Vers un bouleversement du regard sur l'enseignement scolaire (SE-UNSA)
Paru dans Scolaire le mardi 09 mars 2010.
Le paysage syndical va être bouleversé, estime le secrétaire général du SE-UNSA, qui présentait aujourd'hui les enjeux du congrès de son organisation (du 17 au 19 mars à Brest). Il évoque la perception qu'ont les personnels, mais aussi l'opinion publique, du système éducatif, dont "tout le monde mesure la dégradation", ne serait-ce qu'au vu des problèmes de violence ou de remplacements. Il relève toutefois "la difficulté de mobiliser les salariés" en période de crise, et au moment où les élections régionales offrent au mécontentement un débouché politique. "Mais après les régionales, s'ouvre une période de deux ans sans échéances électorales."
Le paysage syndical connaîtra alors le "big bang" de la loi sur la représentativité syndicale dans les trois fonctions publiques. Elle sera débattue fin mars à l'Assemblée nationale. Seules les fédérations obtenant plus de 8% sur l'ensemble des personnels de l'Education nationale pourront participer au Comité technique ministériel, donc débattre des réformes. Seules la FSU, l'UNSA et, vraisemblablement, le SGEN, devraient passer la barre, les autres étant cantonnés à des questions purement catégorielles. "Nous allons vers un paysage bipolaire", estime Christian Chevalier, qui constate le fossé qui sépare le SNES de l'UNSA ou du SGEN, qu'il s'agisse de la réforme du lycée ou de la formation des enseignants. A partir de 2013, les accords minoritaires ne s'appliqueront plus, ce qui imposera aux syndicats non-signataires d'assumer par exemple une non-augmentation des salaires. Ces fédérations siégeront au Conseil supérieur de l'ensemble des fonctions publiques. En revanche, et contrairement à ce qui avait été d'abord envisagé, elles ne participeront pas aux débats avec les confédérations du privé, et seront donc "absentes des grands problèmes sociétaux", qu'il s'agisse des retraites ou de la protection sociale.
Dès la rentrée s'appliquera la réforme de la formation des enseignants, dite "masterisation", qui amènera dans les classes des étudiants sans aucune formation, prédit le SE. Il ajoute que le pourcentage des candidats aux concours ("en M2") qui choisiront de faire un stage devrait être faible. Il serait actuellement de 25%. Par ailleurs, "le tiers-temps" consacré à la formation professionnelle durant la première année d'exercice devrait en fait se résumer, pour le second degré, à des heures de présence dans la classe d'un "collègue" avant la Toussaint , et l'espace réservé à la formation professionnelle proprement dite serait limité à une ou deux semaines. "C'est une arnaque", conclut Christian Chevalier.
Interrogé sur les moyens dont disposent les organisations enseignantes pour faire partager leurs inquiétudes à l'opinion publique, au-delà de l'émotion suscitée par des faits de violence ou par les non-remplacements, le secrétaire général cite la Laïcité: un appel pour l'Ecole publique et un débat sur "un projet de société" pour l'école publique qui a déjà recueilli 54 000 signatures, et reconnaît que les "désobéisseurs" ont eu "un vrai impact médiatique", même s'il continue de dénoncer les faiblesses et les risques des actions individuelles.