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Le festival européen du film d'éducation pour toucher un public jeune sinon inaccessible

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture le dimanche 04 décembre 2016.

"Où capter la jeunesse ? L'âge moyen des téléspectateurs pour les documentaires est de 60 ans. Pour toucher un public jeune, nous n'avons qu'internet, sans modèle économique et très aléatoire, et les réseaux de l'éducation." Victor Ede est le producteur de "Congo Paradiso", un moyen métrage présenté au festival du film d'Evreux. ToutEduc lui a demandé pourquoi il avait tenu à y présenter cette oeuvre très surprenante. Le réalisateur Benjamin Géminel a suivi pendant plusieurs années le travail avec les enfants soldats du Congo d'une femme de théâtre belge et le concept un peu abstrait de catharsis prend tout son sens. Ces garçons et ces filles, souvent très jeunes, qui ont été enrôlés, qui ont tué, qui ont été violées, parviennent dans un mouvement collectif et avec une énergie folle à dire et à gérer leurs traumatismes. Le film n'a pourtant pratiquement aucune chance d'être diffusé par la télévision, ni dans aucun circuit commercial. "Nous devons donc travailler avec des réseaux non commerciaux, pour donner une vie à cette oeuvre, pour toucher autrement le public auquel il est prioritairement destiné."

Fanny Pernoud et Oliver Bonnet se posent les mêmes questions pour "Les vies dansent", là encore un moyen métrage documentaire réalisé avec les moyens du bord. Ils ont suivi pendant six ans une jeune fille née sans jambe, une jeune danseuse qui en a perdu une à 18 ans, et une jeune femme qui en a perdu deux à 30 ans, la première va au collège très normalement, la seconde a repris la danse, la troisième a eu un nouvel enfant, et un nouvel amour. "Nous espérons le vendre à une télévision, et un prix à Evreux nous y aiderait beaucoup, avec les prolongements du festival en régions, et la possibilité d'une diffusion dans les réseaux de l'éducation populaire, il serait vu."

Des films et des conférences

La 12ème édition du festival du film d'Evreux s'est achèvé hier, 3 décembre, avec la projection de "Tout en haut du monde", prix Jean Renoir des lycéens, un long métrage d'animation. Il a été ouvert le 29 avec, en avant première, "Baccalauréat" de Christian Mungiu, et marqué par "Diamond island", une fiction franco-cambodgienne, "A family affair", un film belgo-danois, "Swagger", un documentaire français, mais aussi par "une carte blanche à la Pologne" qui a rendu hommage à Wajda avec la projection du film qu'il a consacré à Korczak. La dimension européenne du festival, soutenu par Erasmus +, était donc très nette, d'autant qu'a été organisée une "conférence débat" sur "l'Education et l'Europe". Une autre conférence, organisée avec la Mildeca (mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives) portait sur les conduites addictives juvéniles. "Nous avons aussi amplifié la dimension 'jeune public' avec 29 films parmi les 71 de la sélection", ajoute Christian Gautellier, le directeur du festival, "on a dû dédoubler les salles, au total, nous aurons accueillis quelque 2 000 écoliers et collégiens. Nos autres publics sont des lycéens qui ne se contentent pas de voir des films, ils les commentent, mais aussi de futurs enseignants de l'Espé de Rouen, de futurs éducateurs ou animateurs et aussi des gens de la région, qui prennent quelques jours de congé pour suivre le festival. C'est peut-être ce mélange qui justifie le soutien de la Cnaf."

Parmi les lycéens, une petite dizaine vient des sections professionnelle d'Eu. Ils sont en seconde ou en CAP, avec leurs camarades de la section "cinéma" du lycée Senghor, ils animent le blog du festival, réalisent des interviews et parlent des films qu'ils aiment. Ils ont été émus par ces trois portraits de femmes handicapées qui "donnent une joie extraordinaire" et qui "ne s'apitoient pas sur leur sort", ils ont aimé le film sur le Congo, parce que "c'est bien construit", "cohérent", mais ils ont été très gênés par les propos très crus de "vers la tendresse", où de jeunes hommes parlent de leurs relations sexuelles avec des femmes (ou des hommes) qu'ils sont incapables d'aimer.

Le prix du Jury Jeune a été décerné à Alike (un film espagnol réalisé par Rafa Cano Méndez et Daniel Martinez Lara), le prix du long métrage attribué par le Jury des régions est allé à Diamond Island (Davy Chou, Allemagne, France, Cambodge) et le grand prix à Pas comme des loups (Vincent Pouplard). Deux mentions spéciales ont été attribuées à A propos de maman (Dina Velikovskaya, Russie) et à Vers la tendresse (Alice Diop, France)

 Le festival est organisé par les Ceméa, en partenariat avec Canopé (il a été créé par le CDDP de l'Eure), l'ENPJJ, la Ville d'Evreux, le département et la Région... Après son édition nationale, il est décliné en Régions, notamment avec la diffusion des films primés (voir notamment ToutEduc ici, ici, ici, ici)

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