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Numérique, écoles et collèges en milieu rural, communautés éducatives : les annonces de N. Vallaud-Belkacem

Paru dans Scolaire le mercredi 19 novembre 2014.

"L'Ecole va mieux qu'on ne le dit, les enseignants n'attendent pas une circulaire pour innover, les collectivités veulent prendre leur part, c'est très rassurant", déclare Najat Vallaud-Belkacem, lundi 17 novembre, après avoir inauguré le collège Marguerite Duras à Montélimar (Drôme) et la Cité scolaire de Saint-Cirgues-en-Montagne (Ardèche). La ministre de l'Education nationale n'ignore pas, elle l'ajoute aussitôt, que l'Ecole va aussi parfois "plus mal qu'on ne le dit" et elle fait le constat d'une école "à double vitesse", mais elle préfère s'enthousiasmer pour "ce que les équipes ont réussi à développer" et qui préfigure "toutes les réformes qu'on est en train de préparer"... Dans ces deux établissements, la présence des élus qui en ont permis la construction, l'a d'ailleurs amenée à souligner qu' "une communauté éducative se fait avec plusieurs acteurs", et de citer les enseignants et les personnels non enseignants, les parents, les collectivités qui doivent faire preuve de "volontarisme politique", les entreprises, les associations et tous ceux qui contribuent à amener les enfants à être plus tard "des adultes capables de s'insérer dans le monde professionnel" et à accéder à la citoyenneté. Elle appelle ainsi la collectivité que constitue un collège à "ouvrir le plus largement possible les portes et les fenêtres". Autres leitmotive de la journée, le rôle du numérique, l'importance du climat scolaire, une Ecole qui ne se contente pas de "constater les réussites" mais qui "les fabrique"...

(photo : N. Vallaud-Belkacem répond aux questions des collégiens de Saint-Cirgues-en-montagne)

Numérique. Le collège Marguerite Duras, qui remplace un ancien collège de centre ville, celui "des Alexis", est à la fois aux normes HQE (haute qualité environnementale) et connecté. Mais la wi-fi n'est branchée que lorsque nécessaire. La ministre assiste d'abord à un cours de maths utilisant un tableau blanc interactif, interroge les élèves qui n'ont pas encore reçu les tablettes promises, et l'enseignant pour qui le simple fait d'utiliser un projecteur amène les élèves à davantage d'attention, mais qui insiste sur le fait que l'informatique ne dispense pas de faire les efforts requis pour les apprentissages.

Pour Najat Vallaud-Belkacem, il est normal "dans la vraie vie" que "tout ne soit pas parfait tout de suite" et que, par exemple, les tablettes ne soient pas encore là, vu les délais imposés pour les marchés publics. Mais pour elle, il faut d'abord que les enseignants soient formés, qu'ils voient ainsi comment enrichir leur enseignement. Deuxième condition du passage au numérique, l'existence de ressources dans lesquelles ils puissent puiser. "Ca se crée et ça se rassemble." Viennent ensuite les équipements, le raccordement au très haut débit des établissements et le matériel dont disposent les élèves pour "mieux apprendre", se préparer au nouveau monde, et être des "citoyens numériquement éclairés".

Toutefois, interrogée par ToutEduc, la ministre ne se déclare pas favorable "pour l'instant", au développement d'une discipline spécifique, avec un horaire dédié et pour les enseignants, un CAPES et une agrégation. "Il n'en est pas moins prévu que les élèves acquièrent bientôt de nouvelles compétences et connaissances sur les langages informatiques dans le cadre de la scolarité obligatoire. Quant au lycée, serait-il juste de réserver ces compétences à une seule filière ?" demande la ministre, tout en rappelant qu'une consultation des acteurs est prévue au début de l'année prochaine.

(photo : enfants de maternelle comptant sur leurs doigts et travaillant avec tablettes à Saint-Cirgues-en-montagne)

Rural. La cité scolaire de Saint-Cirgues-en-montagne est "une première en France", souligne le maire de ce village de 250 habitants environ, situé à 1 100 m d'altitude, et le président du Conseil général de l'Ardèche. Bâtiment à énergie positive, il rassemble une école primaire (maternelle et élémentaire) à deux classes pour 45 élèves, un collège qui compte 88 élèves, et un internat qui en compte une dizaine. Le bâtiment abrite aussi la bibliothèque municipale et une salle municipale polyvalente. Cette proximité permet, explique l'équipe enseignante, de "tendre vers une harmonisation des pratiques et des exigences", même si manquent des temps de concertation collectifs.

Pour la ministre, "cette organisation permet une réelle continuité du parcours et des apprentissages des élèves de l'école au collège, les prépare bien à l'acquisition du socle commun". Elle souligne, avec les élus, l'importance de ces petits établissements ruraux. Dans l'avion du retour, elle évoque l'intérêt pour les départements ruraux comme l'Ardèche de pouvoir construire "dans la durée" la carte scolaire, à l'instar de ce qui s'est fait dans le Cantal et de qui se fait actuellement dans l'Allier et le Gers. "Dans ces départements, l'Education nationale accompagne l'action des élus locaux au moyen d'une compensation partielle ou totale des effets de la baisse démographique quand ils réorganisent le réseau des écoles par la création de RPI (regroupements pédagogiques intercommunaux) ou la concentration de RPI dispersés.

Education prioritaire. La ministre connaît les inquiétudes de certains collèges et écoles face à la réforme de la carte de l'éducation prioritaire. La réforme de l'allocation progressive des moyens dont elle doit annoncer prochainement les modalités permettra de lisser les effets de seuil, d'éviter une alternative binaire, être ou ne pas être en REP. "Il faut prendre en compte les difficultés réelles et on ne laissera pas tomber les sortants. Ils bénéficieront de moyens proportionnés à leurs difficultés sociales." Le nombre des réseaux correspondra à la rentrée 2015, exactement au nombre actuel des collèges ECLAIR et RRS, et elle précise qu'à ce budget maintenu s'ajoutent pour les 1082 futurs réseaux REP, 350 millions dont 100 pour les indemnités perçues par les personnels. Elle rappelle que les enseignants des établissements sortants conserveront le bénéfice de ces primes pendant trois ans, et elle compte bien se rendre prochainement dans un de ces collèges.

Elle espère par ailleurs pouvoir un jour se rendre de manière informelle, sans le cortège habituel des officiels, dans un collège REP, en immersion, pour s'installer au fond d'une classe, suivre une journée entière, prendre la mesure de la vie quotidienne dans ces établissements.

(photo : N. Vallaud-Belkacem répond aux questions des collégiens de Saint-Cirgues-en-montagne)

Climat scolaire. Najat Vallaud-Belkacem se déclare à plusieurs reprises, dans les deux établissements, très sensible à la qualité du climat scolaire, peut-être d'ailleurs en partie due aux matériaux de construction qui absorbent les bruits. Elle assiste à un atelier avec jeu de rôles des élèves du collège Marguerite Duras qui ont été formés à la médiation des conflits de leurs pairs. "Avant, je faisais beaucoup de conflits", explique l'un d'eux qui s'est porté volontaire pour évoluer et ne pas s'enfermer dans un personnage. La ministre évoque l'importance de "l'intelligence relationnelle".

(photo : N. Vallaud-Belkacem avec l'équipe médiation du collège M.Duras)

Entreprise. Elle est également intéressée par la "mini-entreprise" de ce même collège, avec sa jeune "PDG", très à l'aise, qui explique comment ils ont choisi de fabriquer des supports pour les ordinateurs portables. Pour la ministre, l'éducation "ne se limite pas au lire-écrire-compter", et elle demande aux collégiens combien d'entre eux pensent un jour créer leur propre entreprise. Quatre mains se lèvent, timidement pour certaines...

Décrochage. "Beaucoup de choses se jouent au collège." Le plan de lutte contre le décrochage qui sera annoncé vendredi 21 novembre comprendra donc un volet "détection précoce", ce qui suppose "davantage d'individualisation" et des "équipes pédagogiques soudées". Le plan s'inspirera de ce qui se fait notamment au Canada et portera aussi sur les exclusions temporaires, pour éviter que les élèves se retrouvent sans rien faire. "A Lyon, une initiative de la collectivité a permis leur prise en charge et les résultats sont assez formidables." La ministre souligne la nécessité d'un travail "de la communauté éducative, avec des enseignants formés, des familles mobilisées, des entreprises qui accueillent les élèves (en difficulté)". Elle souligne de plus l'importance de l'interministériel. Le plan sera annoncé par le Premier ministre, et avec le ministre du Travail.

Evaluation et socle. Les nouveaux programmes devront être à la fois "exigeants et accessibles à tous". L'évaluation doit "encourager les élèves plutôt que les classer, les trier, les sélectionner". La réunion d'une conférence de consensus sur le sujet est une "démarche inédite", 1 200 personnes ont répondu à l'appel à candidatures, et les 30 qui ont été retenues se retrouvent plusieurs samedis après-midi pour travailler. "Ils m'impressionnent."

Egalité filles-garçons. La mise en oeuvre du plan qui prolonge les ABCD de l'éducation sera annoncée "la semaine prochaine", et portera sur la formation des enseignants et les pratiques pédagogiques, sur la production de ressources et sur l'information des parents.

Elle souligne que personne n'a relevé l'amélioration de la situation de la France, passée en un ans de la 45ème à la 16ème place du classement des nations par le Forum économique mondial en matière d'égalité des hommes et des femmes, et l'ancienne ministre des Droits des femmes espère ne pas y être pour rien.

Mails, rêves et médias. Via son site, beaucoup d'internautes ont compris qu'ils pouvaient lui adresser des mails sur son adresse personnelle. Elle les lit "tous", "ça m'alimente", explique-t-elle.

A un élève qui l'interroge sur ses rêves et ses ambitions politiques, voire présidentielles, dans le cadre d'une émission de la "radio associative en milieu scolaire d'Aubenas et sa région", elle se garde bien de répondre, mais l'invite à "toujours rêver en grand", comme le préconisait Oscar Wilde. Et elle ajoute que "la meilleure façon d'apprendre à utiliser les médias", c'est de le faire effectivement, comme le font ses jeunes interviewers.

Les propos de Najat Vallaud-Belkacem ont été relus par son cabinet et par elle-même.

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