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A quel prix et comment certains pays réussissent-ils le test PISA (4ème épisode: Vancouver)

Paru dans Scolaire le mardi 06 mars 2018.

Dernière escale du tour du monde qu'a fait Lucy Crehan à la recherche du secret des pays dont les jeunes réussissent le mieux le test PISA : Vancouver. C'est à l'évidence le système scolaire que privilégie cette enseignante anglaise, et le Canada, le pays où elle aimerait que ses enfants soient scolarisés.

Elle évoque pour commencer un mode de financement équitable. Les districts scolaires reçoivent de l'Etat une allocation proportionnelle au nombre d'élèves majorée en fonction des difficultés. Second point qu'elle met en exergue, l'accent mis sur la lecture (comme en Finlande) : l'enseignant passe beaucoup de temps avec un petit groupe d'élèves tandis que les autres sont en autonomie. De plus, les élèves en difficulté sont pris en charge en dehors de la classe (ce qu'elle décrit fait penser à nos RASED). L'auteure fait encore une large place à l'importance donnée à la motivation des élèves, et aux activités qui fondent leur sentiment d'appartenance : "les lycées proposent un nombre impressionnant d'activités extrascolaires : tennis, dessins animés, freesbee, Amnesty international, club de discussion, rugby, vous dites ce que vous voulez et vous l'avez, ou des élèves courageux vont le mettre en place." Résultat, on aime trop son école pour décrocher.

Un lycée unique

Les élèves ont également le choix des disciplines et peuvent suivre un atelier de mécanique ou un cours de littérature dans le même établissement. Et ils ont beaucoup de temps devant eux avant de s'orienter. Mais le respect de leur singularité ne va-t-il pas trop loin ? Lucy Crehan n'accorde aucun crédit à la théorie des profils d'apprentissage qui voudraient que certains soient plus visuels, ou davantage auditifs, ou kinesthésiques et elle s'inquiète de l'avenir de cet élève dont l'enseignant accepte que la paresse soit dans sa nature...

Les enseignants, avec les curriculums et les banques de sujets d'examen disposent de repères pour définir ce qui est attendu de leurs élèves, et ceux-ci sont évalués au regard des attendus, et non pas par comparaison avec leurs camarades comme à Singapour, où ils sont orientés à l'entrée au collège en fonction de leur classement. L'idée sous jacente est qu'un enfant réussit quand il est prêt, et non pas que l'intelligence est déterminée dès le départ, (ou, comme au Japon, que tout le monde démarre avec les mêmes moyens, que le travail fait la différence). Les Canadiens misent également sur l'autonomie, mais aussi sur l'exigence, ne pas se mettre au niveau des élèves, mais leur demander plus, car "la marée fait monter tous les bateaux", à condition d'apporter une aide à ceux qui en ont besoin.

L'insertion professionnelle, une des finalités

De plus, l'insertion professionnelle n'est que l'une des finalités de l'enseignement, avec le développement intellectuel, moral et personnel. Le "leadership" s'enseigne et s'évalue, de même que les autres compétences non académiques. Esprit critique et résolution de problèmes sont deux compétences particulièrement travaillées, et les élèves sont encouragés à trouver leurs solutions, même si ce ne sont pas nécessairement les meilleures. Cela n'exclut pas les apprentissages de base, mais, estime Lucy Crehan, c'est au Canada que la recherche de l'équilibre est la plus aboutie.

Elle tire de ce tour du monde quelques enseignements : l'importance de l'enseignement pré-scolaire, laisser aux élèves le temps de souffler entre deux cours, privilégier la qualité et un travail en profondeur plutôt que la quantité et l'encyclopédisme, organiser des progressions pédagogiques conformes aux acquis de la science, préserver un enseignement commun à tous les élèves juqu'à 15 ou 16 ans, apporter de l'aide en petits groupes avec des personnels très qualifiés, prévoir pour les jeunes enseignants une entrée progressive dans le métier, et les encourager à travailler en équipe... et toujours se souvenir que si les cultures nationales jouent un rôle dans l'organisation des systèmes scolaires, les systèmes scolaires peuvent faire évoluer les cultures...

Pour la Finlande et le Japon, voir ToutEduc ici, pour Singapour ici, pour Shanghaï ici

"Clever Lands", Lycy Crehand, Unbound, 2016 (2018 pour l'édition de poche), non traduit en français.

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