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Les manuels, les enseignants, les médecins scolaires, les rythmes, les AESH, devoirs faits, le numérique : J-M Blanquer au Sénat

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le jeudi 09 novembre 2017.

"Il n'est pas logique que le ministère de l'Éducation nationale finance les manuels scolaires des collèges alors que pour les autres niveaux, écoles et lycées, cela relève des communes et des Régions. D'un point de vue cartésien, rien ne justifie cette exception." Jean-Michel Blanquer a clairement posé, ce mercredi 8 novembre au sénat, où il était auditionné sur le PLF 2018 par la commission des finances, la question du financement des manuels scolaires qui, pour le collège, incombe toujours à l'État alors que les autres niveaux, premier degré et lycées, sont souvent pris en charge par les collectivités même si cela n'est pas obligatoire. Si le ministre a infirmé une éventuelle "insuffisance" du budget 2018 consacré à ces derniers (16 millions d'euros contre 210 millions d'euros les deux années précédentes, financement qui relevait d'un "accompagnement normal avec les changements des programmes", justifie le ministre), il a surtout insisté sur la nécessité de conduire "une réflexion structurelle" autour des manuels scolaires. Une réflexion qui relève donc plutôt du "qualitatif", qualitatif qu'il dit être caractéristique de sa politique en opposition à la politique "quantitative" menée lors du précédent mandat.

Pour Jean-Michel Blanquer, en effet, il est nécessaire "d'avoir une vision plus complète" et d'engager "une discussion avec tous les acteurs, éditeurs, collectivités, État mais aussi corps professoral" pour aller vers un "consensus". Ce "manuel du 21e siècle" ne doit pas être "tout numérique", estime-t-il, "particulièrement au primaire". D'ailleurs, à ce niveau où actuellement 60 % des élèves disposent d'un manuel papier, l'objectif est de passer à 100 % même si ces manuels peuvent évoluer "pour être plus minces", suggère-t-il. Il faut ainsi travailler dans le sens d'une "complémentarité plus forte" entre le manuel "fournissant l'ossature", et le numérique "fournissant la chair", poursuit-il. Une évolution qui permettrait de tendre vers un moindre coût, un moindre poids des cartables et vers un usage "plus pertinent" du papier, tout en soutenant la filière de l'édition scolaire.

Des mesures pour renforcer l'attractivité du métier d'enseignant

Autre priorité évoquée, le recrutement des personnels. "J'aimerais que l'on puisse sortir du débat suppression / création de postes", a déclaré Jean-Michel Blanquer. "Ce mouvement de balancier doit s'arrêter. Si nous nous épargnons ce débat, nous pourrons avancer sur le qualitatif." En effet, pour le ministre qui estime que "les ratios sont corrects" et fait référence au récent rapport de la Cour des Comptes (lire ici), "au-delà des enjeux salariaux" il faut d'abord travailler à "améliorer la gestion des ressources humaines" (organisation des mutations, du temps de travail...), pour laquelle "des discussions avec l'ensemble de partenaires" vont être engagées.

Le ministre plaide aussi pour une plus grande responsabilisation de chacun et la construction d'un esprit d'équipe à l'échelle d'un établissement, ce qui va de pair, estime-t-il, avec une plus grande autonomie de ce dernier. Jean-Michel Blanquer estime aussi qu'il y a "des choses à reconsidérer" concernant les différences de charges horaires entre enseignants des premier et second degrés. Ainsi, la différence entre agrégé (15h) et certifié (18h) est peut-être "beaucoup moins justifiée au collège", avance-t-il.

Travailler avec des médecins non scolaires pour faire passer à tous les 6 ans la visite médicale

Cette gestion des ressources humaines doit également être accompagnée d'une "stratégie de pré-recrutement" pour renforcer l'attractivité du métier : cela peut passer par un dispositif de recrutement d'assistants d'éducation ou de bourses à l'université, voire dès le lycée "pour attirer des jeunes vers ce métier", précise encore le ministre.

Enfin, face au problème de la médecine scolaire, dont les postes ont subi un déficit de 20 % entre 2008 et 2016 selon le sénateur LR Antoine Lefèvre, et ce alors que 6 % des enfants souffrent de troubles de l'apprentissage, le ministre a présenté deux axes de travail, sachant, précise-t-il, qu'il ne s'agit pas d'un problème de moyens mais "d'attractivité" : faire contribuer des médecins non scolaires afin, dans un premier temps, de "réussir" la visite médicale de tous les 6 ans, "ce qui n'est pas le cas aujourd'hui" et, pour augmenter l'attractivité, proposer notamment la filière médecine scolaire au moment du concours de l'internat.

Emplois aidés : priorité à l'accompagnement des élèves handicapés

Concernant le périscolaire, "deuxième terrain très important", le ministre a annoncé un "plan pour le mercredi" de façon à concevoir le temps périscolaire de manière pertinente. Là aussi, estime-t-il, "il faut sortir du débat semaine de 4 jours/semaine de 4 jours et demi. Nous avons voulu que chacun choisisse ce qui lui convient le mieux." Aujourd'hui, le véritable enjeu, selon le ministre, est de faire évoluer le périscolaire "dans le sens de la qualité" et en travaillant sur la cohérence entre les temps (scolaire – périscolaire). Le ministre a confirmé que le fonds de soutien n'était pas supprimé. Un travail mené actuellement avec la CNAF, indique-t-il, devrait permettre de maintenir "une aide au moins équivalente" mais aussi de simplifier les démarches administratives pour les obtenir.

L'accompagnement des élèves en situation de handicap a été également rappelé comme une priorité de son ministère. Les emplois aidés seront prioritairement affectés à celui-ci. Néanmoins, la plus grosse difficulté, indique Jean-Michel Blanquer, est de faire face à "l'inflation" des demandes (15 % de demandes supplémentaires venues des Maisons départementales des personnes handicapées) alors que l'accompagnement concerne potentiellement 300 000 élèves scolarisés. Aujourd'hui, le ministre confirme l'existence de 80 000 "supports" dont 30 000 AESH (Accompagnants des élèves en situation de handicap). Pour 2018, il annonce le recrutement de 4500 AESH supplémentaires en plus des "transformations" programmées de postes d'AVS (auxiliaires de vie scolaire).

Pas de crédits de paiement pour les équipements numériques dans le PIA

Enfin, parmi les précisions notables faites à la commission des finances concernant sa politique, soulignons celle de vouloir étendre au primaire, dès la rentrée 2018, le dispositif "Devoirs faits" qu'il vient de lancer au collège (lire ici). 7000 services civiques sont actuellement fléchés pour le dispositif et le ministère vise 10 000 services civiques pour ce faire. Selon Jean-Michel Blanquer, 25 % des élèves vont demander à en bénéficier dans les semaines qui viennent.

Le ministre souhaite également relancer la politique des internats, notamment en zones rurales pour travailler sur "l'attractivité" des établissements. Enfin, il a confirmé l'absence de crédits de paiement affectés au plan numérique dans le PIA (Programme d'investissements d'avenir), alors que l'enveloppe en autorisations de programme s'élève à 500 millions d'euros. Celui-ci a indiqué qu'il ne financerait plus d'équipements, même si "les engagements en matière de tablettes ser[aient] honorés". "Nous entrons dans une nouvelle phase", a-t-il précisé. "Nous insisterons plus sur la formation des professeurs. Ce sera une étape plus qualitative après une étape d'équipements."

Camille Pons

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