2000, il était en effet question de fermer le collège qui accueillait une quarantaine d'élèves, alors que la commune ne comptait plus par ailleurs qu'une école privée. "L'enjeu était de pérenniser le service public et de répondre aux attentes de ceux qui voulaient avoir le choix de mettre leurs enfants à l'école publique", explique l'IA-DASEN. La décision d'une cité scolaire rassemblant 2 classes et 40 élèves du 1er degré et 4 classes de 95 élèves du 2nd degré, "à l'époque où l'on parlait du socle" a néanmoins fait suite à des négociations difficiles. "La bascule école=ma commune à école=mon territoire ne semblait pas prête à être faite", analyse le DASEN.

Aujourd'hui, "cela fonctionne bien pour le partage des lieux, les élèves déjeunent au même restaurant, partagent le CDI, etc.", mais pour autant, observe Christophe Mauny, "il ne suffit pas d'intervenir sur les structures pour que la liaison suive et pour assurer la continuité entre les deux niveaux". Principales difficultés observées, l'absence de statut unique pour les enseignants, qui explique en partie "des résistances et des fragilités", et "la monovalence, l'enfermement disciplinaire au 2nd degré". Ainsi, cette survivance d'un "système dans lequel le statut pédagogique prédomine" fait qu'il "n'y a pas encore d'entrée dans les pratiques d'enseignement partagées". Ancrage disciplinaire qui s'oppose au "besoin de créer plutôt un contexte de compétences partagées".

De plus, même si les enseignants "s'entendent bien", force est de constater que ceux du collège sont encore dans des "commandes" : "il faut que les élèves sachent faire ça...". Il n'est pas rare d'entendre non plus, raconte-t-il, ces enseignants dire à des parents inquiets dont les enfants arrivent en 6e, "ne vous inquiétez pas, on reprend tout à zéro".

Des enseignants invités à observer des classes uniques pour rapprocher les pratiques 1er/2nd degrés

De même, les rituels ne sont pas perçus de la même manière au 1er et au 2nd degrés. L'IA donne l'exemple d'un enfant qui se lèvera à l'école pour aller tailler son crayon et dont on retiendra qu'il est autonome, alors qu'au collège on estimera qu'il ne respecte pas les règles. Pour changer les habitudes, l'IA invite notamment ces enseignants à aller observer les enseignants de classes uniques.

Un autre exemple de continuum école-collège, celui du collège de l'éducation prioritaire Geneviève Anthonioz de Gaulle, à Cluses (74), dans l'académie de Grenoble, a également été présenté à l'université d'été. Ici, des actions "communes", dans les uns ou les autres établissements, pour créer le lien entre personnels et entre élèves, se sont multipliées depuis plusieurs années : le PPRE-passerelle (Programme personnalisé de réussite éducative), qui mobilise une centaine d'élèves, est co-animé par les professeurs des écoles et les enseignants du collège ; 3 classes du collège et 3 classes de CM coopèrent en sciences ; un journal est réalisé avec 13 des 15 écoles de rattachement ; une journée portes ouvertes est organisée chaque année ainsi qu'une "école ouverte" de quelques jours pour les futurs 6e, avec le pôle Éducation enfance jeunesse de la ville de Cluses, temps de pré-rentrée rythmé par des séquences pédagogiques le matin, animées en binôme par un enseignant de collège et un professeur de CM2, et des activités culturelles et sportives l'après-midi ; cette année a aussi été lancée une première journée de rencontre sportive entre l'association sportive du collège et l'USEP (Union sportive de l'enseignement du premier degré), qui a été ouverte à l'ensemble des CM2 ; les professeurs des classes de CM2 construisent également un questionnaire afin que leurs élèves puissent interviewer les professionnels du collège et deux classes mobiles sont partagées avec l'ensemble des cycles 3 des écoles.

À l'automne, il est prévu d'associer 2 à 3 élèves de CM2 de chacune des 15 écoles du réseau, à la réalisation d'un film au collège. Dans la même verve, un projet d'orchestre va être mené avec les CM et les 6e - la Ville organisera la navette pour les classes concernées - et des élèves du primaire et du collège co-construiront des contenus sur Wikipédia.

Fusionner des instances dédiées au lien école-collège pour susciter davantage de co-actions

Ces multiples actions sont justifiées, selon le principal du collège, Damien Raymond, au regard du pourcentage de ceux qui ont validé, en fin de cycle 4, la maîtrise des 8 domaines et sous-domaines du socle : seulement 52,5 % des 210 élèves de 3e alors que paradoxalement l'établissement affiche 92 % de réussite au DNB. Des résultats qui "doivent nous interroger", observe le principal qui indique que d'autres mesures viennent d'être décidées afin d'aller plus loin. Première originalité, le conseil école collège et le comité de pilotage ont été fusionnés afin, explique-t-il, de recentrer le pilotage "sur l'action". Il s'agit "d'économiser du temps et de penser différemment l'organisation, comme les conseils de cycles". Objectifs : "parler un peu moins mais développer davantage le co-enseignement ou les observations de séquences en CM par les enseignants de collège", sachant qu'il est "plus facile de rendre disponible un enseignant de collège".

De même, le collège vient d'acter ce mois-ci "la bascule" de l'ensemble des 6e sur l'évaluation par compétences dès la rentrée 2017, après plusieurs années d'expérimentation. Une bascule qui ne se fera pas sans un travail sur l'évaluation mené en lien avec les IA-IPR, afin que les enseignants "ne travaillent pas deux fois : sur l'évaluation par discipline d'abord, et une autre fois en fin de cycle pour valider les compétences". Le collège envisage notamment d'organiser des "auto-évaluations assistées entre élèves, enseignants et familles, anticipées au moins 6 mois avant".

Enfin, pour aller plus loin dans ce continuum école-collège, il est prévu, en partenariat avec la communauté de communes, de créer une Maison des savoirs et de la formation, au sein de laquelle seront notamment développées des formations communes de professionnels de l'éducation "à l'échelle du territoire et non du bassin" (rassemblant enseignants, animateurs, éducateurs...). Une première journée doit être organisée en novembre prochain.

Camille Pons

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