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Laurent Escure (UNSA-éducation) "Nous avons demandé à Jean-Michel Blanquer de ne pas tout chambouler" (interview)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le jeudi 25 mai 2017.

L'UNSA-Education a été reçue en audience par Jean-Michel Blanquer. Elle a pu faire valoir son point de vue, mais également mieux cerner les intentions du nouveau ministre de l'Education nationale. Nous avons interrogé son secrétaire général.

ToutEduc : Vous connaissiez déjà bien Jean-Michel Blanquer, qui a été recteur et directeur de l'enseignement scolaire. Le fait d'être ministre change-t-il l'homme ?

Laurent Escure : Non, mais qu'on le ramène à ce qu'il a été, avec la politique des années Chatel-Sarkozy, le heurte. Comme les élèves et comme les organisations syndicales, le ministre a droit à l'oubli (sourire). Pour le reste, c'est un homme qui sait écouter et qui est très soucieux de la qualité du dialogue, et de l’honnêteté intellectuelle.

ToutEduc : Pourquoi vouliez-vous le voir ?

Laurent Escure : Nous voulions lui présenter l'évolution des rapports de force depuis 2012, marquée par un affaissement de la FSU, la progression de l'UNSA et la solidité du bloc progressiste qui a été maintenue. Nous espérons travailler avec lui avec le souci constant de protéger l'Ecole de l'hystérisation des débats et des faux procès. Nous aurons des désaccords et des conflits, mais essayons de le faire bien... et s'il doit y avoir confrontation, que ce soit avec utilité, lui avons-nous dit. Il faut absolument éviter le cycle déclaration - contre déclaration qui pollue le débat.

ToutEduc : Jean-Michel Blanquer dit volontiers qu'il fondera son action sur l'évaluation scientifique des dispositifs en place, comme le "plus de maîtres que de classe". Mais qui choisit l'évaluateur choisit l'évaluation...

Laurent Escure : Vous avez raison. C'est pourquoi nous demandons à être consultés, de façon que les instruments de mesure qui seront mis en place soient un bien commun, que ce soit des outils reconnus et respectés.

ToutEduc : A-t-il accepté ?

Laurent Escure : Il a semblé plutôt d'accord.

ToutEduc : La loi "de refondation" et l'action de la mandature précédente a porté sur la maternelle et l'enseignement obligatoire. Avez-vous le sentiment qu'il veuille revenir en profondeur sur ce qui a été fait ?

Laurent Escure : Nous lui avons demandé de ne pas tout chambouler. Il nous a confirmé qu'il n'avait pas l'intention de toucher aux programmes, et il devrait d'ailleurs à ce sujet prendre prochainement contact avec Michel Lussault [le président du Conseil supérieur des programmes, ndlr]. Pour ce qui est du collège, il y aura des inflexions, des encouragements à développer de "bonnes pratiques", mais pas de remise en cause brutale des équilibres qui ont été trouvés sur le terrain, ni de l'enseignement de la seconde langue à partir de la 5ème. Sur les rythmes scolaires, son équipe travaille à un texte qui devrait permettre que, de manière très marginale pour la rentrée, là où un accord existe, puissent être lancées des formules alternatives…

ToutEduc : ... du type de celles proposées par Claire Leconte (voir ToutEduc ici) ?

Laurent Escure : Par exemple. Mais pour l'essentiel, rien ne devrait bouger avant 2018. Nous avons beaucoup insisté pour que les concertations impliquent aussi les enseignants et les conseils d'école ainsi que les parents et les associations. Il ne faudrait surtout pas que soient sacrifiés les PEDT (projets éducatifs de territoires, ndlr) qui mettent en cohérence les temps de l'enfant. Le fait que la Jeunesse et la Vie associative soient rattachés à l'Education nationale devrait d'ailleurs y aider.

ToutEduc : Les décrets d'attribution ont effectivement été publiés ce matin (voir ToutEduc ici). C'est pour vous une bonne nouvelle ?

Laurent Escure : Oui. Notre syndicat de l'éducation populaire, le SEP, se battait depuis longtemps pour ne plus dépendre, en termes de gestion administrative, du pôle des ministères sociaux, mais de l'Education nationale. Nous avons encore à résoudre la question des "professeurs de sports" qui sont restés au ministère du Sport. Au-delà, nous avons demandé au ministre qu’il ouvre le dossier, pour tous les personnels, de la gestion des ressources humaines. Il a donné son accord.

ToutEduc : Et sur les dédoublements ?

Laurent Escure : Il est tenu par une promesse présidentielle. Il vise 2 200 à 2300 dédoublements à la rentrée, mais en maintenant le "Plus de maîtes que de classe" là où ça existe et où ça marche bien, et avec des co-interventions quand les locaux ne pemettent pas d'avoir deux classes séparées. Il va donc laisser les dispositifs évoluer en parallèle et évaluer les deux....

ToutEduc : Pour cette rentrée, les postes créés au budget 2017 suffiront pour mettre en place l'un ou l'autre des dispositifs dans les CP des écoles "REP+". Mais par la suite, pour généraliser à tous les CP et tous les CE1, il faudra des redéploiements.

Laurent Escure : Effectivement. Nous verrons alors si ce gouvernement est capable de trouver des marges de manœuvre. Va-t-il les trouver en rééquilibrant les coûts par élève en fonction du niveau d’enseignement ? Les marges sont là.... Cela dit, il a confirmé la création sur la mandature de 5 000 postes. Nous sommes très soulagés de voir que l’Education nationale ne devrait pas être concernée par la réduction annoncée du nombre des fonctionnaires et sera donc protégée.

ToutEduc : Jean-Michel Blanquer vous a-t-il confirmé qu'il voulait ouvrir le chantier de la réforme du lycée dans la perspective du "bac - 3 / bac + 3" ?

Laurent Escure : Oui, et nous lui avons dit que c’était le prochain gros chantier à mener. Nous ne serons pas nécessairement d’accord sur tout, mais que l'on pourrait discuter. Il a également parlé d’une "revalorisation" de la voie professionnelle.

ToutEduc : A-t-il d'autres chantiers en vue ?

Laurent Escure : Oui, sur l'organisation territoriale de l'administration de l'Education nationale [en 2012, juste avant la fin de la mandature, Luc Chatel et Jean-Michel Blanquer avaient déjà profondément modifié les rapports entre les recteurs et les inspecteurs d'académie, voir ToutEduc ici, ndlr]. Mais là encore, il entend agir avec prudence, et faire appel à la raison plutôt qu'aux passions.

ToutEduc : Avez-vous davantage d'informations sur son entourage ?

Laurent Escure : Le ministre nous a présenté Isabelle Bourhis comme sa conseillère sociale. Nous la connaissons bien, avant d'être inspectrice générale, elle était proviseure du lycée Montaigne et secrétaire générale adjointe du SNPDEN [le syndicat UNSA des personnels de direction].

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