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Réforme du baccalauréat : vers une large fronde syndicale

Paru dans Scolaire, Orientation le mardi 13 mars 2018.

Le SNES avait décidé de boycotter, ce 13 mars, la "Commission spécialisée" préparatoire au CSE (Conseil supérieur de l'éducation) qui doit examiner les textes réorganisant le baccalauréat (voir ToutEduc ici). Selon les informations recueillies par le syndicat FSU du second degré, seul le SNPDEN (le syndicat UNSA des personnels de direction) serait d'accord avec ce qui est proposé, à quelques détails près. Le SGEN-CFDT serait préoccupé, le SE-UNSA inquiet, le "contrôle continu" pourrait devenir, estime-t-il, "un monstre ingérable". Le SNALC-FGAF, qui était favorable à l'évolution de l'examen, ne la retrouverait pas dans les projets de textes. SUD-Education dénoncerait une transmission trop tardive des textes aux organisations syndicales [vendredi 9 dans la soirée, ndlr]. La fédération FO de l'enseignement ne sait pas quels problèmes la réforme veut résoudre, et considère que tout a été décidé avant consultation. La FCPE serait "déçue", elle était favorable à une diminution du nombre des épreuves, mais considère que le dispositif prévu alourdit en réalité l'examen. Les lycéens du SGL dénoncent un lycée qui va rendre l'orientation via le choix des options irréversible, et recréer de fait les filières.

Le SNES a détaillé devant la presse ses griefs. C'est d'abord l'absence de concertation puisqu'il avait adressé au cabinet du ministre une série de questions qui n'ont jamais reçu de réponses. "C'est la méthode du Gouvernement, tout est décidé à l'avance. Sur ces textes, ni les organisations syndicales, ni les inspections générales, ni le Conseil supérieur des programmes n'ont reçu d'informations." Or les consultations permettent aussi d'éviter des erreurs matérielles. Selon l'organisation syndicale, le ministère a "oublié" la série "technique de la musique et de la danse", et il n'aurait pas vu qu'il créait des "parcours incohérents" pour les élèves, par exemple "sciences de l'ingénieur" sans enseignement des mathématiques... Quant aux enseignements artistiques et au grec, qui étaient souvent choisis en seconde option, ils risquent fort de disparaître.

Une réforme partielle et pourtant systémique

Et surtout, le SNES considère que cette réforme de l'examen conditionne "une réforme systémique" du lycée, qui "bouleverse" les rapports qu'ont les enseignants "à leur discipline, à leurs élèves, à l'évaluation". Sur ce dernier point, le syndicat compte que l'examen terminal est remplacé par "une trentaine d'épreuves certificatives" et il dénonce "une inflation de l'évaluation", mais aussi le fait que "toutes les notes compteront", d'une façon ou d'une autre, pour l'examen, et donc que "les évaluations formatives" vont, de facto, disparaître. Organisés vraisemblablement sur une semaine, les "contrôles continus" vont dicter aux enseignants leurs progressions. Autre point sensible, c'est le chef d'établissement qui déterminera la note globale obtenue au contrôle continu, au risque de voir se développer des politiques d'établissement, voire d'académie.

En ce qui concerne la discipline, le SNES dénonce notamment des combinaisons de disciplines dans les épreuves, par exemple une épreuve de "physique-chimie-maths" dont nul ne sait comment seront organisés, ni répartis entre les disciplines, les enseignements qui y prépareront. Dans l'enseignement technologique, on assiste à une réduction du nombre des spécialités, par fusion ou disparition, comme "architecture et construction". De plus, les enseignements de spécialités doivent pouvoir être choisis par les élèves entre la seconde et la première, puis entre la première et la terminale. Comment seront organisés leurs services, dans l'ignorance du nombre d'élèves qui opteront pour leur enseignement ?

Mais au-delà, ce choix des élèves sera-t-il vraiment libre ? Les spécialités choisies en première (donc au terme du processus d'orientation en seconde) vont déterminer les épreuves du "contrôle continu". S'il change de parcours, l'élève n'aura pas les notes correspondant aux "attendus" de ParcourSup. Donc les deux réformes, celle de l'orientation et celle du baccalauréat, vont rendre encore plus précoce et plus irréversible l'orientation.

 

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